L'Oise Agricole 16 novembre 2017 a 09h00 | Par Agence de presse

Bovins vifs : la France exporte toujours aussi bien

En élevage allaitant, la France devient de plus en plus un pays «naisseur». L’activité d’engraissement régresse aux dépens de l’exportation de broutard(e)s sur les pays tiers.

Abonnez-vous Reagir Imprimer
000La Turquie, Israël, la Libye et la Jordanie ont fortement augmenté leurs importations de bovins vifs en dix ans. Mais ces marchés restent très fluctuants (décisions politiques, maladies, etc.).
000La Turquie, Israël, la Libye et la Jordanie ont fortement augmenté leurs importations de bovins vifs en dix ans. Mais ces marchés restent très fluctuants (décisions politiques, maladies, etc.). - © Idèle

«Le cheptel allaitant français est positionné sur l’export de bovins vifs», relève Philippe Chotteau, chef du département économie de l’Institut de l’élevage (Idele). L’export de broutards avait permis depuis plusieurs années de tenir un peu les prix du marché français, surtout depuis le développement des achats des pays du pourtour méditerranéen. L’Italie reste toujours aussi friande des broutards français, précise Philippe Chotteau. De quoi rassurer les craintes d’un ralentissement des achats de la part des professionnels.

Il note cependant une part accrue des exportations d’animaux femelles, avec même un doublement des exports dans le cadre des bovins maigres de plus de 300 kg. «Tous les départements français exportent des broutards, note encore Philippe Chotteau. Même les Pays de la Loire sont devenus vendeurs nets de broutards alors qu’ils ont été longtemps acheteurs nets en vue d’engraisser les animaux.» Seules l’Alsace et la Normandie restent encore des régions d’engraissement, avec des achats importants de broutards.

L’engraissement est en perte de vitesse

Cette activité d’engraissement perd d’ailleurs de plus en plus de vitesse en France, même si, comme le fait remarquer Philippe Dimon, chef de projet à l’Idele, le même jour, un éleveur naisseur-en-graisseur tire mieux son épingle du jeu sur le plan économique. Le Smic par unité de main-d’œuvre est 29 % plus élevé en système naisseur-engraisseur qu’en système naisseur en 2015. L’engraissement s’effectue alors dans d’autres pays européens comme traditionnellement l’Italie, mais aussi l’Espagne. «En Espagne, on vendra mieux un jeune bovin s’il a été étiqueté FR [France, ndlr] à l’origine», relève Emmanuel Bernard, président de la commission bovin viande de l’Idele.

Les professionnels s’inquiètent d’ailleurs de cette Espagne qui achète des broutards français, les engraisse et les revend... vers les pays du nord de l’Afrique. Pourquoi la France ne pourrait-elle pas valoriser ses propres animaux ? Un débat que le centre d’engraissement de Saint-Martial-le-Vieux (Creuse) attise. Les broutards français plaisent à l’export, notamment grâce à leur capacité à prendre du poids rapidement. «Leur GMQ (gain moyen quotidien) est notre principal argument de vente», relève Philippe Chotteau.

Bien-être animal ?

A observer les flux de bovins vifs à travers l’Europe, dont la France semble être l’une des sources intarissables, la question du bien-être animal dans les transports refait surface. Il serait dommage qu’à l’image des abattoirs, une as-sociation déstabilise ce marché export de l’élevage allaitant alors que, pour l’heure, il en est la clef de voûte. La question du bien-être dans les transports est d’ailleurs l’un des thèmes de bataille de CIWF France, apparue cette année. L’as-sociation dénonce, dans une vidéo sur Internet, l’exportation de deux millions d’animaux pour la France sur les 37 millions transportés en Europe.

Emmanuel Bernard reste confiant face à la problématique, rappelant que l’Europe a l’une des réglementations les plus strictes au monde sur le sujet. «Ce sont les animaux les plus suivis aujourd’hui. Les taux de pertes sont même sûrement plus faibles que dans nos élevages», observe-t-il. De son côté, Luc Mirabito, chef de projet Bien-être animal à l’Idele, est beaucoup plus sceptique. «Il reste des questions orphelines», souligne-t-il, comme la présence d’un représentant bien-être animal sur les navires bétaillères, la gestion des traitements médicamenteux pendant les transports, etc. Et de préciser que «le renforcement de la mise en œuvre de la réglementation est la priorité des priorités» à Bruxelles.

2017 : hausse de 3 % des exportations de broutards

«En août 2017, avec plus de 89 000 têtes, les exportations dépassent de 10 % le niveau de 2016», souligne Agreste. La hausse concerne essentiellement les broutards légers, dont les ventes progressent fortement (+ 20 000 têtes, soit + 13 %), atteignant ainsi près de 173 000 têtes. De leur côté, les exportations de broutards lourds se maintiennent (74 % des exportations de broutards). Le recul de 5,5 % des ventes de bovins mâles (soit - 20 800 têtes) est compensé par une progression de 15 % des ventes de génisses (+ 20 900 têtes), selon Agreste.

Réagissez à cet article

Attention, vous devez être connecté en tant que
membre du site pour saisir un commentaire.

Connectez-vous Créez un compte ou

Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Oise Agricole se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,