L'Oise Agricole 01 octobre 2014 a 08h00 | Par ACTUAGRI

« Nous attendons des réponses concrètes avant le 5 novembre »

Le Conseil fédéral de la FNSEA a réuni de nombreux responsables agricoles le 25 septembre, dans un contexte de crise palpable pour beaucoup de filières. Jérôme Despey, secrétaire général adjoint de la FNSEA, fait le point sur la situation et le plan d’action défini par les professionnels pour retrouver de la compétitivité. Réponses attendues avant le 5 novembre.

Abonnez-vous Reagir Imprimer
Jérôme Despey
Jérôme Despey - © Claudine Galbrun

Les médias se sont beaucoup fait l’écho des évènements de Morlaix. Qu’expriment-ils de l’état de l’agriculture française aujourd’hui ?

Jérôme Despey : Globalement, les agriculteurs veulent être mieux entendus, mieux compris, mieux reconnus pour leur activité de production et pour leur rôle envers le territoire. Il y a aujourd’hui une forme d’incompréhension, ressentie et exprimée de différentes façons depuis plusieurs mois. Les derniers évènements ont été extrêmes et personne ne veut en arriver là, mais ces actions nous interpellent sur une situation qui touche nombre de productions, entre les difficultés climatiques, les baisses de production, l’embargo russe… On est conscients que le propre d’une activité agricole est d’être soumise aux aléas et nous devons pouvoir nous organiser avec l’ensemble des acteurs - organisations économiques, interprofessionnelles - pour vivre de nos productions. Mais notre exaspération vient du fait que tout cela est complexifié, et là les paysans n’en peuvent plus, par la surtransposition des normes, les contraintes réglementaires, fiscales, sociales, environnementales, qui viennent court-circuiter toute la compétitivité de nos exploitations. Le ras le bol qui s’exprime depuis des mois sur des sujets si différents, nous avons voulu, avec tous nos élus des départements et des régions, jeunes et ainés ainsi que filière, le poser de façon globale.  Sur ces sujets, on attend de nos politiques plus que de simples discours : des actes concrets, perceptibles par les agriculteurs sur l’ensemble du territoire. Ce qu’on demande, c’est qu’on nous laisse travailler, en respectant les attentes environnementales, mais sans ces normes excessives qui plombent notre quotidien. La directive nitrates a été, par exemple, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

 

A l’issue de ce conseil fédéral, quel est votre plan d’action pour avancer sur ces problématiques ?

J.D. : Nos deux présidents JA et FNSEA ont demandé à rencontrer le Premier ministre. Ensemble nous avons déterminé huit points durs sur lesquels nous attendons des réponses concrètes jusqu’au 5 novembre, date à laquelle nous lançons un appel à la mobilisation sur l’ensemble du territoire. Cette action nationale sera adressée aux pouvoir publics avec la volonté de faire comprendre que les normes nous empêchent de travailler normalement. La manifestation doit être menée avec responsabilité ; la FNSEA, les JA et les Associations spécialisées  appellent à une action dans le calme, la dignité, le respect des biens et des personnes, sans pour autant masquer la réalité des difficultés. Le message est également adressé aux consommateurs. Nous voulons produire pour les nourrir.

 

Plus précisément, que voulez-vous faire comprendre aux consommateurs ?

J. D. : Nous souhaitons un réveil de la population, une prise de conscience. On veut que demain, il y ait encore des paysans en France, d’où une action que nous lancerons le 15 octobre en faveur de nos productions. On lance un appel au patriotisme pour « manger français », notamment dans la restauration hors foyer où l’on voudrait que deux produits sur trois soient français. Pour le moment, dans les appels d'offre des collectivités le prix reste un des critères les plus déterminants. Les pouvoirs publics peuvent agir concrètement là-dessus. Si on continue de rajouter de l’eau dans la barque, on risque de connaître l’abandon d’activités dans certains secteurs. C’est déjà arrivé, et cela concerne directement le consommateur qui trouvera moins de produits sur le territoire. Il y perdra en diversité et en qualité. Nous, on est fiers d’être paysans, fiers d’exercer cette profession. Dans tous les secteurs d’activité, il y a des difficultés mais là, on atteint l’apogée. Il faut redonner au consommateur l’envie de retrouver les produits de son voisin et l’inciter à un geste de consommation patriote pour permettre à l’agriculture de maintenir à un certain niveau de production et d’emploi, ce qui contribue à l’aménagement du territoire. La préservation de notre agriculture est avant tout dans l’intérêt des consommateurs.

Réagissez à cet article

Attention, vous devez être connecté en tant que
membre du site pour saisir un commentaire.

Connectez-vous Créez un compte ou

Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Oise Agricole se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,