L'Oise Agricole 17 juin 2021 a 09h00 | Par DLC

Des essais pour une agriculture doublement performante

Crise sanitaire oblige, le traditionnel rendez-vous de la plateforme d'essais a été remplacée par la visite des groupes de développement ou sur des thématiques.

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Les agriculteurs s'intéressent aux associations de culture.
Les agriculteurs s'intéressent aux associations de culture. - © DLC

En lien avec le plan protéines pour favoriser le retour des cultures productrices de protéines dans les Hauts-de-France, Catenoy consacre une partie des essais aux modalités de désherbage des pois d'hiver. Ce sont bien entendu les ray grass qui posent des difficultés du fait des résistances acquises par certaines populations. Test original, peu pratiqué sur les plateforme, la lutte contre les corvidés et les pigeons. Audrey Warin-Rémont, responsable du site de Catenoy, en atteste : «sur la zone, corbeaux et pigeons sont nombreux. Les corbeaux sont particulièrement friands du soja, du lupin et du pois chiche. Nous testons ici deux méthodes de lutte : soit un produit à base d'huile essentielle de lavande ou de menthe poivrée pour un effet répulsif, soit une stratégie de camouflage en semant les pois sous un couvert d'orge de printemps. Si cette dernière est semée en même que les pois, elle est difficile à détruire. Du coup, le conseil est de la semer avant, à l'automne.» Pour l'instant, sur l'essai huile essentielle (HE), les corbeaux sont partis, mais il faudra évaluer le résultat final et surtout le coût et la charge de travail car l'HE est épandue dès le semis tous les 5 à 6 jours. La conseillère croît plus à la faisabilité pratique d'une stratégie de camouflage.

De nouvelles cultures

Suite à la demande de certains agriculteurs du Noyonnais en recherche de nouveaux débouchés, les Chambres proposent à Catenoy un essai de différentes variétés de blé dur, habituellement cultivé dans des zones plus méridionales. «Le point le plus délicat est la teneur en protéines car elle doit être au moins de 14 pour permettre l'usage du blé dur. La fertilisation azotée du blé dur est très différente, de gros apports tardifs, et il faut gérer la fusariose à laquelle cette culture est particulièrement sensible», précise Audrey Warin Rémont.

D'autres espèces occupent la plateforme comme la lentille verte, la noire, la corail, le lupin, le pois chiche. Ces espèces sont souvent semées en association avec des céréales qui servent de tuteurs à ces espèces dont le port est assez bas, occasionnant des difficultés de récolte. Comme tuteur, l'orge de printemps s'avère d'ailleurs plus efficace que le seigle ou le blé. Cette association permet aussi une couverture plus rapide du sol.

Enfin, des variétés de soja du groupe de précocité 00, sont testées. Elles permettent un gain de 10 jours à la récolte et un meilleur rendement. La constitution d'une filière locale soja semble possible face au soja brésilien dans l'optique d'une alimentation du bétail plus locale et plus saine.

Des cultures associées

Une bonne partie de la plateforme est vouée à des essais de cultures associées : blé + féverole ou pois, triticale + féverole, orge de printemps + féverole. L'avoine est à éviter dans les associations, elle est trop concurrentielle.

«Il s'agit de proposer aux agriculteurs conventionnels une démarche mise au point en agriculture biologique. Cultiver ensemble deux espèces permet de créer une synergie entre les deux qui se traduit par un effet tuteur, une meilleure couverture du sol avec moins d'adventices, une réduction de la fertilisation azotée, une diminution de la pression ravageurs et, au final, un gain supérieur aux deux cultures séparées», argumente la conseillère.

L'inconvénient majeur reste le tri nécessaire après récolte. Un trieur à plat ou rotatif peut séparer les graines de céréales et de protéagineux, pour un coût de 10 à 15 EUR/t. La séparation est plus compliquée avec des légumineuses dont les graines sont plus petites. Il faudra alors des outils spécifiques réservés aux opérateurs du travail du grain. Un obstacle pas insurmontable si plusieurs agriculteurs s'y intéressent ensemble.

La saponaire, testée à Catenoy, pour la biodiversité.
La saponaire, testée à Catenoy, pour la biodiversité. - © DLC

Essais biodiversité

Sur la plateforme, des essais sont menés autour de plantes ou de mélanges de plantes qui pourraient (ou devraient, d'un point de vue réglementaire) être implantées sur des bandes enherbées ou dans les zones de non traitement autour des habitations. Dans ce cas, autant que ces surfaces aient un intérêt, notamment pour l'accueil des insectes auxiliaires ou des abeilles. Sont ainsi testés la saponaire, le bleuet, la luzerne, la nielle, la phacélie ou des mélanges d'espèces comprenant par exemple de l'aneth, de la mauve, de l'achillée, de la bourrache, du lin, du nyger, du souci, du sarrasin, de la chrysanthème des moissons...

- © DLC

Hervé Ancellin, président de la Chambre d'agriculture de l'Oise

«Des résultats depuis 10 ans et des défis à relever»

Dix ans d'expérimentations à Catenoy, l'occasion pour les Chambres de revenir sur les travaux engagés et de regarder vers l'avenir. Dans cette dernière décennie, nous avons pu de suivre, expérimenter et accompagner les agriculteurs sur de nombreuses avancées génétiques mais aussi numériques. La plateforme des Chambres d'agriculture a su être innovante grâce à la mise en place de thématiques ou de pratiques peu développées dans la région. Par exemple, nous travaillons sur les nouvelles protéines comme le soja, le pois chiche ou le lupin depuis 12 ans. Autre exemple, nous venons de terminer un projet de 5 ans sur la production de Cive et attaquons la 3e année d'essais sur le sorgho, cultivé pour son potentiel de production et sa capacité à résister à des conditions climatiques plus sèches que le maïs.

Des projets sont en cours de lancement grâce à l'appui et la confiance du Conseil régional des Hauts de France, et du ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation. De nouveaux challenges sont à relever et de nombreuses opportunités sont à saisir. Nous avons choisi de prioriser nos actions sur l'agroécologie, les protéines, le changement climatique et sur les besoins en eau des cultures.

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