L'Oise Agricole 12 février 2018 a 10h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

Une année culturale 2017 sans réelles difficultés

C’est lors de la réunion du comité technique de l’ITB (Institut technique de la betterave) le 16 janvier à Chaumont-en-Vexin, que Philippe Delefosse, le responsable régional, a présenté le déroulé de la culture betteravière de 2017.

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Réunion du comité betterave animée par l’équipe de Philppe Delefosse, de l’ITB.
Réunion du comité betterave animée par l’équipe de Philppe Delefosse, de l’ITB. - © MARIE-PIERRE CROSNIER

Le premier point marquant de cette campagne 2017 a été l’abandon des quotas qui s’est traduit par une hausse des emblavements de 19 % au niveau national, pour arriver à une surface totale de 472.000 ha. Pour la délégation Oise-Val d’Oise, ce sont 50.000 ha qui ont été semés, avec de nouveaux planteurs qui se sont lancés dans la production.

Les semis ont été réalisés dans de bonnes conditions car l’hiver a été propice aux alternances de gel-dégel qui ont conduit à une bonne restructuration du sol. De plus, les reliquats azotés sortie hiver étaient relativement élevés, + 10 u par rapport à 2016. Ils s’élevaient à 67 u en moyenne, ce qui a conduit à des préconisations de fertilisation azotée très basses, voire nulles. Les semis se sont déroulés en grosse majorité entre le 12 et la fin du mois de mars, dans le sec. Ils ont été perturbés par des pluies qui ont entraîné des phénomènes de croûtage et des difficultés de levée. Le conseil de l’ITB était de réaliser des comptages pour éventuellement envisager un re-semis en deçà d’un certain nombre. Les semis qui ont été décalés ont abouti à une baisse de rendement

La germination a été rapide, mais le froid du mois d’avril (des gelées au 20 avril !) a fait craindre des pertes, finalement évitées. Les 29 jours de vernalisation et les 11 jours de dévernalisation ont provoqué peu de montées de betteraves. Le développement des betteraves s’est accéléré début mai (voir schéma) grâce à la conjugaison de la pluie et de températures favorables, donnant une belle végétation dans les parcelles.

Les maladies du feuillage sont arrivées en juillet et les acariens se sont installés sur les bords de champs pendant l’été. Ces acariens font disparaître des feuilles, obligeant la plante à en développer de nouvelles, au détriment de la racine, causant des pertes allant jusqu’à 1 point de richesse. Plus aucun produit efficace n’est homologué contre ces araignées jaunes.

Le bore toujours

Des carences en bore ont été observées, notamment chez des nouveaux planteurs, sans doute moins sensibilisés aux dégâts causés par le manque. Mais pas seulement car ce constat est récurrent. La carence en bore provoque des craquelures au niveau du collet et une pourriture sèche.

Les conséquences sont importantes (voir schéma) : - 18 % de perte de rendement racine, - 8 % de richesse et - 27 % de productivité. Pourtant, rappelle Philippe Delefosse, éviter la carence en bore est faisable : d’abord en réalisant des analyses de terre avec oligo-éléments pour connaître les réserves et ensuite en apportant du bore au sol (150 g/l) et en végétation.

Des maladies tardives

Les premiers chantiers de récolte ont démarré le 8 septembre, mais des maladies sont apparues mi-septembre comme la cercosporiose et des teignes sont arrivées à cette période. La teigne pond au cœur du bouquet foliaire de la betterave en conditions sèches et le seuil d’intervention est fixé à 10 % de plantes portant des chenilles vivantes. Du rhizopus a été signalé en situation séchante mi-octobre. Ce champignon se développe à partir du collet.

Philippe Delefosse a effectué un point sur l’irrigation grâce à un essai mené à Villers-Saint-Genest et dans lequel il apparaît que l’irrigation a apporté un grain de rendement de 13 t/ha.

De même, l’efficacité de d’azoxystrobine sur rhizoctone brun a été montrée sur un essai inoculé et arrosé (voir schéma). Le produit utilisé était Priori Xtra.

Enfin, derniers enseignements de la campagne et des essais, la jaunisse a été présente et a causé des pertes de rendement de 1 à 11 % sur les parcelles touchées. Les traitements de semences restent à ce jour le moyen de lutte le plus efficace. Et, en ce qui concerne le rhizoctone violet, aucun produit n’est homologué et seul l’allongement de la rotation à 5 ou 7 ans s’avère efficace.

Allongement de la campagne

L’intervention de Philippe Delefosse ne pouvait se conclure sans parler de la conservation des silos en plaine. En centre de réception, des betteraves sont arrivées le 10 janvier, qui avaient été récoltées fin octobre. Elles présentaient des chocs et des taches noires. En cas d’enlèvement tardif, il est conseillé aux planteurs d’utiliser le logiciel Silobet proposé par l’ITB. De même, l’arrosage du silo avec de la chaux liquide donne de bons résultats car la chaux cicatrise des blessures causées lors de l’arrachage.

Mais, conclusion de l’année culturale, les rendements sont là puisque la moyenne française tournera autour de 93 t/ha, l’Oise devant atteindre les 95 t/ha. Une campagne très satisfaisante.

Les conseils pour 2018

- Faire un reliquat et suivre les préconisations de fertilisation

- Semer sur sol ressuyé mi-mars

- Rappuyer la terre en 1 ou 2 passages, sens du semis

- Ne pas laisser le sol se dessécher en préparant à l’avance

- Utiliser les chasse-mottes si le sol est sec en surface

- Semer dans le frais, à 2 ou 2,5 cm

- Réfléchir à la possibilité d’irriguer en zone séchante et surveiller les teignes

- Traiter les premiers symptômes de rhizoctone brun

- Consulter Silobet pour récolter au bon moment

 

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