L'Oise Agricole 08 décembre 2022 a 08h00 | Par Justine Demade Pellorce

La région pourrait perdre 10 % d'habitants d'ici 2070

Moins 600.000 personnes dans les Hauts-de-France à l'horizon 2070 : voilà la conclusion d'une étude sur l'évolution de la population menée par l'Insee. Un chiffre à relativiser selon les départements et avec une autre donnée : la région resterait toutefois la plus jeune de province.

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- © Benoît Bourgeois

«Moins 600.000 personnes pour les Hauts-de-France : c'est le chiffre à retenir», pour Thibault Decruyenaere, directeur régional adjoint de l'Insee (l'Institut national de la statistique et des études économiques) Hauts-de-France. Pas une prédiction, juste la conclusion d'une étude coordonnée par l'institut sur l'ensemble du territoire national et dont les résultats, déclinés par régions et départements, ont été présentés le 24 novembre dernier à Lille et Amiens. Moins 600.000 personnes, c'est 10 % de la population actuelle. Un chiffre élevé qui s'explique par plusieurs paramètres pris en compte dans l'étude à travers un «scénario central» national qui prend pour hypothèse que la fécondité actuelle - 1,8 enfant par femme - reste stable, que l'espérance de vie conserve la même courbe, à savoir un gain plus marqué pour les hommes que pour les femmes (+ 4,9 ans pour les femmes et + 8,4 ans pour les hommes) et en se basant sur un solde migratoire intermédiaire (la différence entre les arrivées et les départs sur un territoire) de + 70.000 personnes par an au national.

Les régions du Nord en net recul

Le point de départ est le dernier recensement de la population de 2018, par sexe et par âge. Si les tendances récentes se poursuivaient, la population des Hauts-de-France s'élèverait à 5.406.000 habitants en 2070. Cela représente une perte de 11.500 habitants en moyenne chaque année, l'équivalent d'une ville comme Gravelines (59). Autrement dit un taux de croissance annuel moyen de - 0,20 % contre + 0,01 % en France métropolitaine. Dans le détail, on note d'ailleurs que les régions du Nord et de l'Est connaîtraient une baisse de leur population, quand celles de l'ouest et du sud la verraient, elles, augmenter sensiblement. Cela ferait des Hauts-de-France la cinquième région la plus peuplée, quand elle occupait la troisième position en 2018. Mais ces chiffres ne prennent en compte que les données démographiques actuelles et pas, par exemple, des paramètres extérieurs et/ou conjoncturels pouvant influer sur ces tendances, on pense notamment au réchauffement climatique et à une traditionnelle limite nord/sud qui en serait modifiée. De même, des études reposant sur des «scénarios à façon» sont en cours, commandées par certains acteurs régionaux. Elles visent à estimer comment évoluerait la population selon la mise en place de telle ou telle stratégie sur les territoires.

Les seniors plus nombreux que les moins de 20 ans

À l'échelle nationale, le solde naturel (la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès) est négatif avec - 0,11 %, excepté pour l'Île-de-France. Avec un solde naturel de - 0,03 %, la région est relativement épargnée. Par contre, elle est aussi la seule avec un solde naturel migratoire négatif : davantage de départs que d'arrivées sur le territoire. Les Hauts-de-France sont, de fait, la seule région à cumuler solde naturel et solde migratoire négatifs. Et comme partout ailleurs, c'est logique, la population vieillit : la région compterait 400.000 seniors en plus en 2070, soit plus de 38 % de 65 et plus. Et c'est du côté des plus de 75 ans que les compteurs s'affolent avec un quasi-doublement de leur nombre. En parallèle, les Hauts-de-France perdraient 1 million de moins de 65 ans. «Partout en France, le nombre de seniors sera supérieur aux moins de 20 ans», résume le directeur régional adjoint. Mais la région resterait, malgré tout, la plus jeune de province avec un âge moyen qui passerait de 40 à 45 ans, contre en moyenne 48,5 ans à l'échelle de la France métropolitaine. Et au sein de la région, c'est clairement le Nord qui accuse l'indice de vieillissement le moins élevé. «On peut parler de déclin démographique», résume Thibault Decruyenaere.

Des nuances sont à noter entre les départements : l'Oise et le Nord seraient les moins impactés, la Somme se situerait dans la moyenne régionale et l'Aisne et le Pas-de-Calais connaîtraient le déclin le plus soutenu. Explications au cas par cas.

L'Oise ne verrait sa population décliner qu'à partir de 2030 pour perdre, toujours à l'horizon 2070 et selon le scénario retenu, 35.800 habitants, soit un déclin de 4,3 %, le plus faible de la région. L'explication est liée au fait que le département est jeune, et polarisé par l'Île-de-France. Le Nord perdrait 178.000 habitants d'ici 2070, soit 7 % par rapport à aujourd'hui (et un total de 2.468.000 habitants contre 2.606.000 en 2018). Il demeurerait toutefois le département le plus peuplé de France et le plus jeune de la région. C'est d'ailleurs le seul département régional à pouvoir compter sur un solde naturel positif (+ 0,14 %), mais qui enregistrerait, en même temps, un solde migratoire fortement déficitaire avec - 0,28 % par an, soit le double de la moyenne régionale. Le poids démographique du département au sein de la région demeure très élevé avec 45 % (43 % en 2018). La Somme passerait de 571.000 habitants en 2018 à 506.000 en 2070, soit - 11 % . Avec sa zone littorale attractive, c'est le seul département régional à équilibrer son solde migratoire. Cependant, son solde naturel est très déficitaire du fait d'un vieillissement plus prononcé de la population. Le Pas-de-Calais connaîtra vraisemblablement une baisse de sa population de -15 %, soit une perte de 223.500 habitants pour s'établir à 1.243.000 en 2070. Second département de la région, le Pas-de-Calais verra son poids démographique baisser à 23 % de la population régionale, soit une baisse d'un point. C'est le département qui enregistre le plus fort vieillissement de la population avec un âge moyen à 47 ans. Son solde naturel sera négatif (- 0,20 % par an) ainsi que son solde migratoire (- 0,12 % par an). L'Aisne, enfin, perdra 18 % de sa population pour en compter 436.000 à l'horizon 2070. Une dégringolade quasi entièrement imputable au solde naturel négatif. Le département le plus âgé de la région comptera la plus forte population de seniors (30,2 % de 65 ans et plus d'ici 50 ans).

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