Méthanisation par voie solide: un potentiel à exploiter
Les Journées de la recherche et de l’innovation sur le biogaz et la méthanisation étaient organisées par UniLaSalle et ATEE-club Biogaz les 11, 12 et 13 avril, à Beauvais.

La matinée du 11 avril était consacrée à un état des lieux de la méthanisation par voie sèche et solide, méthode peu développée en France. En effet, actuellement, les méthaniseurs agricoles fonctionnent principalement avec des substrats liquides tels que les lisiers de porcs ou de bovins.
Mais ce modèle paraît insuffisant pour répondre aux objectifs chiffrés. D’autres substrats sont mobilisés tels que résidus de cultures et fumiers. Tel était le message délivré par André Pauss, de l’université de technologie de Compiègne. Son propos dressait un état comparatif entre la France et l’Allemagne.
Tandis que l’Allemagne compte 9.000 unités de méthanisation pour une production de 4.000 Mw, la France ne recense que 463 unités pour une production de 380 Mw. Il y a de nombreuses raisons à cette différence: antériorité en Allemagne, aides financières, standardisation des procédés... En France, seulement 9% des unités de méthanisation sont par voire sèche (ou solide) alors que le gisement de fumier est largement supérieur à celui des lisiers.
Autant dire qu’il y a une inadéquation entre le potentiel et le développement des installations. Avec un objectif de 1.500 unités affiché, et l’ambition du plan Emaa (énergie, méthanisation, autonomie, azote), la méthanisation par voie sèche devrait se développer. Actuellement, sur le territoire national, seulement cinquante-sept unités utilisent ce procédé. Et elles sont très mal réparties sur le territoire, sans que l’on sache expliquer pourquoi.
Par exemple, six installations en Vendée, et aucune dans la Somme. Dans les Hauts-de-France, une seule fonctionne. Deux sont en projet sur les soixante-neuf unités en service, la majorité étant située dans le Nord et le Pas-de-Calais. Des procédés différents En méthanisation solide, le procédé peut se faire en discontinu, c’est la majorité des cas. Le substrat (paille, fumier...) est chargé dans des silos, container, un couvercle est disposé et la méthanisation se fait sur une quarantaine de jours environ avant d’effectuer la vidange.
C’est le cas de l’installation du Gaec du Bois Joly, en Vendée, présentée en exemple lors de la table-ronde. Sur cet élevage de bovins et de lapins, quatre digesteurs fosses ont été installés, recouverts d’une membrane caoutchouc. Le biogaz est amené vers un cogénérateur et la chaleur est récupérée pour le chauffage de l’élevage de lapins, la maison, l’eau chaude sanitaire et pour sécher bûches et plaquettes de bois.
Après quelques années de fonctionnement et amélioration de l’existant (mécanisation de la fermeture des digesteurs), l’exploitant a dressé le bilan : installation simple, facile à maîtriser, rémunératrice, bonne image du grand public et des agriculteurs et redynamisation du milieu de l’élevage (permet de sécuriser l’avenir). De quoi ouvrir des perspectives et permettre le développement d’un potentiel auquel chercheurs, constructeurs et conseillers oeuvrent en commun.
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