L'Oise Agricole 30 juillet 2021 a 10h00 | Par A.J.

La loi Étiquetage toujours pas effective

Plus d'un an après la promulgation de la loi Étiquetage, le gouvernement n'a encore publié aucun décret pour l'appliquer. Pire, pour rendre les articles liés à l'étiquetage de l'origine effectifs, il faudra en repasser par une nouvelle loi.

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La loi impliquerait notamment l'interdiction d'utiliser des dénominations animales telles que «steak» pour désigner des produits à base de protéines végétales.
La loi impliquerait notamment l'interdiction d'utiliser des dénominations animales telles que «steak» pour désigner des produits à base de protéines végétales. - © Herta

«Le constat n'est pas celui que nous espérions», a regretté la députée LREM Barbara Bessot-Ballot devant la commission des affaires économiques le 21 juillet, lors de la présentation du rapport d'information sur l'application de la loi Étiquetage dont elle est rapporteure avec Anne-Laure Blin (LR).

Un an après la promulgation de la loi, aucun des décrets nécessaires à son application n'a été publié. Il s'agit notamment de l'interdiction d'utiliser des dénominations animales telles que «steak» pour désigner des produits à base de protéines végétales, ou encore la possibilité d'affiner un fromage fermier en dehors de l'exploitation tout en conservant l'appellation fermier.

Pire, un défaut de notification dans les délais impartis à la Commission européenne, suivi d'un imbroglio entre le gouvernement et le Conseil constitutionnel, vont contraindre les parlementaires à en repasser par une nouvelle loi pour rendre effective l'étiquetage de l'origine du miel, de la gelée royale et du cacao, de la bière ainsi que des viandes et du vin en restauration.

«C'est pas toi, c'est moi»

Estimant que ces mesures relevaient non pas de la loi mais du réglementaire, le gouvernement a saisi le Conseil constitutionnel en vue de leur déclassement. Or, celui-ci lui a répondu, dans sa décision du 24 juin, que ces mesures relevaient bien du pouvoir législatif. Reste que la procédure de notification à la Commission européenne n'a pas été menée à son terme, ce qui ne permet pas la mise en application des articles déjà adoptés par les parlementaires.

«La seule voie possible aujourd'hui c'est de trouver un nouveau vecteur législatif [...] puis de relancer l'ensemble du processus et, notamment, la procédure de notification à la Commission européenne dans les délais et en bonne et due forme sur la base d'un nouveau texte», analyse Anne-Laure Blin. «La proposition de loi Egalim 2 [...] comporte un article lié à l'étiquetage de l'origine paraît être un véhicule tout trouvé», propose Barbara Bessot-Ballot.

Des difficultés dans l'application

«Tout ceci prend du temps et nous conduit au début de l'année 2022», précise la rapporteure. «Le temps que l'on perd, ce sont des agriculteurs en moins», a déploré Jean-Luc Bourgeaux en dénonçant une «technocratie» qui empêche l'effectivité de cette loi.

Pour ce qui est de l'interdiction d'appeler steak, saucisses, etc. des produits à base de végétaux, le cabinet du ministre de l'Agriculture Julien Denormandie, assure que le décret - qui doit fixer la part de protéines végétales au-delà de laquelle cette dénomination ne sera plus possible - est en train d'être notifié à Bruxelles. Il devra ensuite faire l'objet d'une approbation par le Conseil d'État pour une parution en fin d'année.

La filière laitière livre ses propositions

Dans le cadre de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire, l'interprofession laitière (Cniel) a remis aux pouvoirs publics son projet d'expérimentation d'un affichage environnemental sur les produits alimentaires. «La filière laitière souhaite consolider les données et apporter sa contribution pour un affichage environnemental fiable, précis et facilement compréhensible pour une France Terre de lait durable», fait savoir l'organisation. Afin de pallier les «lacunes actuelles» de l'analyse du cycle de vie (ACV), le Cniel préconise d'y ajouter des indicateurs complémentaires obtenus grâce à la méthodologie Dairy Product Environmental Footprint. Est ainsi recommandée l'utilisation d'une méthode combinant trois approches : «les indicateurs ACV existants, le stockage carbone et la présence d'infrastructures agroécologiques sur les exploitations laitières en tant que contribution au maintien de la biodiversité». L'objectif : «Mieux capter les externalités spécifiques aux produits issus de l'agriculture et de l'élevage».

L'interprofession recommande également de dématérialiser l'affichage environnemental grâce au QR code afin de dépasser la contrainte de taille de l'étiquetage sur les emballages, ainsi que la mise en place d'un système «adapté à tous les modèles et tailles d'entreprises, en laissant la possibilité d'alimenter le système d'affichage avec des données génériques, semi spécifiques ou spécifiques».

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