L'Oise Agricole 18 mars 2021 a 09h00 | Par M.R.

Des bénéfices écologiques à un régime moins carné ?

L’Agence de la transition écologique voit dans les régimes moins carnés un moyen de «libérer des terres» pour faciliter l’essor de la bio et la relocalisation.

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85 % des 26 millions d’hectares nécessaires à l’alimentation de la population française sont dédiés à l’élevage.
85 % des 26 millions d’hectares nécessaires à l’alimentation de la population française sont dédiés à l’élevage. - © Pixabay

Dans une synthèse, éditée en décembre 2020, sur l’empreinte des régimes alimentaires des Français sur l’énergie, les sols et le climat, l’Ademe confirme sans détour l’intérêt de diminuer la part des protéines animales consommées. Au-delà de son intérêt sur la question climatique, conclut le rapport, «réduire la part carnée de l’alimentation permettrait de libérer des terres en France et hors de France de manière significative, de faciliter ainsi la conversion en bio des systèmes agricoles et de relocaliser des productions pour les besoins domestiques».

Pour arriver à cette conclusion, l’Ademe a comparé trois modèles d’empreintes écologiques (Agribalyse, Solagro, Cired), qu’elle a appliqués à plusieurs types de régimes (vegan, moyen actuel, très carné) issus notamment de l’enquête Inca 2, sur les comportements alimentaires, réalisée dans les années deux mille par l’Anses auprès de quatre mille Français. Les résultats vont dans les sens des dernières études internationales : «L’importance des surfaces mobilisées est fortement corrélée au taux de protéines animales dans le régime alimentaire.» De même pour les gaz à effet de serre.

85 % de la SAU

En chiffres, cela donne ce résultat très explicite : «85 % des 26 millions d’hectares nécessaires à l’alimentation de la population française sont dédiés à l’élevage.» Un régime végétalien (sans produits animaux) est 4,5 fois moins gourmand qu’un régime fortement carné (170 g/j). Par ailleurs, les émissions de gaz à effet de serre (GES), au stade agricole, des Français baisseraient de 5,2 % tous les dix grammes de viande consommés en moins par jour. Cette quantité correspondrait à «environ un jour végétarien par semaine», pour le Français moyen, qui consomme 107 grammes de viande chaque jour. En somme, conclut l’Ademe, «les régimes alimentaires sans viande présentent toujours l’empreinte minimale au stade de la production agricole pour les trois indicateurs considérés (sol, énergie, GES)», qui excluent notamment la biodiversité. L’Agence précise que de fortes disparités existent selon le type de produits de compensation (par exemple, céréales, légumineuses ou légumes) ou leur mode de production (serres chauffées ou non, par exemple).

Enfin, les auteurs voient dans les régimes moins carnés un levier pour faciliter une augmentation de la part de bio, car les surfaces occupées par l’AB sont, à régime identique, plus étendues qu’en conventionnel : «Pour obtenir les mêmes surfaces nécessaires qu’en mode conventionnel, le consommateur bio doit manger 30 % de produits d’origine animale en moins», du fait des écarts de rendements, résument-ils.

L’alimentation représente 34 % des émissions mondiales, une part en recul

Les systèmes alimentaires mondiaux sont à l’origine d’environ 34 % des émissions humaines de gaz à effet de serre, d’après une étude publiée dans la revue Nature Food du 8 mars, et menée notamment par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Ce travail, portant sur l’année 2015, évalue à 18 milliards de tonnes d’équivalent CO2 les émissions du secteur de l’alimentation (utilisation des terres, production, transformation, distribution). Si en valeur absolue les émissions sont en croissance par rapport à leur niveau de 1990, en pourcentage, elles sont en net recul puisqu’elles représentaient alors 44 % des émissions. Dans ce chiffre global, le poids des filières alimentaires des pays développés est stable, à environ 24 %, tandis que celui des pays en développement est en forte régression avec 39 % en 2015, contre 68 % en 1990. Une baisse, relative, qui s’explique en grande partie par la forte hausse des émissions des autres secteurs. Les pays ou régions où les volumes d’émission sont les plus importants sont, dans l’ordre, la Chine, l’Indonésie, les États-Unis, le Brésil, l’Union européenne et l’Inde.

Les émissions de méthane, provenant principalement de l’élevage et de la riziculture, représentent 35 % environ des émissions de GES des systèmes alimentaires. Cette proportion est sensiblement la même dans les pays développés et dans les pays en développement, constate l’étude. L’utilisation des terres représente environ 32 % des émissions, tandis que 29 % sont attribuables à la distribution et la transformation, une part qui augmente et qui devrait continuer de croître. En effet, le système alimentaire mondial est de plus en plus énergivore, tiré par le commerce de détail, le conditionnement des produits, leur transport et leur transformation. Les activités de la «chaîne du froid» représentent à elles seules 5 % environ des émissions mondiales. Mais cette augmentation de la consommation énergétique se fait aussi ressentir au niveau de la production avec une hausse de 15 % des émissions dues à l’utilisation d’énergie dans le secteur agricole par rapport à 1990 principalement dans les régions en développement. Ces chiffres devraient alimenter les discussions du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires qui doit se tenir cette année.

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