L'Oise Agricole 09 juin 2022 a 08h00 | Par Christophe Soulard

Après les dégâts de la Pentecôte, l'impatience des agriculteurs

Pas moins de 65 départements ont été touchés le week-end de la pentecôte par de violents orages qui ont détruit de très nombreuses cultures et parfois des exploitations entières.

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Le ministre Marc Fesneau a annoncé une série de dispositifs désormais traditionnels pour compenser la facture des dégâts.
Le ministre Marc Fesneau a annoncé une série de dispositifs désormais traditionnels pour compenser la facture des dégâts. - © Christophe Soulard

Après le gel, la sécheresse, voilà maintenant les orages avec des pluies et des vents violents et surtout la grêle qui «constitue une vraie catastrophe», s'est émue la présidente de la FNSEA Christiane Lambert. «C'est l'année des superlatifs : la plus chaude, la plus sèche et maintenant avec le plus de grêle», s'estimant «déconcertée» par «l'accumulation, la multiplication et même l'addition de ces événements climatiques». Ce ne sont pas moins de quarante départements qui ont subi des violentes chutes de grêle parfois avec des grêlons dépassant la taille d'une balle de tennis. Les dégâts vont de la Bretagne au Gers et aux Landes en passant par l'Indre-et-Loire ou encore l'Allier, a-t-elle noté. Le vent a soufflé à plus de 100 km/h par endroits, par exemple 103 km/h à Saint-André-en-Terre-Plaine dans l'Yonne, selon Météo-France. Dans certaines communes, il est tombé l'équivalent d'un mois de juin normal de pluie en seulement 12 h : par exemple 74 mm à Saint-Yan en Saône-et-Loire, ou Donnemarie-Dontilly en Seine-et-Marne, selon Météo-France. Les départements les plus foudroyés ont été l'Allier, l'Aveyron et la Saône-et-Loire.

Cultures et bâtiments endommagés

D'après le compte Twitter de l'agroclimatologue, Serge Zarka, notre pays a recensé plus de 1 500 chutes de grêle d'un diamètre supérieur à 2 cm dont 150 supérieurs à 5 cm. Peu de cultures peuvent résister à une telle agression comme a pu le constater le ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau. Il était en déplacement le lundi 6 juin à Saint-Quentin-de-Caplong (Gironde) puis à Castelnau d'Auzan (Gers) auprès des viticulteurs du sud-ouest. Il a pu observer personnellement les ceps mis à nus, les grappes et les feuilles à terre, et les ceps parfois brisés sous l'impact des grêlons.

Dans un communiqué du 5 juin, la FNSEA rappelle que si de nombreuses cultures ont été touchées, les bâtiments ont également subis d'importants dommages. «Les premiers éléments montrent que les dégâts sont localement très importants avec des exploitations qui peuvent être touchées à 100 %. Alors que les cultures de céréales arrivaient à maturité, les pertes dues à la grêle seront considérables dans les exploitations frappées», indique le syndicat majoritaire.

«L'État doit accompagner les investissements»

Le ministre Marc Fesneau qui était accompagné dans le Gers de Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA, a annoncé une série de dispositifs désormais traditionnels comme l'allègement des charges, la défiscalisation sur la taxe sur le foncier non bâti et le dispositif des calamités agricoles. Avec ses services, il regarde la manière dont les prêts garantis par l'État (PGE) pourraient être prolongés dans la durée. En effet, de nombreuses exploitations se trouvent déjà dans des situations financières délicates, ce qui leur interdit de prétendre à ces PGE, d'autant qu'ayant subi des intempéries, elles perdent d'importantes recettes.

En tout état de cause, la FNSEA souhaite que le gouvernement intervienne rapidement pour «permettre aux agriculteurs de faire face, alors même que les engagements de vente ont déjà pu intervenir». «Il faut réformer notre système assurantiel. Les agriculteurs font évoluer leurs pratiques et tablent sur trois outils : assurance/adaptation des techniques culturales/irrigation. L'État doit accompagner les investissements», a rappelé Jérôme Despey.

Surtout, elle presse les pouvoirs publics «de mesurer les impacts économiques de cet épisode» notamment pour avancer sur le dossier de l'assurance récolte dont la mise en oeuvre doit intervenir le 1er janvier 2023. Avec une enveloppe d'environ 600 millions d'euros, les agriculteurs devraient pouvoir mieux s'assurer. En France, seul un tiers des céréaliers et viticulteurs et un dixième des arboriculteurs sont assurés. Car beaucoup, faute de trésorerie n'ont pas les moyens de le faire...

Assurance récolte : rappel du futur mécanisme

D'après les premiers éléments mis sur la table pour la future assurance récolte qui entrera en vigueur le 1er janvier 2023, quand un agriculteur perdra moins de 20 % de sa récolte, il ne sera pas indemnisé. De 20 % à 50 %, l'assureur prendra en charge tous les dégâts. Au-delà, c'est l'État qui paiera. L'objectif est d'inciter les agriculteurs à s'assurer. «Le doublement du budget passant de 300 à 600 millions d'euros permettra à plus d'agriculteurs de s'assurer», a souligné Marc Fesneau lors de son déplacement en province le 6 juin.

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