Les producteurs veulent renégocier avec les industriels
Alors que les acteurs de l'aval renégocient leurs contrats, les organisations de producteurs de lait appellent à rouvrir les négociations commerciales en amont.

Certains ont déjà commencé, comme l'Association des producteurs Bel de l'Ouest (APBO) qui se prépare à renégocier, début avril, le prix de son lait avec le groupe Bel. «Notre clause de renégociation est basée sur des indicateurs, explique le président de l'APBO, Gilles Pousse. Quand ils fluctuent de plus de 1 %, dans le rouge ou dans le vert, cela nous permet de redéclencher les négociations et c'est ce que nous avons fait.» En décembre, l'industriel et les producteurs avaient trouvé un accord sur un prix de référence pour le lait conventionnel à 377 E/1 000 l (406 E toutes primes confondues) et un lait bio à 478 E/1 000 l. Depuis, les charges des producteurs ont continué de s'envoler - notamment sur les dépenses d'énergie et d'alimentation animale - et la guerre en Ukraine assombrit les perspectives pour les mois à venir.
Le consentement de Bel à renégocier fera-t-il des émules parmi les laiteries ? C'est le souhait des producteurs et des OP. Les nouvelles négociations commerciales en aval «doivent impérativement partir du prix payé aux producteurs pour construire un prix de vente», plaide la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), rappelant que les lois Egalim imposent une construction du prix de l'amont vers l'aval. Il faut de «nouvelles négociations à l'amont», appuie le réseau France OP Lait. L'attitude des laiteries est encore difficile à lire : «Nos services en charge de la gestion des relations agricoles échangent régulièrement avec les organisations de producteurs, à ce titre, le prix du lait pour le début d'année (jusqu'en mars) a été fixé, explique par exemple la marque Lactel. Les discussions vont donc se poursuivent.»
Le «premier étage de la fusée»
Pour les producteurs, il n'y a pas de doute que le prix doit être revalorisé. Dans un communiqué du 21 mars, les Jeunes agriculteurs et la FRSEA de Nouvelle-Aquitaine évaluaient les niveaux de prix nécessaires à 42 ctE/l pour le lait conventionnel et à 55 ctE/l pour le lait bio. En janvier, avant même la guerre en Ukraine, l'indice Ipampa (coûts de production) avait augmenté de 13,3 % en un an. Mais le prix du lait ne suit pas : «Le prix du lait en Europe a augmenté en moyenne de 16,7 % sur 2021, allant même jusqu'à + 29,3 % en Irlande ou + 24,2 % aux Pays-Bas, quand en France nous tirons la moyenne européenne vers le bas avec un timide + 7,8 %.» Cependant, le cadre de discussion ne serait pas encore idéal, estiment les producteurs. «Encore trop d'industriels laitiers n'ont pas de contrats avec leurs OP et leurs producteurs», regrette France OP Lait. Elle dénonce les «difficultés» rencontrées par des OP «face à des industriels qui ne connaissent que le rapport de force et qui piétinent allègrement les lois Egalim».
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