L'Oise Agricole 22 mai 2022 a 11h00 | Par Sophie Chatenet

Le verre à l'honneur en 2022

Les Nations Unies ont proclamé 2022 «année internationale du verre» en soulignant le rôle du verre dans les domaines scientifiques, économiques, artistiques et culturels. L'art verrier est un art qui se déploie dans le Massif central.

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De l'objet de quotidien aux pièces d'art, le verre est un matériau déclinable à l'infini.
De l'objet de quotidien aux pièces d'art, le verre est un matériau déclinable à l'infini. - © Lycée Jean-Monnet

Rares sont les matériaux aussi présents dans nos vies. Le verre est à notre quotidien ce que le vert est à la nature. Un indispensable. Du matin au soir, de la salle de bain (miroir, flacon de parfum...) à la cuisine (plat de cuisson, plaque de cuisson...) et aux repas (bouteille, pot, verre à boire, saladier...) des transports (pare-brises...), aux communications (écran de smartphone et fibre optique) et au bâtiment (fenêtre et isolation), à la décoration (luminaires, vases) ... Le verre parce qu'il est à la fois séculaire et moderne, noble et vertueux a su retrouver ses lettres de noblesse face au plastique notamment, désormais ennemi public numéro un.

En verre et contre tout !

Alors que les Nations-Unies ont proclamé 2022, «année internationale du verre», une première, les organisations professionnelles et scientifiques qui représentent le verre en France organisent tout au long de cette année, des expositions, colloques, visites d'ateliers, d'entreprises... «Cette année sera l'occasion de travailler sur les problématiques d'attractivité du secteur, mais aussi d'amplifier les connaissances de chacun autour du verre. Notamment sur son potentiel lié au recyclage à 100 % sur un nombre de cycles infinis. L'objectif est de sensibiliser au maximum afin d'atteindre un taux de collecte du verre de 90 % en Europe à l'horizon 2030. Depuis deux ans, une plate-forme collaborative «Close the Glass Loop» a même vu le jour au niveau européen pour partager de bonnes pratiques, dans le but d'encourager au geste de tri», expliquait récemment Jacques Bordas, président de la Fédération des industries du verre, à nos confrères de l'Usine Nouvelle.

Patrimoine immatériel

La France est le deuxième pays producteur de verre en Europe après l'Allemagne. Depuis qu'il est fabriqué par l'homme, le verre fait l'objet de recherches incessantes pour explorer et améliorer ses qualités. L'Union pour la science et la technologie verrières recense pas moins de 30 laboratoires de recherches académiques et industriels en France ainsi que six laboratoires du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), qui travaillent conjointement pour comprendre et améliorer les propriétés du verre. Qu'il s'agisse d'art, d'artisanat ou d'industrie, ses différentes phases de fabrication ont donné lieu à de nombreux savoir-faire. Perpétuant des pratiques ancestrales, les gestes des savoir-faire verriers ont été inscrits à l'inventaire du patrimoine culturel immatériel de la France en 2019.

Un pôle national dans l'Allier

Protégés, ils sont aussi renouvelés grâce à de nombreux centres de formation aux métiers d'art du verre et aux métiers de techniciens des industries du verre qui répondent aux besoins des industriels dans le secteur du verre plat, du verre creux ainsi que des verres techniques et spéciaux. Ainsi, dans l'Allier, à Yzeure, le lycée Jean-Monnet est devenu, au fil des ans, un pôle d'excellence des métiers de la verrerie. C'est au début des années 1960 que le ministère de l'Éducation nationale a autorisé le lycée technique Jean-Monnet, alors situé à proximité des cristalleries de Souvigny, à ouvrir des sections préparant les jeunes aux métiers du verre. Une initiative alors soutenue par la Fédération des cristalleries et verreries à la main et mixtes. L'école a depuis formé de nombreuses générations d'élèves, dont quelques M.O.F (Meilleurs Ouvriers de France) qui ont rejoint les cristalliers les plus prestigieux, comme Baccarat, Saint-Louis ou encore Royale de Champagne. L'école supérieure du design, des métiers de l'art et de l'artisanat (ESDMAA), labellisée «Ecole nationale du verre» est aujourd'hui à la pointe sur les techniques de décoration et de transformation du verre plat.

Du Nord au nord de la Corrèze : le parcours d'une alchimiste

Initiée au soufflage de verre en 2012, au musée d'art contemporain du verre à Sars-Poteries dans le Nord, Julie Lefebvre est tombée sous le charme de la matière en fusion. Après trois ans en tant que bénévole à l'atelier-musée du verre de Trélon (ndlr, écomusée de l'Avesnois, ancienne fabrique de bouteilles de champagne et de flaconnage), elle a décidé de se reconvertir. Elle a passé son CAP «Arts du verre et du cristal» à Yzeure dans l'Allier et a ouvert son atelier à Uzerche, en Corrèze, en mai 2019. Chez l'Alchimiste, on trouve des objets pour la maison (diffuseurs de parfums, lampes à huile, huiliers-vinaigriers, distributeurs de savons, vases, carafes, presse-papiers, boules de Noël), mais aussi des pièces uniques (luminaires sur mesure, créations totems...). Artistiquement, elle sculpte ses oeuvres dans un style épuré, moderne et sobre, travaillant les jeux de transparences et le craquelé. Une manière de faire entrer l'art dans le quotidien. L'atelier ouvert sur la boutique permet d'observer le travail du verre en action.

À Puy-Guillaume (Puy-de-Dôme) : conjuguer savoir-faire et modernité

O-I Glass, Inc., fournisseur mondial d'emballages en verre, a annoncé fin février l'investissement de plus de 30 millions d'euros dans la rénovation de son usine de Puy-Guillaume (Puy-de-Dôme). À 120 ans, les fours de l'usine tournent toujours à plein régime et se modernisent.

Pour rester dans le coup, la verrerie produit aujourd'hui 35 % de verre recyclé - chiffre en constante augmentation - sur les 500 tonnes de bouteille et de pots de verre qui en sortent chaque jour. L'usine augmente ses capacités de production, son efficience et son efficacité énergétique, grâce à de nouveaux équipements de haute technologie et des innovations techniques. Le projet comprend le renouvellement complet de l'un des deux fours et l'entière réfection de l'une des lignes de production attachée à ce four avec de nouveaux équipements industriels. Cette ligne sera ainsi plus efficace, moins énergivore et plus flexible. L'ensemble devrait être achevée d'ici la mi-2022, et permettra de renforcera la position d'O-I sur le marché alimentaire en France.

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