«Conforter notre maillage de communes intermédiaires»
Vice-président régional en charge de la ruralité et de la sécurité, Christophe Coulon revient sur l'importance du maillage territorial.

Christophe Coulon est le deuxième vice-président régional des Hauts-de-France, en charge de la ruralité et de la sécurité. Exerçant dans l'aménagement du territoire dans l'Aisne et adjoint au maire d'une commune de 1 300 habitants du côté de Laon, il assure son troisième mandat régional et défend l'appel à manifestation d'intérêt en vue de redynamiser les centres-villes centres bourgs. 148 communes identifiées pôles de centralité peuvent chacune prétendre à une aide d'un million d'euros.
Pouvez-vous nous dresser le portrait rural de la région ?
Ce sont des territoires peu denses, à l'habitat dispersé. À l’exception des deux métropoles régionales, du bassin minier et du littoral (1/6e de la population régionale vit à moins de 30 kilomètres du littoral), ce sont les mêmes problématiques. On retrouve dans le Ternois ou l'Audomarois la même physionomie qu'en Picardie. 85 % des communes des Hauts-de-France comptent moins de 2 000 habitants.
Quel est l'enjeu pour ces territoires ?
Nous avons besoin de conforter notre maillage de communes intermédiaires, d'asseoir ces bassins de vie. Il y a cinq ans nous avons lancé notre programme de redynamisation de ces communes, problématique prise à son tour en compte par l'État en 2021 à travers le label «Petites villes de demain». C'est dire si nous étions dans l'air du temps ! Nous regrettons que l'État n'ait pas pris en compte ce qui se faisait déjà et avons choisi, pour le lancement de la phase 2 de notre programme le 1er janvier, de nous aligner sur les communes qu'il avait retenues pour faciliter les choses. L'objectif est de développer l'attractivité, que les gens aient envie d'y venir parce qu'ils savent qu'ils y trouveront les services (commerciaux, administratifs) dont ils ont besoin.
114 communes aidées lors de la première vague en 2019. Quel bilan ?
80 % d'entre elles ont mené un programme lourd de réinvestissement de leur centre-ville ou centre bourg mobilisant 600 000 euros à 1 million d'euros chacune. Pour la Région, c'est jusqu'à 1 million d'euros d'aides par commune retenue. Des sommes qui peuvent s'ajouter au «fonds rural aux communes» : un nouveau dispositif dédié aux communes de moins de 2 000 habitants qui permet de débloquer chaque année jusqu'à 15 000 euros pour financer des petits projets à vocation plutôt durable (trame verte…) ou encore au «fonds aux projets structurants» : jusqu'à 750 000 euros une fois par an pour toutes les communes dans l'aide aux équipements qui rendent service à l'échelle supra communale (on pense à la cantine d'un groupe scolaire ou à un équipement culturel).
Comment peut s'imaginer la redynamisation de ces pôles de centralité ?
Cela passe du rachat de cellules commerciales abandonnées, réhabilitées puis louées par les communes par exemple, à la reconquête des logements au-dessus des commerces en passant par le stationnement, la végétalisation… tout ce qui peut favoriser l'attractivité. Nous sommes très vigilants à ce que les maires adoptent une démarche cohérente également : on ne peut tenter de sauver le commerce de centre-ville et en même temps accepter l'installation de n'importe quel commerce périphérique. La complémentarité oui, la concurrence directe non. Si nous devions constater des démarches incohérentes, nous pourrions aller jusqu'à retirer notre soutien.
Quelles sont les tendances vis-à-vis du monde rural ?
Il y a l'effet post-Covid, bien sûr, avec ce retour à l'équilibre vie professionnelle - vie personnelle, cette recherche d'une meilleure qualité de vie. Et il y a le déploiement du numérique que j'ai accompagné en ma qualité de président du syndicat mixte La Fibre numérique 59/62 (800 000 logements en milieu rural sont éligibles à la fibre). Le numérique modifie notre rapport à l'espace, il permet notamment la pratique du télétravail, rendue plus pertinente que jamais. Si on ajoute la loi zéro artificialisation nette, on comprend bien que l'organisation de la France dans son espace sera révolutionnée.
Quelles tendances dans les solutions imaginées ?
On constate le retour des halles, accueillant à la fois commerçants sédentaires et circuits courts avec des producteurs de proximité. Autre tendance : la transformation en bureaux de locaux d'habitation situés au-dessus des commerces. Plutôt que de s'installer dans les grands ensembles périphériques, ces petits locaux peuvent eux aussi participer à la redynamisation des centres-villes.
Pratique
Les communes intéressées parmi les 148 identifiées ont jusqu'au 6 mars pour candidater sur centresvillescentresbourgs@hautsdefrance.fr.
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