L'Oise Agricole 11 décembre 2020 a 14h00 | Par AFP, A.G., Y.G.

Première mondiale, Singapour autorise la vente de viande in vitro

Le 2 décembre, Singapour a accordé une autorisation de vente pour la viande de poulet in vitro fabriquée par Eat Just. Cette start-up américaine assure avoir fait «des progrès considérables» pour en réduire le coût.

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Créé en laboratoire, la «viande» proposée par Eat just pourrait s’afficher à un prix similaire au poulet haut de gamme.
Créé en laboratoire, la «viande» proposée par Eat just pourrait s’afficher à un prix similaire au poulet haut de gamme. - © Pixabay

De la viande in vitro de poulet va pouvoir être proposée prochainement dans des restaurants de Singapour après un feu vert des autorités locales, «une première mondiale» selon la start-up américaine à l’origine du projet. Eat Just, qui travaille sur ce projet de viande de laboratoire cultivée à partir de cellules animales, a annoncé que ses morceaux de poulet avaient été autorisés à la vente par l’agence de sécurité alimentaire de la cité-État d’Asie du Sud-Est. Une «avancée pour l’industrie alimentaire mondiale», a-t-elle souligné le 2 décembre. Eat Just a indiqué avoir produit plus de vingt lots de viande de poulet artificielle en bioréacteurs, avant de soumettre sa production à des tests de qualité et de sécurité. Son produit «a été déclaré propre à la consommation dans les quantités prévues et a été autorisé à la vente à Singapour comme ingrédient des nuggets Eat Just», a confirmé l’agence de sécurité alimentaire singapourienne le 2 décembre.

Moins de 50 $ par nugget

La viande de laboratoire a longtemps été considérée comme beaucoup trop coûteuse, mais Eat Just assure avoir fait «des progrès considérables» dans ce domaine. «Dès le début, nous aurons un prix similaire au poulet haut de gamme d’un restaurant chic», a indiqué un porte-parole à l’AFP, sans toutefois révéler le prix des nuggets. Selon les analystes de la société britannique IDTechEx, Eat Just avait fait part en 2019 de coûts de production de «50 $

par nugget». «Même si le prix est désormais certainement plus bas, ce poulet de laboratoire sera sans doute un produit très haut de gamme pour les premières années», selon eux. Eat Just espère parvenir à un prix inférieur à celui du poulet classique au cours des prochaines années.

Ce n’est pas un hasard si c’est Singapour qui a accordé cette première autorisation au niveau mondial, tant la cité-État encourage les start-up de protéines alternatives. Singapour «n’a virtuellement pas d’agriculture, nous importons plus de 90 % de notre nourriture», explique William Chen de l’Université technologique de Nanyang. À terme, via l’innovation, Singapour espère pouvoir produire elle-même au moins 30 % de ses besoins nutritionnels, indique dans un communiqué the Good food institute Asie-Pacifique.

Un impact encore difficile à évaluer

La start-up américaine Eat Just annonçait le 2 décembre que Singapour avait donné son feu vert à la commercialisation de viande de laboratoire de poulet cultivée à partir de cellules animales. «Une première mondiale», précisait Eat Just. Ce type de produit reste aujourd’hui exceptionnel, mais «si la technologie de production de viande in vitro se développe bien, des politiques telles que la Pac pourraient être directement touchées», obligeant à aider les agriculteurs dans une transition vers une sortie de l’élevage, souligne dans une récente synthèse l’agence européenne de l’environnement. Les études sont encore peu nombreuses et sujettes à débats, mais la viande in vitro pourrait, en effet, répondre à un certain nombre de défis actuels en réduisant «la consommation d’eau, les émissions de gaz à effet de serre, le potentiel d’eutrophisation et l’utilisation des terres par rapport à la production de viande animale conventionnelle».

Toutefois, la production de viande artificielle reste une technologie émergente à un stade précoce de développement. À l’heure actuelle, l’impact environnemental de la viande artificielle est difficile à évaluer mais elle est aujourd’hui plus gourmande en énergie, de sorte qu’elle pourrait conduire à un réchauffement plus important que la production de bétail, selon le type d’énergie utilisée. Une étude, citée par l’agence européenne de l’environnement, montre que la viande artificielle pourrait avoir un impact environnemental moindre que le boeuf, et peut-être que le porc, mais plus important que le poulet et les protéines végétales. Et, souligne l’Agence européenne, certaines formes traditionnelles d’élevage de bovins et d’ovins, en montagne par exemple, sont bénéfiques sur le plan environnemental, et leur abandon aurait des conséquences importantes pour les zones rurales et les écosystèmes. Et les experts de l’agence de conclure par cette question : la viande artificielle va-t-elle continuer de déconnecter la société de la nature ou accroître son respect pour elle ?

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