L'Oise Agricole 29 février 2024 a 09h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

Ultime pression départementale avant et au début du Salon de l'agriculture

La FDSEA et les JA de l'Oise avaient appelé à mobilisation le jeudi 22 février, juste avant l'ouverture du Sia, histoire de rappeler au gouvernement et aux services de l'État qu'ils sont dans l'attente d'actes concrets en faveur de l'agriculture et de la simplification administrative.

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Que ce soit à Beauvais, Senlis ou Compiègne, une cinquantaine de tracteurs et une centaine d'agriculteurs se sont mobilisés le 22 février dernier à l'heure du déjeuner. La volonté était de maintenir la pression à deux jours de l'ouverture officielle du salon, que l'on présentait sous haute tension.
Que ce soit à Beauvais, Senlis ou Compiègne, une cinquantaine de tracteurs et une centaine d'agriculteurs se sont mobilisés le 22 février dernier à l'heure du déjeuner. La volonté était de maintenir la pression à deux jours de l'ouverture officielle du salon, que l'on présentait sous haute tension. - © dr

Bien qu'avertis tardivement, les adhérents ont répondu en nombre, que ce soit devant la préfecture à Beauvais, ou en sous-préfecture, à Compiègne et Senlis. Agriculteurs et tracteurs se sont réunis le jeudi 22 février devant ces lieux symboliques pour montrer leur impatience face aux retours trop lents suite à leurs demandes. Preuve que la tension est forte et la mobilisation finalement attendue.

Sur les trois sites, des délégations ont été reçues par les services de la préfecture pour un point sur l'avancée des discussions en cours depuis déjà plusieurs semaines au niveau départemental.

Au salon

La mobilisation s'est poursuivie vendredi autour de la porte de Versailles par une manifestation à l'initiative de la FNSEA : défilé de tracteurs de toutes les régions, soirée barbecue et nuit sur place. Une trentaine de participants venaient de l'Oise.

«Pour l'ouverture officielle du salon le samedi matin, nous avions fermement l'intention de ne pas permettre au Président Macron de vivre une inauguration tranquille, voir même de l'obliger à faire demi-tour», confesse Régis Desrumaux. Un car au départ de Beauvais, avec une quarantaine d'agriculteurs, avait été affrété pour arriver peu avant l'ouverture.

C'est à ce moment-là que les événements ont (un peu !) dérapé. Une entrée secondaire a été ouverte et les manifestants ont investi le hall 1, repoussés par les policiers toujours plus nombreux. «C'est là que je suis fait embarquer dans le panier à salade dans lequel j'ai attendu seul pendant un bon moment avant d'être rejoint par un agriculteur de Seine-et-Marne avec sa fille», poursuit le président de la FDSEA.

Ils ont été emmenés au commissariat du XIIIe arrondissement où l'interrogatoire a commencé après une fouille. «Je n'avais pas mon téléphone, je n'ai pu prévenir personne et on me menaçait de me rendre responsable de coups et blessures ayant entraîné une interruption de travail et de rebellion.»

Mais certains savent que le président de la FDSEA est en garde à vue et la résistance s'organise très rapidement. La nouvelle se répand vite, les responsables mobilisent en catastrophe et plusieurs actions coups de poing sont organisés simultanément sur l'ensemble du département ce samedi matin. Différents ronds poings sont notamment été visés à l'entrée de Beauvais, le parvis de la préfecture et sur le secteur de Compiègne sont investis avec la présence de plusieurs centaines de personnes avec leurs tracteurs, le contenu de camions sont contrôlés.

Avec le Président

«Le responsable du commissariat est alors intervenu et j'ai vu que quelque chose se passait au changement de comportement de mes interlocuteurs. À ma grande surprise, ils m'ont relâché et même ramené au salon, moi qui n'étais qu'un dangereux agitateur quelques minutes plus tôt», en rit encore Régis Desrumaux. La pression de la FNSEA et les manifestations dans l'Oise ont sans doute permis ce revirement de situation ! Il est alors conduit dans les salons de la porte de Versailles où Arnaud Rousseau l'accueille en lui annonçant qu'il va participer aux échanges avec le Président Macron.

«Je portais un tee-shirt avec Paysans sans président et Emmanuel Macron m'a demandé de l'enlever, ce que j'ai fait par respect, mais je le regrette un peu maintenant, j'ai été pris de court. J'ai bien compris que nos actions crantées depuis plusieurs semaines agaçaient le Président qui avait l'air de prendre conscience de l'ampleur de la crise. Cela m'a conforté dans l'idée que nous sommes sur la bonne voix. Les choses avancent, mais cela va prendre du temps. Nous travaillons sur le temps long, avec des résultats qui seront progressifs», assure Régis Desrumaux.

Le président de la FDSEA compte aussi sur le soutien de l'opinion publique pour continuer le combat et il affirme avoir observé que le monde agricole, même éclaté entre régions, productions et syndicats, fait preuve d'une belle unité dans ce combat qui derait finir par aboutir. «Nous poussons tous dans le même sens.»

D'autres rendez-vous sont prévus dans les semaines et mois à venir, avec des temps forts, qui seront exploités si nécessaire. En attendant, le travail de fond continue, notamment avec la préfecture, et la future loi d'orientation agricole est attendue avec impatience, elle est porteuse d'espoirs.

Rencontre à la préfecture le 22 février.
Rencontre à la préfecture le 22 février. - © DR

Premiers arrêtés dans l'Oise

La préfète de l'Oise a annoncé la prise de trois arrêtés qui visent à :

- rendre possible le dépôt d'un dossier simplifié de demande de dérogation «espèces protégées» en vue du déplacement ou de l'arrachage d'une haie sur des parcelles agricoles. Ce dossier simplifié dispense désormais les demandeurs de réaliser un inventaire écologique en passant par un cabinet d'expertise spécialisé. Cela permet notamment de réduire les délais d'instruction de ces demandes : le délai maximal pour l'obtention de l'autorisation passe ainsi de 12 mois à 5 mois désormais. En complément, un guide d'aide à la constitution de ces dossiers a été réalisé.

- passer d'un système d'autorisation à un système de simple déclaration pour les curages ponctuels de fossés. Le demandeur bénéficie désormais d'un accord tacite des services de l'État lui permettant de commencer les travaux 2 mois après l'accusé réception de son dossier de déclaration, au lieu des 9 mois nécessaires à l'instruction des demandes soumises au régime d'autorisation.

- mettre fin aux tests sanitaires réalisés en doublon pour les troupeaux de bovins d'engraissement, que les exploitants souhaitent destiner à la vente plutôt qu'à l'abattage.

C'est un début, selon les responsables syndicaux.

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