L'Oise Agricole 05 mai 2022 a 09h00 | Par Christophe Soulard

Des prix élevés pour les matières premières jusqu’à fin 2024

Selon la dernière édition du rapport Commodity Markets Outlook (Perspectives des marchés des matières premières) publié par la Banque mondiale fin avril, les prix vont se maintenir à des niveaux historiquement élevés jusqu’à la fin de 2024.

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Les cours du blé devraient augmenter de plus de 40 % et atteindre un niveau record en valeur nominale cette année,
ce qui pénalisera les économies en développement qui dépendent des importations.
Les cours du blé devraient augmenter de plus de 40 % et atteindre un niveau record en valeur nominale cette année, ce qui pénalisera les économies en développement qui dépendent des importations. - © Pixabay

«Globalement, il s'agit du plus grand choc sur les produits de base que nous ayons connu depuis les années 1970», a expliqué Indermit Gill, vice-président de la Banque mondiale pour le pôle Croissance équitable, finances et institutions. «On s'attend à ce que la plupart des prix des produits de base connaissent de fortes augmentations en 2022 et restent élevés à moyen terme», souligne le rapport. En l’espèce, la guerre entre l’Ukraine et la Russie a provoqué un choc majeur et une recrudescence des restrictions sur les échanges de denrées alimentaires, de carburant et d’engrais. Concrètement, les prix de l’énergie, au plan mondial, sont quatre fois plus élevés en mars 2022 que leur niveau le plus bas d’avril 2020. Ce qui représente la «plus forte augmentation sur vingt-trois mois des prix de l'énergie depuis la hausse des prix du pétrole de 1973», souligne l’étude. Par voie de conséquence puisqu’il faut de l’énergie (gaz) pour fabriquer des engrais, le prix de ces derniers ont augmenté de 220 % entre avril 2020 et mars 2022, «leur plus forte hausse sur 23 mois depuis 2008», remarque la Banque mondiale. Elle souligne aussi que la Chine, pour garantir un approvisionnement suffisant de sa production alimentaire nationale, a suspendu toute exportation d’urée et de phosphate jusqu’en juin 2022, ce qui amplifie encore l’augmentation des prix.

Blé : + 40 % en 2022

La Banque mondiale confirme l’impact général du conflit russo-ukrainien dans de nombreux secteurs, à commercer par les prix agricoles qui devraient augmenter de 18 % cette année au plan mondial en raison de la hausse des coûts des intrants, du carburant, des produits chimiques et des engrais. Ainsi les prix de l’énergie devraient probablement grimper de plus de 50 % en 2022 avant de baisser en 2023 et 2024. Le prix des métaux devrait lui aussi croître d’environ 20 % avec des répercussions sur les ventes de matériels agricoles. Prédisant une chute de la production ukrainienne de céréales de 20 à 50 %, et une «hausse prévue pour 2022 de l'indice des prix agricoles (reflétant) les flambées des prix du blé et du maïs», elle table sur un repli des prix agricoles en 2023, «en raison de l'augmentation de l'offre en provenance du reste du monde, notamment du blé d'Argentine, du Brésil et des États-Unis». Néanmoins, «les prix agricoles en 2023-2024 resteront bien supérieurs aux prévisions précédentes», ajoute le rapport. Cependant, les cours du blé devraient augmenter de plus de 40 % et atteindre un niveau record en valeur nominale cette année, ce qui pénalisera les économies en développement qui dépendent des importations de blé (lire encadré). Autre conséquence de ces dérèglements économiques : à court terme, la hausse des prix menace de perturber ou de retarder la transition vers des formes d’énergie plus propres. Plusieurs pays ont en effet annoncé leur intention d’augmenter la production de combustibles fossiles.

En Afrique, un risque accru de famine pour 20 millions de personnes

Dans une conférence des donateurs organisée à Genève le 26 avril, l’Organisation des nations unies a recueilli 1,39 milliard de dollars (Md$) pour aider la Corne de l’Afrique à lutter contre la famine. Ce sont en effet près de 20 millions de personnes qui sont très sérieusement exposées à ce risque : plus de 6 millions en Somalie, 6,5 en Éthiopie et 3,5 millions au Kenya. Cette famine est consécutive «à la pire sécheresse que cette région connaît depuis plus de 40 ans», précise un communiqué de l’Organisation. Selon elle, «un million de personnes ont déjà quitté leur foyer par manque d'eau ou de pâturages, et au moins 3 millions de têtes de bétail sont mortes». Le Plan alimentaire mondial est également mobilisé. Sur ces 1,39 Md$, l’Union européenne apporte 349 millions d’euros, a précisé la Commission européenne le 26 avril.

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