L'Oise Agricole 04 février 2023 a 10h00 | Par Alix Penichou

Une campagne «réussie» à la sucrerie Saint Louis Sucre de Roye

Les dernières betteraves étaient livrées à la sucrerie Saint Louis Sucre de Roye le 13 janvier. Malgré l'année particulièrement sèche, le résultat est plutôt bon. Thomas Nuytten, directeur betteravier, dresse le bilan.

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Dans ce contexte de marché du sucre porteur, le directeur betteravier se dit «optimiste pour le prix final de la betterave» de la campagne qui s'achève.
Dans ce contexte de marché du sucre porteur, le directeur betteravier se dit «optimiste pour le prix final de la betterave» de la campagne qui s'achève. - © labetteraveonycroit.fr

«Une fois encore, la betterave montre qu'elle est une culture de printemps résiliente», pointe Thomas Nuytten, directeur betteravier de Saint Louis Sucre. Le responsable qualifie même cette campagne de «réussie». À Roye, elle représentait 113 jours de traitement des betteraves, du 22 septembre 2022 au 13 janvier 2023 - l'usine a tourné huit jours supplémentaires pour aider les voisins belges, qui ont davantage subi les conséquences des gelées - pour un rendement 13 % inférieur à la moyenne cinq ans.

«Compte tenu de l'année particulièrement sèche, on pouvait s'attendre à bien pire.» Les disparités étaient cependant importantes, suivant un gradient Sud-Nord important. «Pour certaines parcelles de la Somme, le rendement pouvait atteindre 90 à 100 t à 16°, alors que dans l'Oise, les plantes ont beaucoup plus souffert du manque d'eau et de la chaleur.» La richesse, à 18,10 % de sucre en moyenne, est plus qu'honorable.

Pour le directeur betteravier, ces bons résultats sont aussi le fruit d'une organisation appropriée. «Face aux risques liés aux délestages électriques et de gaz que nous craignions cet automne, ainsi que l'impact de la sécheresse, nous avons élaboré une stratégie partagée avec les planteurs en commission interprofessionnelle. Nous avons choisi d'anticiper un peu le démarrage de l'usine, tout en fixant une date qui laisse le temps aux betteraves de gagner en rendement.»

Concertation des planteurs

Surtout, les planteurs avaient la possibilité de se positionner individuellement en début ou en fin de campagne. Ce fonctionnement est en place depuis trois ans, mais cette année, les agriculteurs étaient plus nombreux à répondre à l'enquête. «C'était très vertueux. Certains ont gagné 20 t/ha entre le début et la fin de campagne.» Le bâchage et débâchage mécanisé généralisé depuis deux ans fait également ses preuves. Un vrai confort pour les planteurs. «Mi-novembre, le bâchage était en cours. Tout était protégé avant la forte période de gel de décembre.» Le fonctionnement de l'usine a donc été préservé. L'usine samarienne, elle, a démontré sa performance. «Il s'agissait de sa meilleure année en termes de ratio énergétique», assure Thomas Nuytten. Des investissements sont effectués pour des équipements qui permettent de réduire le recours aux énergies primaires. Un turbo-alternateur permet notamment de transformer la vapeur en énergie. «En sept ans, la sucrerie a réduit de 15 % sa consommation à la tonne de suce, et les émissions de carbone ont été réduites d'un quart.»

40 EUR/t minimum

Dans ce contexte de marché du sucre porteur, le directeur betteravier se dit «optimiste pour le prix final de la betterave» de la campagne qui s'achève. Pour rappel, Saint Louis Sucre avait annoncé un prix minimum de 40 EUR/t à 16° betteraves entières (qui équivaut à 43 EUR en forfait collet). La commission répartition de la valeur se réunira pour fixer un éventuel complément, selon le prix du sucre, le rendement, les prix des cultures concurrentes... Et pour 2023 ? «Les perspectives sont bonnes elles aussi.»

Alternatives aux NNI : «on y travaille toujours»

Comme d'autres acteurs de la filière sucre, Saint Louis Sucre participe pleinement au PNRI (Plan national de recherche et innovation), intitulé «vers des solutions opérationnelles contre la jaunisse de la betterave sucrière», avec sept fermes de démonstration en Picardie et en Normandie. Pour l'instant, rien de tel que les néonicotinoïdes (NNI) pour lutter contre les pucerons - les méthodes alternatives n'ont pas montré de résultats probants, avoue Thomas Nuytten, directeur betteravier - mais le travail se poursuit. Plantes compagnes pour un effet leurre, bandes fleuries qui sont des niches écologiques, huile de paraffine qui crée un écran de protection sur la plante, test de nouvelles variétés tolérantes... «Nous travaillons à la mise en place de solutions agronomiquement, techniquement et économiquement viables.» Dans le cadre du programme Mont Blanc, la robotique est aussi testée, entre autres les robots écorobotix et Farmdroid. La betterave, Saint Louis Sucre y croit.

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