L'Oise Agricole 07 avril 2022 a 09h00 | Par Lucie De Gusseme

Pour les JA, la terre doit «rester dans les mains de ceux qui la travaillent»

Installé depuis 2020 à Cambrai où il a repris la ferme familiale, Benoît Vaillant vient d'être élu président des Jeunes agriculteurs des Hauts-de-France. Un engagement hérité de son père.

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Le cambrésien Benoît Vaillant est le nouveau visage des JA Hauts-de-France depuis le 14 mars.
Le cambrésien Benoît Vaillant est le nouveau visage des JA Hauts-de-France depuis le 14 mars. - © Lucie De Gusseme

Après l'élection du Quesnoysien Quentin Destombes à la tête des Jeunes agriculteurs (JA) Nord-Pas de Calais le 11 mars, c'était au tour d'un autre nordiste, le cambrésien Benoît Vaillant de devenir le nouveau visage des JA Hauts-de-France, le 14 mars, à UniLasalle Beauvais, «dans un bâtiment rénové du corps de ferme historique de l'université, un beau cadre pour une élection», précise le concerné en plein semis de betteraves, du haut de son tracteur et de ses trente ans.

Terre de bataille

Et l'Histoire, ça le connaît. D'abord par son frère, employé dans un musée dédié à la bataille de Cambrai. Et puis «parce que c'est lié à la terre aussi. La première parcelle que j'ai travaillée, on ne l'a jamais récoltée car il y a eu des fouilles : on a retrouvé deux soldats allemands de la Première Guerre mondiale enterrés avec leur cheval. Cambrai a été la première bataille de l'Histoire avec l'utilisation massive de chars d'assaut», explique-t-il, en désignant à l'orée de ses parcelles un cimetière de guerre qui contient 44 000 tombes. «Les Anglais avaient choisi le Cambrésis car c'est une terre plate.»

Nichée en pleine ville, la ferme où s'est installé Benoît Vaillant en 2020 est dans sa famille depuis plus d'un siècle. «Elle a été reconstruite par mon arrière-grand-père à 500 m de son emplacement d'origine, après avoir été démolie par les Américains, qui voulaient empêcher les Allemands de ramener des chars par le rail. Il y avait une zone de fret à 400 m de la ferme... Alors, ils ont bombardé. Ça a fait 140 morts.»

De père en fils

Est-ce de grandir sur une telle terre qui donne le goût du combat ? Toujours est-il que chez les Vaillant, le syndicalisme agricole se transmet de père en fils. «J'ai toujours été proche du syndicalisme agricole. Mon père était président du syndicat local. Il était aussi membre de la FOP (Fédération des producteurs d'oléagineux et de protéagineux), dont Xavier Beulin était président. À une réunion où j'avais accompagné mon père - j'avais 16 ou 17 ans -, il m'a demandé si j'allais m'engager. Il m'a lancé : «C'est bien qu'il y ait des jeunes qui se lancent !» Ce genre d'encouragement vous reste en mémoire toute votre vie.»

Passion machinisme

Il laisse tout de même «passer ses études» et attendra 2011 avant d'entrer chez les JA. Après une première scientifique à Cambrai - où on parle trop de hard-rock ou de foot et pas assez d'agriculture à son goût -, ce passionné de machinisme agricole rejoint les rangs de la section Sciences et technologies de l'agronomie et du vivant de l'Institut Saint-Éloi à Bapaume. Il enchaîne avec un BTS Génie des équipements agricoles, puis une année de licence pro gestion d'entreprise. À la sortie d'école, il devient journaliste pour le site agriavis.com. «J'ai adoré ça», confie-t-il. Puis il se fait formateur machinisme au lycée agricole de Chauny (02), mais s'y retrouve moins. En 2015, il démissionne, et arrive sur la ferme de ses parents en tant que salarié, avant de reprendre les parts sociales de son père en 2020. «Blé, betterave, colza, un peu de maïs..., liste-t-il. Et soja, c'est la deuxième année que j'en implante pour Unéal. Ça m'intéresse de voir comment la culture se comporte. Je pense que le soja sera à ma génération ce que le colza a été à celle de mon père.»

Les JA à la retraite ?

Conseiller municipal, après une manif sur des terres en friche où il est repéré par le maire en 2014, Benoît Vaillant entend défendre les intérêts des jeunes agriculteurs et des agriculteurs tout court. Pour lui, un tournant a été pris chez les JA. «Le syndicat a 65 ans, l'âge de la retraite ! On s'est posé la question : le laisser prendre sa retraite ou continuer ? Quand on voit comment ça se passe dans les pays où il n'y a pas de renouvellement des générations, à l'image du modèle anglo-saxon où ce n'est pas le détenteur de l'outil qui exploite vraiment, nous ne voulons pas de ça. Nous ne voulons pas que la terre devienne un outil patrimonial, mais qu'elle reste dans les mains de ceux qui la travaillent.»

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