Dans les brumes matinales de ce mardi 17 janvier, Hélène Darcy, chargée de mission à la Fédération régionale des chasseurs Haut-de-France, a apporté dans sa camionnette ce qui ressemble à une grosse machine à laver et qui va être installé en extérieur. Le radar, puisque c’est de cela dont il s’agit, est posé de niveau sur ne palette en bois et selon l'orientation du fabricant, grâce aux agents de la Fédération des chasseurs de l'Oise. Nous sommes dans le secteur de Gournay-sur-Aronde, en plein couloir de migration d'oiseaux, dans une zone où la faune est riche, avec des espèces protégées.

«Ce radar va capter tous les déplacements aériens sur 1 km de hauteur, dénombrer les individus et les classer, en fonction de leur taille et des battements d'ailes, en grandes catégories comme les passereaux, les grands oiseaux (rapaces, hérons, cigognes), les oiseaux d'eau...», précise Hélène Darcy.

L’engin fonctionne 24 heures sur 24 et est totalement indépendant des conditions météorologiques. C’est un élément de validité des relevés, plus fiables que ceux réalisés par un œil humain car les oiseaux migrateurs volent essentiellement la nuit. «En ce moment, c’est le début de la migration Sud-Nord pour les espèces qui vont se reproduire dans nos contrées», ajoute Marc Morgan, directeur de la Fédération des chasseurs de l’Oise.

Ce radar, dont il n’existe que 7 exemplaires en France, effectuera les comptages jusque fin mars. Les données, transmises au fur et à mesure, seront compilées et les résultats seront disponibles, en toute transparence, en juin.

Un projet de parc éolien

Ce radar n’a pas été installé à cet endroit par hasard, il doit servir à se faire une idée plus précise des flux migratoires dans le secteur. Car autour de Gournay-sur-Aronde, circulent et vivent des oiseaux d’intérêt comme l’œdicnème criard, mais aussi des chauves-souris. Toute cette riche biodiversité pourrait être mise en danger par un projet de parc éolien en cours. Six génératrices situées bien près des lieux de vie et de passage, selon ses opposants. Au point que, suite à l’enquête publique, de nombreux instances ont émis un avis défavorable à l’implantation du parc et notamment la Dreal (Direction régionale de l’environnement et de l’alimentation) qui estime que les études d’impact réalisées dans le cadre du dossier sont insuffisantes. La Fédération des chasseurs de l’Oise a alors proposé l’installation de ce radar afin de mesurer de façon objective la fréquentation du site par les oiseaux et les autres animaux. De quoi mieux mesurer les conséquences du projet sur la faune sauvage. Car les oiseaux ne sont pas seulement victimes de collision avec les pales des éoliennes, ils peuvent aussi, comme les chauves-souris, subir des barotraumatismes, c’est-à-dire littéralement l’explosion sous l’effet d’une forte dépression due à la rotation rapide des pales.

La Fédération des chasseurs de l’Oise, opposée au projet car jugé trop impactant sur les populations et les flux migratoires des oiseaux, veut montrer le sérieux des arguments par des mesures fiables. Résultats en juin prochain.