L'Oise Agricole 28 juin 2018 a 10h00 | Par Actuagri

Stéphane Travert présente le programme Ambition bio 2022

A l’issue du grand conseil d’orientation de l’agriculture biologique, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Stéphane Travert, a présenté le programme Ambition bio 2022. Doté de 1,1 milliard d’euros, il ne suffit pas à rassurer la Fnab.

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Stéphane Travert : «Il faut que tous les consommateurs aient accès au bio et que les agriculteurs y voient de nouveaux débouchés commerciaux».
Stéphane Travert : «Il faut que tous les consommateurs aient accès au bio et que les agriculteurs y voient de nouveaux débouchés commerciaux». - © ACTUAGRI

Le 25 juin, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Stéphane Travert, a présenté le pro-gramme Ambition bio 2022, suite au grand conseil d’orientation de l’agriculture biologique, qu’il animait aux côtés de Gérard Mi-chaut, président de l’Agence bio, et Florent Guhl, son directeur. «Le bio correspond à la fois à une forte demande des Français à laquelle nous devons répondre et à une opportunité pour les agriculteurs.

Il faut que tous les consommateurs aient accès au bio et que les agriculteurs y voient de nouveaux débouchés commerciaux», estime le ministre. Afin de financer les 1,1 milliard d’euros dont est doté le plan d’action, le gouvernement s’appuie sur trois leviers. Tout d’abord le renforcement des moyens consacrés aux aides à la conversion, composés de 200 millions d’euros de crédits d’Etat, de 630 millions d’euros de fonds européens Feader, en plus d’autres financements publics, et dès 2020, d’un apport de 50 millions d’euros par an via la redevance pour pollution diffuses. Le fonds de structuration «Avenir bio», dépendant de l’Agence bio, sera progressivement porté de 4 à 8 millions d’euros par an. Enfin, comme inscrit dans la loi de Finance 2018, le crédit d’impôt bio est passé de 2 500 à 3 500 euros et est prolongé jusqu’en 2020. Le ministère précise aussi que le volet agricole du grand plan d’investissement «permettra d’accompagner les projets individuels et collectifs».

15 % de surfaces bio d’ici 2022

Le programme se déploie vers sept axes de travail. En premier lieu, le gouvernement souhaite voir passer la surface agricole française en agriculture biologique de 6,6 % actuellement à 15 % d’ici 2022. A travers le fonds Avenir bio, le programme prévoit de structurer les filières. Le gouvernement souhaite aussi développer la consommation de produits biologiques en s’appuyant sur les territoires, notamment par la restauration collective (objectif de 20 % de produits issus de l’agriculture bio dans les établissements publics d’ici 2022) et par le biais d’actions promotionnelles, portées par l’Agence bio, notamment à l’export.

La balance commerciale des pro-duits issus de l’Agriculture Bio-logique est, en effet, déficitaire de 1,5 milliard d’euros. Près d’un tiers de la consommation française est importée, même si cela est en partie dû à des problèmes conjoncturels ou aux importations de produits non-cultivables en métropole. «Un non-sens environnemental et une perte de recette financière», estime Stéphane Travert. Le plan porte aussi sur la volonté de développer la recherche et de former les acteurs de la filière. Pour 2021, le gouvernement prévoit une nouvelle réglementation pour accompagner «le développement du secteur tout en apportant des garanties aux consommateurs». Enfin, l’agriculture biologique dans les territoires d’Outre-Mer fera l’objet d’un «grand chantier». «Nous allons faciliter le déclic de la conversion, notamment en nous appuyant sur les collectivités locales et sur les projets alimentaires territoriaux», a déclaré Stéphane Travert.

La Fnab ne retrouve pas la confiance

Le ministre a évoqué «une ambition forte de la France» avec ce programme, tandis que Gérard Michaut, le président de l’Agence bio, a salué «un véritable défi pour l’ensemble de la filière». «Nous nous réjouissons que tous les ac-teurs (…) s’investissent et œuvrent ensemble, pour construire l’agriculture biologique de demain. L’un des enjeux prioritaires est la formation aux spécificités du bio, de l’agriculteur aux professionnels des métiers de bouche, de la restauration collective et de la distribution», a rappelé Florent Guhl, directeur de l’Agence bio. La Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab), qui a participé à la construction du texte est, pour sa part, moins optimiste.

Si la Fédération a «apprécié la qualité des échanges avec les services du ministère», elle déplore cependant un contenu qui «n’a pas suffi à redonner confiance là, où sur le terrain, le désengagement de l’Etat reste palpable». Elle dé-nonce le retard du versement des aides de 2016, le non rétablissement des aides au maintien, le manque de renflouement des caisses des régions pour payer les aides à la conversion, ainsi que des crédits d’animation bio pour le développement «toujours plus contraints».«Le ministère réaffirme le rôle central du marché pour développer l’agriculture bio, mais le marché ne rémunérera pas la protection de l’eau, de l’air ni du climat. C’est le rôle des pouvoirs publics de rémunérer les services non-marchands rendus par l’agriculture biologique», dénonce Guillaume Riou, le président de la Fnab. L’organisation rappelle aussi que six régions ont d’ores et déjà consommé l’ensemble de l’enveloppe disponible jusqu’à 2020. «Un grand plan national sans budget à la hauteur des enjeux ne sera qu’un miroir aux alouettes qui permettra au gouvernement de surfer sur une vague qu’il n’a ni créée ni même entretenue», prévient Guillaume Riou.

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