L'Oise Agricole 01 mars 2018 a 09h00 | Par N. O.

Emmanuel Macron en opération séduction de la génération Y

Certains diront qu’il s’agissait d’une opération déminage avant le Salon de l’agriculture. D’autres qu’il s’agit seulement de séduire les jeunes agriculteurs installés depuis peu. L’Elysée a invité plus de 700 d’entre eux à un déjeuner, après un «discours de vérité» du président de la République.

Abonnez-vous Reagir Imprimer
Le président a annoncé un nouveau dispositif avec une enveloppe de 1 Md€ de prêts garantis.
Le président a annoncé un nouveau dispositif avec une enveloppe de 1 Md€ de prêts garantis. - © ActuAgri

C’est devant un parterre de jeunes agriculteurs installés en 2016 et 2017 et devant des étudiants en agriculture, qu’Emmanuel a tenu un discours très positif et plutôt bien reçu, dans les salons de l’Elysée, le 22 février. Il a expliqué qu’il allait leur tenir «un discours de vérité» et qu’il n’était «pas là pour plaire, mais pour faire». Il leur a parlé d’un besoin de «mutation profonde» de l’agriculture «basée sur un triptyque : valeur ajoutée, ouverture et planète». Dans son discours, le président de la République a donné des éléments concernant le plan d’investissement agricole de 5 Md€.

Il a annoncé un nouveau dispositif avec une enveloppe de 1 Md€ de prêts garantis. «C’est un travail conduit et finalisé avec la Banque européenne d’investissement, géré au plus près des territoires.» Les garanties personnelles demandées aux entreprises personnelles seront fortement réduites : de 130 % de garanties, elles passeront à 20 %. «Nous accompagnerons les projets d’investissements visant à réduire les pesticides, les projets de diversification des revenus agricoles, d’investissement dans des bâtiments d’élevage qui anticipent la demande des consommateurs», a-t-il précisé. Le président a aussi annoncé un fonds de prêts à la méthanisation à hauteur de 100 M€ avec BPI France, et un plan de profonde réforme des règles de développement de la méthanisation, d’ici à l’automne. En aval, «nous voulons renforcer les investissements : abattage découpe dans les territoires, création de légumeries, plate-formes d’approvisionnement partagées. Nous lancerons avec BPIFrance un nouveau dispositif dédié d’investissement direct en fonds propre avec une enveloppe de 200 M€ pour prendre des participations minoritaires dans des TPE-PME et pour accompagner des jeunes. Nous renforcerons le fonds de prêts sans garantie avec BPIFrance pour un minimum de 1,4 Md€». Quant au bio, le président souligne que «nous avons un déficit commercial de 1 Md€, ce qui est fou». il a précisé que le plan Ambition bio sera annoncé pendant le Salon de l’agriculture.

Mercosur : «il faut être cohérent»

Il a abordé les dossiers qui fâchent - Mercosur, ICHN, pesticides. A propos du Mercosur, «il faut être cohérent : on ne peut pas me demander d’ouvrir des marchés vers la Turquie, la Chine ou le Japon et, en même temps, être contre le commerce», a-t-il dit, insistant sur le fait «qu’il n’y aura jamais de boeuf aux hormones en France», hormis si c’est de la fraude. Il a insisté sur le fait que les lignes rouges qu’a posées la France ont été respectées par la Commission européenne dans la négociation.

Il a aussi souligné que déjà 200 000 tonnes de viande bovine du Mercosur entrent dans l’Europe malgré les droits de douane. «Qu’on ne vienne pas me dire que c’est le Mercosur qui est l’alpha et l’oméga des problèmes de la filière bovine française.» Quant à l’ICHN, le président de la République a souligné qu’il avait conscience que toutes les régions étaient «bousculées», mais il y aura plus d’entrants que de sortants. «Ceux qui rentrent ne nous disent pas merci», a-t-il souligné tout en rassurant sur le «travail d’accompagnement» pour «investir afin d’être rentable». «Il y aura d’abord, à partir du 1er janvier 2019, deux années de transition qui seront construites avec vous pour lisser les effets. Et je veux que, durant les semaines et les mois qui viennent, pour tous ceux qui sont impactés, on construise des mécanismes de substitution qui permettront d’accompagner ces changements».

Epargne de précaution dès 2019

Dans son discours, Emmanuel Macron a aussi donné de l’espoir avec la fiscalité agricole, où il a parlé d’une «refonte complète des déductions fiscales pour aléas et investissement - les fameux DPA et DPI - avec une vraie réforme qui permettra une épargne de précaution, dès la loi de finances 2019». Emmanuel Macron a, par ailleurs, annoncé une réflexion d’ici mai 2018 sur «un système de préretraite avec une sortie progressive afin de faciliter l’installation des jeunes». Quant à la prochaine Pac, elle doit être focalisée sur la gestion du risque, selon lui. «Je veux une Europe qui protège davantage et qui protège en particulier avec une réserve de crise pluriannuelle à 27 et des outils de régulation par filière.

Quand il y a des chocs de marché ou climatiques, le but premier de l’Europe, ça doit être de protéger de ces grands changements », a-t-il expliqué. Le discours du président de la République a été plutôt bien accueilli par les jeunes qui l’ont apprécié «parce qu’il dit des choses concrètes», a commenté une jeune agricultrice de l’Eure, et parce qu’il a abordé les sujets difficiles du moment. «On a l’impression d’avoir été entendus et qu’il prend en compte les erreurs qui ont été faites», a commenté Jordy Bouancheau, des JA de Vendée. «Je l’ai trouvé particulièrement optimiste sur le dossier Mercosur. Quant à la Pac, je lui ai dit qu’il va falloir un chausse-pied pour faire entrer ses idées dans la proposition de la Commission européenne !», a commenté Claude Cochonneau, président de l’APCA.

Réagissez à cet article

Attention, vous devez être connecté en tant que
membre du site pour saisir un commentaire.

Connectez-vous Créez un compte ou

Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Oise Agricole se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,