L'Oise Agricole 01 mai 2021 a 11h00 | Par Dorian Alinaghi

Plein gaz à Villers-Saint-Genest

Un groupe de huit agriculteurs s’est lancé dans l’aventure de la méthanisation. Un immense projet est en route à Villers-Saint-Genest, dans l’Oise, pour la transition énergétique.

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Pour participer au financement du méthaniseur, vous pouvez consulter le site https://www.miimosa.com/fr/projects/une-unite-de-methanisation-agricole-dans-l-oise?l=fr
Pour participer au financement du méthaniseur, vous pouvez consulter le site https://www.miimosa.com/fr/projects/une-unite-de-methanisation-agricole-dans-l-oise?l=fr - © Emmanuel Dessein

Implantés dans les communes de Boissy-Fresnoy et de Péroy-les-Gombries dans l’Oise, huit agriculteurs et éleveurs ont décidé ensemble d’ouvrir une unité de méthanisation. Peu connue du grand public, la méthanisation agricole représente un vecteur d’énergie renouvelable en plein essor. L’ensemble des exploitations des agriculteurs, toutes situées au plus près du site de méthanisation, regroupe un parcellaire d’environ 1.500 ha. La localisation a été bien réfléchie au préalable. Le but est de l’éloigner au maximum des habitations. Aucune maison n’est présente dans un rayon d’un kilomètre.

«À l’origine, GRDF recherchait des producteurs. L’entreprise voulait installer un rebours sur Levallois. De là, la FDSEA 60 a organisé une réunion d’information. Ensuite, GRDF a repris la main pour les intéressés. En fonction des agriculteurs/éleveurs, on s’est regroupés en fonction de nos affinités et de notre localisation géographique. De plus, plusieurs agriculteurs, dont Benoît Levasseur, sont assez expérimentés dans le domaine de la méthanisation. Cela nous a bien motivé car on était déjà guidé grâce à eux», explique Alice Avisse, polycultrice et éleveuse à Boissy-Fresnoy. Le site reste, tout de même, au plus près des parcellaires afin de produire une partie de l’alimentation du digesteur et de permettre les épandages de digestat. Le projet est avant tout une aventure humaine qui mettra en commun le travail, les compétences et les ambitions du groupe. «On a pris les devants pour rassurer tout le monde. Si on s’implante, c’est loin de toutes habitations. On a rencontré les maires de nos communes pour répondre à leurs questions. On a organisé une réunion d’information en mairie, ouverte à tous. Durant cette réunion, on a proposé aux personnes de participer au financement du projet par du crowfunding via la plateforme Miimosa» souligne-t-elle. Le mercredi 28 avril, 11.200 € ont déjà été collectés.

Un nouveau sens au travail d’agriculteur

Le méthaniseur est un atout économique important pour la rentabilité des exploitations. Il mettra en place un débouché stable à un prix garanti pour de nouvelles productions : les cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive). Ces nouvelles productions redonneront de la valeur ajoutée aux exploitations. «L’opportunité, c’est le rebours ! Il s’agit d’une boucle, un tuyau de gaz que GRDF a implanté. Cette boucle va chercher les productions de gaz. Elle passe chez nous, en Seine-et-Marne et dans la région parisienne» ajoute Alice Avisse. Ce projet a également des atouts agronomiques, il réduira les apports de produits chimiques (engrais et produits phytopharmaceutiques) grâce au digestat issu du process de méthanisation. Cet apport améliorera le taux de matière organique des sols. «C’est un point primordial de notre projet. Il n’est pas question pour nous de dégrader nos sols qui nous font vivre. La culture des Cive augmentera la couverture et ainsi la captation de carbone de nos sols et réduira les lessivages des nitrates. De base, l’agriculture façonne l’environnement et en bien car elle dépollue tous les jours. Avec un méthaniseur en plus, c’est valorisant moralement. Je pense que l’on va produire en moyenne 150 Nm3/h de biométhane»n poursuit-elle.

Un Cercle VERTueux

Ce gaz vert, en brûlant, libérera le CO2 qui, au préalable, avait été capté par les plantes. D’où un bilan CO2 nul pour le biométhane, contrairement au gaz dit «naturel». Ce dernier relargue le CO2 qui était séquestré dans le sous-sol depuis des millénaires. Grâce à la production du gaz vert, le méthaniseur et les activités du groupe d’agriculteurs participeront à la lutte contre le réchauffement climatique. Ce projet aura également un impact sur le tissu économique local puisque de nombreuses entreprises travailleront sur le site, que ce soit au moment de la construction ou pour son exploitation (récolte des Cive, transport, épandage, maintenance, etc). «Au sein de mon exploitation, cela m’apporte une belle diversification. Il faut savoir que le méthaniseur est une société à part. Dès lors, le méthaniseur achète nos productions donc on a le prix fixé d’avance. Pour l’exploitation, c’est une pérennité car ce prix est rémunérateur» avance-t-elle. Au final, ce projet est un moyen de faire évoluer le métier d’agriculteur vers un nouvel aspect qui présente l’avantage d’intégrer l’agronomie, l’économie et l’environnement.

Les différents usages du biométhane

Le biométhane est miscible à 100 % avec le gaz naturel. Une fois odorisé, contrôlé et compté par GRDF, le biométhane est injecté dans le réseau de gaz naturel. Il est ainsi acheminé en dehors du site de production, sur des distances plus importantes, pour des utilisations identiques à celles du gaz naturel. Ainsi, le biométhane peut être utilisé pour le chauffage, la cuisson, l’eau chaude sanitaire, les usages industriels ou encore comme carburant. Avec une épuration moins poussée, le biogaz peut aussi être valorisé sous forme de chaleur, d’électricité, voire les deux à la fois, par le biais d’un procédé appelé cogénération. Sur un même site, injection et cogénération peuvent coexister. On parle alors de double valorisation.

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