L'Oise Agricole 15 janvier 2022 a 10h00 | Par J. G.

Une forte hausse du prix du beurre qui dure

En pleine période d’Épiphanie, les cours du beurre atteignent des niveaux inédits depuis la crise de 2017-2018. Les approvisionnements se tendent du fait d’une faible production et d’une demande qui augmente.

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«Certains boulangers ont du mal à se faire livrer. En pleine période d’Épiphanie, on se retrouve à utiliser des beurres
de moins bonne qualité ou des margarines», témoigne le président de la CNBPF, Dominique Anract.
«Certains boulangers ont du mal à se faire livrer. En pleine période d’Épiphanie, on se retrouve à utiliser des beurres de moins bonne qualité ou des margarines», témoigne le président de la CNBPF, Dominique Anract. - © Pixabay

Les boulangers-pâtissiers tirent la sonnette d’alarme : le prix du beurre explose et les professionnels peinent à s’approvisionner en pleine période d’Épiphanie. Entre septembre et décembre, le prix du beurre a augmenté de plus de 30 % et plafonne actuellement aux alentours de 5 000 E/t. Un niveau inédit depuis la «crise du beurre» en 2017-2018, pendant laquelle les cours s’étaient envolés à plus de 7 000 E/t.

Dans un courrier adressé aux ministères de l’Économie et de l’Agriculture, peu avant Noël, les boulangers de la CNBPF (artisans) et la FEB (industriels) ont demandé au gouvernement de «réunir d’urgence l’ensemble des acteurs de la filière (agriculteurs, laitiers, artisans, industriels et distribution) afin de sécuriser les approvisionnements et de convenir de mesures communes pour garantir un prix convenable aux consommateurs et permettre à nos adhérents de vivre décemment de leur travail».

Les pâtissiers pâtissent

«Certains boulangers ont du mal à se faire livrer. En pleine période de fêtes de fin d’année et d’Épiphanie, on se retrouve à utiliser des beurres de moins bonne qualité ou des margarines», témoigne le président de la CNBPF, Dominique Anract. Les approvisionnements se tendent alors que «la reprise de l’activité économique a été plus forte que prévu à la fin du troisième semestre [...] et a, semble-t-il, été sous-estimée par certains acheteurs qui n’avaient pas entièrement couvert leurs achats», observe le Cniel dans une note de conjoncture.

La hausse des prix s’explique par un manque de disponibilité en matière grasse laitière. Alors que la demande mondiale augmente, portée notamment par la Chine qui a augmenté ses importations de 20 %, la production de lait en France et en Europe se tasse. La collecte française a reculé de 1 % sur les dix premiers mois de l’année en France et la fabrication de beurre et de crème a baissé dans la même proportion : 1,1 % en 2020 et 0,9 % en 2019. La faiblesse de la collecte entre mars et mai (période habituelle de pic de production) n’a pas permis de reconstituer les stocks de beurre habituellement congelés pour être consommés plus tard dans l’année.

Fromage et crème plébiscités

Dans le même temps, «la demande a été forte en fromages et les prix de la crème, très attractifs depuis le mois de septembre, n’ont pas incité les opérateurs à la transformer en beurre», analysent les experts du Cniel. En ce début d’année 2022, l’interprofession prévoit que «les disponibilités en beurre pourraient rester faibles et les cours se maintenir à des niveaux élevés». La hausse des cours ne devrait pas se ressentir sur les prix en grande distribution, contrairement à la crise de 2017, mais elle continuera de peser sur les industriels.

Négociations commerciales : les coopératives laitières «tirent la sonnette d’alarme»

Dans un communiqué du 6 janvier, la Coopération agricole laitière «tire la sonnette d’alarme» sur l’inflation des charges des producteurs et des transformateurs, et demande aux distributeurs de prendre en compte «les hausses de coûts, tant à l’amont qu’à l’aval de la filière» dans le cadre des négociations commerciales annuelles en cours. En un an, l’indice Ipampa lait de vache (coûts de production) a augmenté de 11 %. Interrogé par Agra Presse, le président de la Coopération laitière Damien Lacombe alerte sur «l’essoufflement des producteurs qui connaissent toujours plus de tensions sur leur rémunération et leur charge de travail». Face à un niveau d’inflation «sans précédent», il estime la hausse de tarif nécessaire «entre 8 et 10 %» sur les produits laitiers. «Il faut que cette hausse se répercute jusqu’aux consommateurs pour les marques nationales et les marques distributeurs, insiste-t-il. Cela ne représenterait qu’une inflation de quelques euros par an et par famille.» Avec la promulgation tardive de la loi Egalim 2, les négociations commerciales «ont pris du retard» et les distributeurs hésitent désormais à accepter les niveaux de revalorisation élevés demandés par les industriels, touchés par la hausse des prix de l’énergie et des emballages. «La situation n’a jamais été aussi complexe», s’inquiète Damien Lacombe.

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