L'Oise Agricole 05 avril 2021 a 10h00 | Par Julien Dubé

2021, l’année du rebond après la crise 2020 liée au Covid-19

La Covid 19 aura été avant tout un fléau sur un plan sanitaire. Mais son passage aura laissé des traces profondes dans l’économie. Le premier confinement en particulier a été terrible, puis le second confinement, le télétravail, la suspension des investissements, la Banque de France dressait mi-février son bilan 2020. Un bilan qui note de graves conséquences sur l’économie, l’emploi et le niveau d’investissement des entreprises, mais qui, finalement, dessine un tableau plutôt optimiste en termes de perspectives et de capacité de rebond.

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- © Banque de France

Avec la mise en place du confinement le 17 mars 2020, l’économie française a subi un coup d’arrêt brutal. Le PIB a ainsi chuté de 5,9 % au premier trimestre puis de 13,7 % au second trimestre. Malgré un rebond de 18,5 % au troisième trimestre, le PIB a de nouveau chuté au dernier trimestre du fait du second confinement. Sur le seul mois de mars, la perte d’activité a été chiffrée à - 32 % par rapport au même mois avant la crise. Selon la Banque de France, «l’économie française a connu en 2020 sa plus forte récession depuis la Seconde Guerre mondiale avec une chute du PIB de 8,3 % sur l’ensemble de l’année».

L’activité mondiale a reculé de 3 % en 2020

La France n’est bien sûr pas la seule concernée, puisque les économistes chiffrent le recul de l’activité mondiale à 3 % en 2020. Seule la Chine aurait conservé une croissance de 1,8 % en 2020, les USA enregistrant une baisse de - 3,7 % sur l’année quand l’ensemble de la zone euro se situait à - 7 %. En France, une fois le choc du premier confinement passé, la reprise s’est faite de manière différente suivant les secteurs d’activité. Dans l’industrie, les carnets de commandes se sont effondrés avec le premier confinement, ils restent aujourd’hui encore inférieurs à la normale. Le bâtiment a connu lui aussi un effondrement des commandes lors du premier confinement, mais les carnets de commandes se sont regarnis depuis pour être aujourd’hui conformes aux moyennes sur le moyen terme, voire supérieurs à la normale. Globalement, on estime que fin 2020, l’économie française a retrouvé un niveau d’activité équivalent à 96 % de son niveau d’avant la crise. Précision importante, cette étude de la Banque de France exclut les secteurs de l’hôtellerie, restauration et événementiel qui sont restés pratiquement totalement à l’arrêt.

Des raisons d’espérer

Les spécialistes de la Banque de France estiment toutefois que, malgré les très mauvais chiffres de 2020, on peut s’attendre à un véritable rebond en 2021, qui pourrait pratiquement en une seule année effacer la mauvaise année 2020 ! Sur quoi s’appuient-ils ? Tout d’abord, les 140 milliards d’€ injectés dans l’économie sous forme de PGE ont été une bouffée d’oxygène pour bon nombre d’entreprises. Beaucoup les ont d’ailleurs sollicités sans les utiliser puisqu’ils se sont retrouvés en partie sous forme de dépôts bancaires, où ils sont toujours présents en fin d’année.

La Banque de France estime pour sa part que seuls 4,5 % de ces prêts pourraient ne jamais être remboursés par les entreprises. Paradoxe de cette crise, les aides de l’état ont été une bouée inespérée puisque le nombre de procédures collectives a chuté de - 40 % en 2020.

Bien sûr, avec le redémarrage de l’économie et l’arrêt prévisible des mesures de soutien, on peut redouter une forte augmentation de ces procédures. Difficile de dire aujourd’hui quelle sera la proportion du report et celle de l’augmentation liée à la crise Covid.

Les ménages n’ont jamais autant épargné

Avec 130 Mrds € supplémentaires placés en Banque, on peut dire que les Français ont fortement épargné. C’est une Lapalissade. Ils ont donc sur leurs comptes bancaires potentiellement un second plan de relance de l’économie ! La question qui se pose est bien sûr de savoir ce qu’ils vont faire de leur épargne. À la différence de 2008, en 2020, les banques ont continué à financer l’économie, à accorder des crédits aux ménages, notamment pour l’immobilier. Ces disponibilités de trésorerie, à la fois dans les entreprises et chez les particuliers, amènent la Banque de France à un véritable optimisme. Les banquiers situent la progression potentielle du PIB à + 5 % en 2021. Il ne faudrait attendre dans cette hypothèse que 2022 pour un retour à la situation de l’économie d’avant-Covid, 2023 dans une hypothèse plus pessimiste.

2021 pourrait rapidement faire oublier 2020

Le maintien de conditions monétaires très favorables pour les entreprises et les particuliers soutient l’optimisme de la Banque de France. Cette dernière s’attend à une très forte progression du taux de chômage en 2021 du fait de nombreuses défaillances d’entreprise, mais le rebond d’activité devrait très rapidement ramener une baisse du taux de chômage jusqu’à un retour à la normale en 2022. Le principal moteur de l’activité sera la reprise de l’activité dans les entreprises, contrairement aux ménages confrontés au chômage pour lesquels on peut imaginer plutôt une baisse des investissements dans un premier temps. Pour autant, la Banque de France estime qu’en termes de chiffre d’affaires comme en termes de chômage, 2021 pourrait rapidement faire oublier 2020.

L’État endetté

Seule ombre au tableau si l’on peut dire, la situation de l’État se sera dans ce laps de temps fortement dégradé. Avec un endettement représentant 3.000 Mrds d’€ et 120 % du PIB, la dette publique restera un véritable fardeau. «Il faudra la rembourser sur le long terme», suggèrent les spécialistes de la Banque de France !

Bonne idée d’autant que cette augmentation de l’endettement aura été la condition sine qua non d’un maintien de l’outil de production et donc de la capacité de remboursement de la dette à terme.

 

La flambée des matières premières, indicateur d’une reprise mondiale ?

Depuis quelques semaines, les clignotants passent les uns après les autres à l’orange sur un plan des matières premières. Les prix de ces dernières sont en train de flamber et la cause tient essentiellement dans le redémarrage de l’économie. L’exemple des prix de l’acier en est tout à fait parlant. Jocelyne Madec, représentante régionale de l’UIMM, le souligne : les prix des fournitures pour l’industrie sont à la hausse. L’industrie redémarre avec une montée conséquente des prix de l’acier et des délais de fourniture qui s’allongent. Des hauts fourneaux ont été mis à l’arrêt pendant la première phase de la crise Covid. Les redémarrer va prendre du temps et générer des perturbations. Les fabricants de conserves alimentaires ont la semaine passée tiré la sonnette d’alarme. Ils sont confrontés à une hausse «extrêmement importante du prix des boîtes métalliques». Leur fédération, la Fiac, estime la situation «préoccupante pour les conserveurs puisque les boîtes vides, selon leurs compositions et leurs spécificités, peuvent représenter jusqu’à 50 % de leurs coûts de production». Ces hausses sont dues à une augmentation des cours des minerais de fer, de l’alumine et du charbon de coke que les sidérurgistes répercutent sur le prix de l’acier et de l’aluminium à hauteur de 8 à 12 %, précise le communiqué. En conséquence, les fabricants de boîtes métalliques répercutent à leur tour cette hausse du prix du métal auprès des conserveurs, voire aux distributeurs.

Les composants électroniques sont aussi concernés par des pénuries et pourraient bien mettre à l’arrêt des usines entières, notamment dans l’automobile. Les consommateurs ont, avec la crise du Covid, acheté plus de jeux, plus d’ordinateurs et d’imprimantes pour le télétravail, plus de voitures électriques et hybrides. Logique que les producteurs aient réorienté leurs lignes de production vers ces marchés.

Et de la même façon que les prix du pétrole se sont effondrés avec le premier confinement et l’entrée en sommeil de l’économie mondiale, le réveil de cette dernière pourrait bien réveiller aussi le spectre d’une hausse du prix des carburants, même si le comportement du consommateur télétravailleur a profondément évolué pendant cette phase et si les stocks sont sans doute au plus haut.

«Tous les indicateurs sont au rouge concernant l’évolution du prix des matières premières, céréales et protéagineux, au niveau mondial», rappelle de son côté l’UGPVB. En un an, le prix de l’aliment pour porcs a augmenté de 6,7 % (indice Ifip de décembre 2020) et celui pour poules pondeuses de 22,3 % (indice Itavi de janvier 2021), la cause en étant cette fois aussi la position chinoise d’acheteur sur les marchés protéines une fois passée la crise de la PPA.

 

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