L'Oise Agricole 30 mars 2017 a 08h00 | Par L'Oise Agricole

Emmanuel Macron propose un «plan Marshall pour l’agriculture»

Le candidat d’En Marche a dévoilé un programme agricole, marqué notamment par un plan d’aides aux investissents de 5 milliards d’euros en agriculture. Pour son conseiller agricole Olivier Allain, ancien président de la Chambre d’agriculture des Côtes-d’Armor, «c’est un véritable plan Marshall pour l’agriculture», du nom de ce financement américain d’après-guerre qui permit la modernisation de l’économie européenne.

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- © Philippe

Plusieurs semaines, voire plusieurs mois après ses concurrents, Emmanuel Macron a finalement dévoilé son programme agricole, à l’occasion d’un meeting en Mayenne, le 28 février. Non loin des terres de François Fillon, l’ancien ministre de l’Économie de François Hollande a détaillé ses vingt propositions, avec un slogan: «Que les agriculteurs puissent vivre de leur travail par le prix payé».

La proposition la plus marquante consiste en «un plan de transformation agricole de 5 milliards d’euros sur 5 ans». Ce plan d’aide aux investissements concernerait «des projets de modernisation des exploitations ayant un impact positif sur l’environnement et le bien-être animal» et des projets de «transformation privilégiant les circuits courts».

Il s’agit d’abonder le plan pour la compétitivité et l’adaptation des exploitations agricoles (2014-2020), mis en place par le gouvernement actuel et doté de 200 millions d’euros par an.

 

«On multiplie par quatre les aides à la modernisation»

«C’est un véritable plan Marshall pour l’agriculture ! On multiplie par quatre les aides à la modernisation, estime l’un de ses deux conseillers agricoles, Olivier Allain, ancien président de la Chambre d’agriculture des Côtes-d’Armor et actuel vice-président de la Région Bretagne de Jean-Yves Le Drian (PS). En porc, le meilleur investissement, c’est le bâtiment. On améliore l’environnement, le sanitaire et l’économique et c’est le meilleur soutien possible à l’économie locale».

L’élu breton, qui vantait il y a quelques mois encore le bilan de Stéphane Le Foll, a rejoint le mouvement En Marche en août 2016, «par amitié avec Richard Ferrand», porte-parole du mouvement, et «séduit par l’agilité intellectuelle et la motivation » du candidat. Pour lui, Stéphane Le Foll est toujours «un grand ministre de l’Agriculture qui n’a pas eu de chance», «qui a fixé un cap, avec l’agro-écologie, qui n’est pas remis en question», mais qui «aurait dû être plus vigilant, par exemple sur le paiement des aides».

 

Rémunérer les services environnementaux

Deux autres mesures induisent un effort budgétaire en faveur du secteur agricole. D’abord, les 200 millions d’euros par an pour rémunérer les services environnementaux ; ils serviraient en fait à abonder l’enveloppe destinée aux mesures agro-environnementales, précise Olivier Allain.

L’autre mesure budgétairement importante serait l’octroi d’un «prêt d’honneur à la personne sans demande de garantie d’un montant de 50.000 euros maximum avec un différé de 2 ans». Un procédé déjà testé en Bretagne et «qui marche», rapporte Olivier Allain.

Sur le sujet de l’environnement, Emmanuel Macron souhaite plus généralement «en finir avec l’écologie punitive» et propose notamment de séparer la vente et le conseil en produits phytos. Il veut également relancer la méthanisation par «la simplification administrative et le raccordement au réseau des unités».

 

Grenelle de l’alimentation, renforcement des OP

L’autre pan du programme consiste en des mesures qui visent à rehausser le prix payé aux producteurs, notamment les éleveurs laitiers. Emmanuel Macron propose le renforcement des organisations de producteurs, par une «dérogation au droit de la concurrence pour le secteur agricole » et par leur «généralisation». «Tous les éleveurs ne sont pas adhérents aux organisations de producteurs, regrette Olivier Allain. Il faut les renforcer, notamment les associations d’OP territoriales».

Concernant les négociations commerciales, le candidat Emmanuel Macron souhaite aussi organiser un Grenelle de l’alimentation «pour définir un partage équilibré de la valeur» et en cas d’échec, une réforme de la LME. «C’est le seul à avoir osé mettre à l’amende Carrefour ! Il ose !», plaide Olivier Allain, qui évoque également la fin des monopoles publics sur le transport des voyageurs.

 

Aides contracycliques, épargne de précaution

Pour lutter contre la volatilité des revenus, Emmanuel Macron plaide «pour la mise en place d’outils de régulation adaptés à chaque filière» et pour des «outils de gestion des risques». Il cite par exemple l’épargne de précaution ou l’assurance climatique, sans précision sur les budgets alloués à ces politiques. «Il est favorable aux aides contracycliques», rapporte également Olivier Allain.

Pour améliorer la compétitivité des produits agricoles français, il est partisan d’une «convergence fiscale et sociale au niveau européen», et d’une transformation du crédit d’impots compétitivité emploi (CICE) en une baisse des charges patronales permanente.

Sur le foncier et sa transmission, il est partisan du renforcement de «la transparence des transactions agricoles en soumettant toutes les sociétés foncières au contrôle des Safer», et il plaide pour «faciliter le recours à des outils de portage : le crédit-bail immobilier, la location-vente progressive, prêt viager hypothécaire etc».

 

Droit au chômage pour les agriculteurs

Enfin, concernant l’emploi et la formation, Emmanuel Macron souhaite «donner droit au chômage aux agriculteurs pour leur permettre de surmonter les périodes de baisse d’activité». Emmanuel Macron propose par ailleurs de faciliter «la formation professionnelle tout au long de la vie», et de garantir «une retraite décente » aux agriculteurs. «C’est le souci d’équité et d’efficacité budgétaire», commente Olivier Allain.

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