L'Oise Agricole 19 juin 2021 a 10h00 | Par DLC

Des poules heureuses dans leur poulailler mobile

Florian et Daniela Strube, exploitants à Estrées-Saint-Denis, viennent d'installer le premier poulailler mobile de l'Oise qui abritent 180 poules pour une production d'oeufs bio.

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Florian et Daniela Strube au milieu de leurs poules, très accueillantes. (© DLC) Le poulailler fonctionne au solaire et possède une réserve d'eau pour plusieurs jours. Un vrai mobil home ! © DLC Les poules picorent la prairie et se mettent à l'abri des intempéries ou du soleil sous le poulailler mobile. © DLC

De loin, le poulailler mobile, installé sur une prairie d'un hectare 20, fait penser à un joli mobil home, avec ses murs verts et ses fenêtres blanches. Et puis on découvre, installées dessous pour se protéger de la pluie ou du soleil ou picorant tout autour, 180 poules rousses qui viennent à votre rencontre et se laissent caresser : tout à fait l'idée qu'on peut se faire du bonheur d'une poule ! Plus sérieusement, ce poulailler mobile, de 12 mètres de long par deux de large et monté sur roues, est très ingénieux. «Les poules entrent et sortent par des trappes et grimpent au rez-de-chaussée pour s'abriter. Au premier étage, se trouve la chaîne de distribution de l'alimentation. Au second, c'est l'eau et, au troisième, les nids. Comme ils sont inclinés, les oeufs roulent vers un tapis de collecte et sortent par un sas propre», détaille Florian Strube, 44 ans.

Le poulailler est automatisé : les trappes se ferment automatiquement à l'heure choisie (quand la nuit tombe) et ne s'ouvrent pas le matin avant 11 heures car les poules pondent de préférence la matin. La fourniture de l'électricité est assurée par des panneaux photovoltaïques qui produisent aussi pour la clôture électrique qui délimite l'espace de liberté des poules. «Au départ, à cause de la grippe aviaire, les poules sont restées enfermées dans le poulailler et elles ont dû s'habituer à sortir avec les trappes. Maintenant, elles sont toutes en bonne santé et profitent bien de leur habitat», sourit Daniela Strube, 46 ans. L'eau est stockée dans une cuve qui assure en cette saison deux semaines de disponibilité, moins sans doute cet été.

Logement trois étoiles

Leur nourriture est concoctée par Novial, à base de céréales, de protégineux bio et de minéraux, à laquelle s'ajoute l'herbe fraîche de l'herbage. «Elles picorent, grattent le sol. Le poulailler et sa clôture électrique sont déplacés tous les dix jours environ pour quye l'herbe soit toujours fraîches et abondante et assurer des conditions hygiéniques saines», explique Florian Strube. Des arbres seront plantés à l'automne pour fournir de l'ombre amis leur implantation en devra pas gêner les déplacements du poulailler. Quant aux poules, après une année de production, elles seront vendues à des particuliers pour continuer leur vie «professionnelle» dans un cadre plus amateur.

Le poulailler est conçu pour accueillir jusqu'à 300 poules, mais elles ne sont que 180 et ne seront pas beaucoup plus, c'est un choix. des exploitants. Elles produisent 140 à 150 oeufs par jour. Le nettoyage quotidien est facilité par les tapis automatiques mais il faut quand même nettoyer le rez-de-chaussée, assez exigu. «Nous recherchons le matériau idéal à mettre au sol : paille, copeaux de bois... selon les conditions météorologiques du moment et la facilité de nettoyage», reconnaissent Florian et Daniela Strube.

Le poulailler, de marque Farmermobil est l'un des premiers installés en France. Il a coûté 60.000 euros mais les exploitants ont déposé un dossier PCAE qui leur a permis de recevoir des aides à hauteur d'environ 50 %. Les oeufs, qui viennent juste de recevoir leur certification, sont vendus dans le distributeur qui vient d'être installé dans le village (voir encadré). «Nous avons une clientèle très locale, qui achète beaucoup le mercredi, le samedi et le dimanche. En boîte de six, les oeufs son vendus 45 centimes, 43 centimes à la douzaine et 7,50 euros pour un kilo. Comme nos poules sont jeunes, les oeufs sont encore un peu petits». Le poulailler étant installé dans une pâture le long d'un chemin communal, il est devenu le but de promenades des habitants. «Quand nous sommes présents, nous entamons la discussion et expliquons ce que nous faisons, nous croyons à la transparence», affirment Florian et Daniela Strube.

Donner du sens

Cette nouvelle activité sur l'exploitation complète une évolution entamée à l'arrivée d'Allemagne de Florian et Daniela Strube en 2003. Ils reprennent alors l'exploitation de grandes cultures acquise par le père de Florian en 1990. «De ces 230 hectares voués aux céréales, betteraves sucrières, maïs, colza et légumes de plein champ, nous voulions faire une exploitation plus diversifiée, plus souple, et plus résiliente.» Ils installent des panneaux photovoltaïques sur les bâtiments, Daniela monte un centre équestre qu'elle dote d'une écurie active en 2020, «pour le bien-être des chevaux qui vivent ensemble et de meilleures conditions pour les cavaliers», ils se lancent dans le compostage.

En 2018, ils entament, sur une partie de l'exploitation, une conversion en agriculture biologique ; céréales, légumes de plein champ vendus en grande distribution ou à des industriels : pommes de terre, carottes, oignons, haricots verts, potimarrons... «Et, pour aller plus loin dans cette démarche, nous avons eu envie de créer un circuit court et de la vente directe. La production d'oeufs bio nous a paru être un formidable produit d'appel. Nous avons suivi des formations avec la Chambre d'agriculture de l'Oise et Bio en Hauts-de-France avant de nous lancer car les contraintes sanitaires et réglementaires sont nombreuses. Par exemple, au delà de 249 poules, il faut un centre de conditionnement des oeufs, ce qui est contraignant. Peut-être à l'avenir mais, pour l'instant, nous démarrons les oeufs bio et la vente au distributeur», soulignent Florian et Daniela Strube.

L'exploitation emploie dorénavant l'équivalent de six temps pleins, toutes activités confondues. Les Strube réfléchissent déjà à un projet pour rendre la ferme la plus autonome possible en énergie, notamment pour le stockage de carottes. Déjà, il y a treize ans, ils ont installé une chaudière biomasse pour chauffer les bâtiments et les gîtes qu'ils ont créés. «Toutes ces améliorations, vers plus de respect de l'environnement, plus de résilience et de bien-être animal, que ce soit les chevaux ou les poules pondeuses, donnent un sens à notre métier d'agriculteurs, le rendent plus proche de sa fonction nourricière. D'ailleurs, c'est depuis cela que nos trois enfants, de 15, 12 et 10 ans, s'intéressent à l'exploitation. Ils voient plus le lien entre agriculture et alimentation, c'est plus concret.» De quoi conforter les choix de Florian et Daniela Strube.

Le distributeur, fraîchement installé, est un des rares accessibles aux handicapés grâce à une rampe d'accès.
Le distributeur, fraîchement installé, est un des rares accessibles aux handicapés grâce à une rampe d'accès. - © DLC

Distributeur automatique

Florian et Daniela Strube ont installé il y a un mois un distributeur automatique de produits fermiers, à Estrées-Saint-Denis, sur l'axe principal, au 163 bis rue des Flandres. Il est accessible aux handicapés et ouvert de 6 heures du matin à 22 heures.

On y trouve les oeufs bio et les légumes de la ferme, mais aussi des produits d'autres agriculteurs. En ce moment, ce sont les asperges de Muriel et Benoît Biberon, la pâte à tartiner Tartimousse, des pâtes, des pommes, poires, carottes, oignons, farines, jus de pomme, miel...

Paiement par carte bancaire uniquement.

www.arterabio.fr

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