L'Oise Agricole 13 janvier 2022 a 09h00 | Par Vincent Fermon

Des hausses de prix accordées pour retenir les producteurs

Le Groupementd’agriculteurs producteurs de pommes de terre pour l’industrie (Gappi) et McCain annoncent une revalorisation moyenne de 20 % des prix de contrat.

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En 2022, McCain devrait pouvoir compter sur la production d’environ 17 000 ha, avec une progression de 1 415 ha.
En 2022, McCain devrait pouvoir compter sur la production d’environ 17 000 ha, avec une progression de 1 415 ha. - © McCain

Pour fidéliser les agriculteurs et éviter la concurrence avec d’autres productions, McCain a finalement concédé des hausses de prix pour les contrats 2022. Cette annonce, c’est le président du Gappi, le groupement des producteurs livrant les usines McCain, Bertrand Achte, qui l’a faite lors de son assemblée générale, le 11 janvier. En moyenne, les prix de contrats 2022-2023 devraient ainsi être revalorisés de 27,11 E/t, toutes variétés et dates de livraison confondues. Un chiffre que le groupement estime «cohérent» avec la hausse des charges qu’il relève auprès de ses adhérents. Symbole d’une volonté de sécuriser son approvisionnement sur plusieurs années, McCain accorde également une revalorisation de 2 E pour les contrats pluriannuels sur la base du prix du contrat annuel.

Retour de la prime d’exclusivité

Ce n’est toutefois pas la seule «avancée» obtenue par le Groupement d’agriculteurs producteurs de pommes de terre pour l’industrie (Gappi). La prime d’exclusivité est en effet rétablie à 5 E par tonne, sans conditions, après avoir été décomposée en 2021. Les producteurs se souviennent que le montant de cette prime attribuée à ceux qui livrent 100 % de leur production à McCain avait été «LE» sujet de l’assemblée générale l’an dernier. Pour Erwin Pardon, président de McCain Europe, la prime d’exclusivité vient donc «récompenser nos partenaires les plus fidèles et permettra d’assurer, d’une part, les objectifs de croissance de McCain et, d’autre part, l’avenir de la filière pomme de terre». Dans un communiqué, McCain réaffirme entretenir «une relation privilégiée avec près de 800 agriculteurs sur le territoire français, en Hauts-de-France et Grand-Est, et a su tisser des relations fortes et de confiance avec eux, depuis plus de quarante ans. Sur ce panel d’agriculteurs, plus de 80 % d’entre eux travaillent avec l’entreprise depuis plus de dix ans, et 70 % des agriculteurs travaillent exclusivement avec McCain».

Gérer l’après-Covid

En 2022, McCain devrait pouvoir compter sur la production d’environ 17 000 ha, avec une progression de 1 415 ha. «Progressivement, on revient à un niveau de surfaces que l’on connaissait avant la crise de la Covid», s’est réjoui Bertrand Achte. L’an dernier, alors que l’industriel était déjà en quête d’hectares supplémentaires, la réponse des producteurs était frileuse «parce que les contrats n’étaient pas satisfaisants», selon le président du Gappi. Aujourd’hui, le ton est différent. Bertrand Achte parle d’«un bon signal» de la part de McCain, d’autant qu’il existe une concurrence acerbe entre industriels de la transformation de la pomme de terre, mais aussi entre pommes de terre et autres cultures. «Nous avions mis plusieurs fois en garde McCain sur ce risque», a-t-il souligné.

5 E/t de plus en agriculture de régénération

À l’occasion de l’assemblée générale du Gappi, McCain a précisé les contours d’une offre de contractualisation qualifiée d’«inédite» puisqu’elle offre 5 E/t de plus aux producteurs en agriculture de régénération. Cette bonification de 5 E/t est liée à un engagement volontaire sur six ans autour de pratiques qui visent à «remettre le sol au coeur du système de production», a expliqué le responsable des achats de pommes de terre, Maxence Turbant. En juin, McCain s’était fixé comme objectif 100 % de surfaces en agriculture de régénération d’ici à 2030. Trois niveaux d’engagement sont prévus, a précisé Maxence Turbant. Il s’agit d’une démarche d’amélioration continue. La première année, le contrat d’agriculture de régénération prévoit d’atteindre le niveau «débutant», soit la CE2 (certification environnementale de niveau 2). Après trois ans, l’agriculteur doit arriver «intermédiaire», puis en partie «expert» au bout des six ans. Quid enfin du marché bio ? Face aux producteurs, Leslie Camus, vice-présidente Agriculture Europe chez McCain Foods, il n’y a guère d’illusion à se faire avec ce débouché : «On constate sur le marché des produits surgelés que le bio reste un marché de niche et que les ventes sont stables. Il n’y a donc pas de volonté chez nous à développer les surfaces de pommes de terre bio.» Ce que Maxence Turbant confirme : «Nous avons une gamme bio, mais le fait que la demande n’augmente pas doit nous conduire à nous intéresser à d’autres façons de produire» ; ce que l’industriel fait en prenant le parti de l’agriculture de régénération.

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