Nous ne lâcherons rien !
Interview d'Eric Thirouin, membre du bureau FNSEA en charge des dossiers environnement et invité au congrès de la FDSEA le 2 décembre prochain.

Céréalier en Eure-et-Loir sur une exploitation sur laquelle il a développé une activité de vente de produits fermiers, Eric Thirouin est président de la Chambre départementale d'agriculture depuis les dernières élections. Il est aussi président de la FRSEA Centre et membre du bureau de la FNSEA où il est en charge du dossier environnement.
Les dossiers environnementaux sont un des sujets durs de la réglementation que les agriculteurs subissent de plus en plus difficilement. Quelles sont les priorités de la FNSEA ?
Éric Thirouin - Il n'y a pas vraiment de priorité autre que celle de toujours défendre nos adhérents, les agriculteurs, pour qu'ils puissent travailler plus librement, produire plus et mieux. Dans ce très vaste domaine de l'environnement, nous rencontrons des problèmes tous azimuts, que ce soit sur les produits phytosanitaires, sur les nitrates et les zonages, les cours d'eau, ou encore sur les contrôles qui concernent l'ensemble des activités, sur le travail ou la conditionnalité de la Pac par exemple.
Et nous devons veiller à l'application de nouvelles lois, comme la récente loi d'avenir, ou les lois actuellement à l'étude, sur la transition énergétique ou sur la biodiversité en particulier.
Il y a encore un paquet d'autres sujets, qui portent par exemple sur les installations classées ou sur l'agrifaune. Sans oublier la réglementation européenne, dont la directive nitrates. Ce domaine de l'environnement est extrêmement large, sur lequel on essaie de ne rien lâcher. Nous cherchons à être présents dans toutes les instances de décisions pour tenter d'éviter de nouvelles contraintes sur les activités agricoles, à tous les niveaux.
La FNSEA a donné une impression de durcir le ton en évoquant les «djihadistes verts». Quelle est sa stratégie syndicale ?
E.T. - C'est vrai que nous avons été fortement bousculés. Mais nous devons lutter contre des anti-tout, les «zadistes» (1), qui ne reculent devant rien pour nous dénigrer, pour démonter des projets constructifs et innovants en basant leurs discours sur le mensonge. On ne peut pas laisser ces anarchistes dicter les règles de ce pays et nous empêcher de produire. Les principaux mouvements écologistes ne sont pas aussi extrêmistes que ces «zadistes», nous devons continuer de dialoguer avec eux, nous sommes déterminés à ne rien lâcher car, maintenant, ça suffit ! Qu'on nous laisse travailler, ce que nous savons très bien faire sans nuire à l'environnement.
Oui, on a monté le ton, et il fallait le faire. Trop de gens n'osaient pas s'exprimer car dans ces débats, il y a de la passion et beaucoup de démagogie de la part de nos détracteurs.
Mais le gouvernement semble enfin ouvert à nos arguments. Nous aurons l'occasion de rappeler notre détermination lors de la prochaine conférence environnementale, les 27 et 28 novembre, qui va traiter, entre autres, de la santé et de l'environnement. Nous resterons sur une position extrêmement ferme.
Vous venez participer le 2 décembre au congrès de la FDSEA de l'Oise. Que souhaitez-vous dire aux agriculteurs de ce département ?
E.T. - Ce que je tiens le plus à faire, c'est écouter. Je vais laisser les agriculteurs exprimer leurs inquiétudes, leurs sujets de préoccupations, qui ne doivent pas être loin de celles que nous vivons dans mon département, avec des adaptations régionales. Je leur redirai la nécessité de notre action, de la participation du plus grand nombre pour que, tous ensemble, nous ayions une action plus efficace.
La forte mobilisation du 5 novembre dernier prouve non seulement la réalité d'un malaise profond, mais aussi que l'action syndicale peut faire infléchir les choses. La rigueur de notre analyse et notre détermination doivent nous appuyer dans notre démarche syndicale, pour un avenir plus serein de notre métier.
Propos recueillis par Bernard Leduc
(1) Un mouvement radical qui se dit écologiste explique sa volonté de défendre ce qu'il appelle les «zones à défendre» (ou «Zad»).
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