Gènes diffusion se renforce
Malgré un contexte national de décapitalisation des élevages bovins et de crise porcine, la coopérative Gènes diffusion affiche «de belles performances», selon son président et dégage un résultat net positif pour la seconde année consécutive.
Pour la seconde année consécutive, et malgré un contexte de crise, le CIA Gènes diffusion a présenté un résultat positif synonyme de «retour à la rentabilité», a indiqué son président, Alain Guillaume, lors de son assemblée générale le 23 juin dernier à Douai (59). Avec un chiffre d'affaires de 26,3 millions d'euros en 2021 - contre 27,1 millions en 2020 -, la coopérative de sélection animale a en effet réalisé un résultat net de 1,5 million d'euros. Pour son directeur, Claude Grenier, «nous sommes dans une tendance intéressante en ce qui concerne le résultat net puisque c'est la deuxième année qu'il est positif». Dans le même temps, l'endettement de la coopérative diminue, tandis que la trésorerie progresse. Ce retour à la profitabilité, la coopérative le doit aussi en partie à une restructuration de ses filières à l'international, et n'exclut pas de poursuivre dans ce sens. Pour les éleveurs adhérents, cette bonne performance se traduit par le bénéfice d'une remise de 2 EUR par IAP, «soit l'équivalent de 9 % de remise». Pour la coopérative, les bons résultats vont permettre «de continuer à investir et développer ses offres», a encore détaillé son président qui déplore au passage «un désengagement de l'État dans le soutien à la filière génétique».
Bovins et porcins, activités majeures
Si les chiffres comptables satisfont les responsables de la coopérative, ceux-ci se réjouissent également de la qualité du travail de ses équipes : «Nous sommes toujours contents de voir que nous plaçons des taureaux dans le haut des classements», a dit Alain Guillaume. Non sans une certaine fierté, Gènes diffusion revendique ainsi 27 % du marché français de l'insémination en race holstein, 60 % du marché en race charolaise ou encore 38 % du marché en race normande. À n'en pas douter, la mise en place d'organismes de sélection (OS) pour ces deux races propres à l'Union Gènes diffusion, comme le déploiement du programme «Génétique haute performance» (GHP), n'y sont pas étrangers. Le génotypage connait lui aussi «un réel essor», selon Claude Grenier, «avec une progression à deux chiffres». En 2021, la coopérative Gènes diffusion comptait 5 734 adhérents, contre 5 814 en 2020. Cette baisse de 1 % du nombre d'éleveurs adhérents apparait «moins importante que les années précédentes», a souligné Vincent Delcloy, directeur général adjoint. Le nombre d'élevages réalisant via Gènes diffusion plus de 100 IAP bovines progresse, quant à lui, au point de représenter entre 17 et 18 % des adhérents. En bovins, l'activité «lait» reste de loin la plus importante avec 231 909 IAP réalisées contre 43 254 IAP réalisées dans des ateliers allaitants. Le nombre total d'IAP réalisées est de 275 163 contre 283 922 réalisations en 2020, ce qui n'inquiète pas outre mesure Vincent Delcloy qui constate «un nombre d'éleveurs inséminateurs en hausse».En porcs, 3,6 millions de doses ont été produites en 2021, dont 2,8 millions de doses pour le marché français, conférant 60 % de parts de marché à Gènes diffusion. À cela s'ajoute une collecte à la ferme (500 000 doses) pour laquelle la coopérative fournit aux éleveurs le matériel. Au regard de ces chiffres, pas de doute : «l'activité porcine reste importante pour notre coopérative», s'est félicité Claude Grenier. Enfin, la reproduction équine et cunicole restent des activités de niche avec respectivement 1 466 juments inséminées et 527 000 doses pour l'élevage de lapins. Doigts croisés pour 2022 En ce qui concerne l'année en cours, les regards se portent bien évidemment sur les deux filières porteuses pour l'activité de Gènes diffusion : le bovin et le porcin... sans toutefois négliger les autres secteurs. En bovin, la coopérative rappelle ainsi avoir opéré un certain nombre de restructurations. «Aujourd'hui, la tendance est positive, mais il ne faudrait pas trop d'arrêts d'élevages et de transferts à la concurrence», rapporte Claude Grenier. Dans l'activité porcine, Gènes diffusion table par exemple sur une baisse de son activité «de 2 %», ce qui reste «raisonnable quand on sait que nos concurrents perdent plus», se rassure M. Grenier. Pour ce qui est de la filière équine, la feuille de route fixée par le conseil d'administration de la coopérative demande à la direction «d'être rentable». Parallèlement à l'activité toutes filières confondues, la grande inconnue de 2022 est sans aucun doute l'augmentation des charges liée à la nature des métiers de Gènes diffusion : «Nos techniciens passent beaucoup de temps sur les routes et cela a un coût», relève la direction de la coopérative. Sur les cinq premiers mois de l'année, elle estime déjà à plus de 100 000 EUR le montant des charges supplémentaires liées au prix des carburants. «Ne sachant pas quand cela va s'arrêter, il aura forcément un impact sur les comptes 2022 et le résultat», craint d'ores et déjà Claude Grenier.
La data et les questions qui se posent autour
L'arrivée massive des nouvelles technologies dans les élevages n'est pas neutre et avec elle, se pose un certain nombre de questions, notamment en ce qui concerne les données générées par cette utilisation. «À un moment donné, il va falloir avoir des réponses», a déclaré Alain Guillaume, le président du CIA Gènes Diffusion : «À qui appartiennent les données ? À celui qui les fournit ? À celui qui les extrait, à celui qui les stockent et qui les interprètent ? Ou à chacun d'entre eux ?» Si Alain Guillaume pose ces questions, c'est parce qu'il a un avis sur le sujet... «La donnée seule ne vaut rien, affirme-t-il. Quand on la met au service d'un collectif, elle commence à avoir de la valeur mais qui possède les droits ?» D'autant que stocker de la date «coûte cher». À titre «personnel», M. Guillaume se dit «favorable à ce que l'éleveur reste propriétaire des données qu'il génère sur son exploitation, mais il faut peut-être que ce droit de propriété soit partagé». Et de l'assurer : «Le débat devra avoir lieu tôt ou tard, et pas seulement à l'échelle d'une coopérative.»
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