L'Oise Agricole 20 mars 2022 a 10h00 | Par DLC

«Il faut faire confiance aux agriculteurs»

Élue en 2017 pour la première fois, Agnès Thill, députée de la 2e circonscription de l’Oise, revient sur son travail avec la profession agricole.

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Agnès Thill.
Agnès Thill. - © D.A.

Avant votre mandat de députée, connaissiez-vous le milieu agricole de l’Oise ?

Agnès Thill : Je suis institutrice de formation, je suis devenue directrice d’école et j’ai élevée seule ma fille. Je viens de la société civile, je n’avais exercé aucun mandat politique précédemment. Je suis de la promotion Macron et je suis devenue députée pour servir les citoyens, c’est un honneur pour moi. Je ne connaissais absolument pas le monde agricole avant mon élection.

Vous souvenez-vous de votre premier contact ? de quel dossier s’agissait-il ?

A. T. : Lors de la campagne aux législatives, j’ai été invitée, comme tous les candidats, à une rencontre sur une exploitation agricole, organisée par la FDSEA de l’Oise, où chacun devait exposer son programme. J’ai découvert la Pac, les aides, un contexte économique très nouveau pour moi et j’ai été très étonnée d’entendre mes interlocuteurs demander à vivre de leur métier.

Une fois élue, j’ai répondu à toutes les sollicitations, j’ai beaucoup écouté mes interlocuteurs agriculteurs et j’ai appris à connaître ce milieu professionnel, très varié de par ses structures et ses productions. Au delà de l’image habituelle, j’ai découvert des gens passionnés, qui font leur métier avec amour et qui ont une grande connaissance de la nature et de leur environnement. Ce qui m’est apparu, c’est que les agriculteurs produisent dans un contexte incertain. D’abord, parce qu’ils sont soumis aux aléas climatiques et aux conditions météorologiques qui leur sont favorables ou pas. Ensuite, parce que le contexte politique, économique ou réglementaire varie au gré des textes de loi. Il faut aimer vivre dangereusement quand on fait ce métier et avoir une sacrée force morale pour se lever le matin. Je pense ainsi à la famille Verschuere qui, depuis des années, vit avec une épée de Damoclès et se voit aujourd’hui condamnée au pire.

Pourtant, les agriculteurs pratiquent leur métier au mieux, ils n’ont aucun intérêt à de mauvaises pratiques et les mauvais procès qu’on leur fait sont parfois lourds de conséquences.

Vous avez beaucoup suivi les dossiers agricoles et répondu aux sollicitations des responsables professionnels. Quels dossiers vous ont particulièrement marquée ?

A. T. : Le premier dossier a été Lubrizol, cela a été un véritable choc de voir les exploitants de mon secteur devoir jeté leur lait. Mais j’ai aussi vu la solidarité s’organiser et tout un mécanisme d’aides se mettre en place pour aider les exploitants touchés à s’en sortir.

Aujourd’hui, c’est la Pac 2023 qui fait l’actualité et sa mesure de 4 % de jachère. Comment peut-on imaginer demander à des producteurs de ne pas produire, surtout dans le contexte de guerre actuel qui amène de nombreuses incertitudes.

Ensuite, le dossier glyphosate que les agriculteurs abandonneront uniquement lorsque des solutions alternatives auront été trouvées. Il faut faire confiance aux agriculteurs, ce sont des professionnels qui savent ce qu’ils font et qui n’ont aucun intérêt à polluer ou détruire la biodiversité. Ils nourrissent la population, façonnent les paysages et doivent être rémunérés pour cela. Par exemple, pour l’entretien des haies qu’ils assurent. De même, toute la polémique autour des ZNT me paraît exagérée. Avec la charte riverains, les buses anti-dérive et le respect des bonnes conditions d’application, il me semble que tout est fait pour limiter la pollution diffuse. Seules des considérations scientifiques doivent présider aux décisions. Nous attendons le retour des études de l’Anses et des compensations devront être trouvées. Sur le dossier NNI, j’ai voté pour la dérogation sur semences de betteraves car je sais le poids de l’industrie sucrière dans notre région et je préfère ce sucre à celui qu’on importe sans savoir comment il a été produit. Dans la même idée, nous attendons la mise en oeuvre de la loi Egalim 2. Dans tous les cas, n’importons pas l’agriculture dont nous ne voulons pas.

Quelle ambition portez-vous pour l’agriculture de l’Oise ?

A. T. : Nous devons travailler à plus de souveraineté alimentaire et un département comme l’Oise a tout pour y contribuer : des jeunes qui veulent s’installer et qu’il faudra aider par des mesures fiscales, un bon niveau de formation et des conditions pédo-climatiques favorables. Mais il faut simplifier la réglementation car trop de normes et de contraintes empêchent des projets d’aboutir. Les agriculteurs ont l’habitude de respecter les règles et de subir des contrôles. Il faut les laisser innover et se développer.

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