L'Oise Agricole 18 septembre 2023 a 09h00 | Par Kévin Saroul

La filière bio dévoile les premiers chiffres pour l'année 2022

Dans une période morose pour l'agriculture biologique, les premiers chiffres concernant l'année 2022 étaient attendus. Ils confirment une baisse des ventes, mais côté production, la vague de déconversion redoutée n'a vraisemblablement pas encore eu lieu.

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Dans le cadre de l'Observatoire régional de l'agriculture biologique (Orab), les organisations A pro bio et Bio en Hauts-de-France ont publié un premier panorama du bio en région pour l'année 2022. Ces données seront complétées et l'analyse plus poussée à l'automne, à l'occasion d'une seconde publication, mais il est intéressant d'analyser ces premiers chiffres. Constat numéro  1  : «On n'a pas eu, contrairement à ce qui pouvait être annoncé, un phénomène de déconversion en 2022», indique Simon Hallez, de Bio en Hauts-de-France. Selon le document publié, les exploitants en cours de conversion ont poursuivi leur engagement et «on observe vraisemblablement peu d'arrêts de ferme déjà en bio». Une analyse confirmée par une enquête terrain de Bio en

Hauts-de-France  : «Globalement, quand on demande aux producteurs en bio, 75 % d'entre eux déclarent qu'ils vont de toute façon continuer malgré la conjoncture. Les autres se disent inquiets et attendent de voir comment la situation va évoluer. Et seule une faible part envisage une déconversion de manière sérieuse.» Aujourd'hui, les Hauts-de-France comptent quelque 1.465 fermes biologiques, avec 456 exploitations dans le Nord et 311 dans le Pas-de-Calais. Ces 1.465 fermes bio représentent 6,1  % des fermes régionales selon le document, ou encore 62.096 hectares en bio ou en conversion, soit 2,9 % de la SAU (surface agricole utilisée) dans les Hauts-de-France.

Les surfaces engagées continuent d'augmenter en région (+5 %), mais à un rythme beaucoup plus faible que lors des années précédentes. L'Orab observe aussi que les surfaces en première année de conversion ont fortement chuté entre 2021 et 2022 : - 44 % à l'échelle régionale. «Le contexte a freiné les gens qui se projetaient et pensaient faire évoluer leurs pratiques, observe Simon Hallez. Pour eux, la dynamique est fortement stoppée.» On devrait observer un palier au niveau de la production en 2023-2024, «comme entre 2011 et 2014, ajoute Simon Hallez. L'enjeu va être de "sécuriser les fermes bio en conversion pour que ces fermes passent le cap. Et continuer de créer un bruit de fond pour faire émerger un potentiel vivier de producteurs qui commencent à réfléchir pour faire évoluer leur système.» Le tout en distinguant le temps du marché du temps agricole, le marché pouvant évoluer en quelques mois quand une conversion à l'agriculture biologique se réalise en moyenne en trois à quatre ans... Le document confirme par ailleurs les difficultés du secteur avec une baisse des ventes en grande distribution (-4,6 %) et en magasins bio (-8,6  %). Ainsi qu'une baisse de la part des produits bio dans le panier moyen des Français (de 6,4 % en 2021 à 6 % en 2022). «Avec l'inflation, les consommateurs se sont convaincus que le bio est trop cher. [...] Alors qu'on reste compétitif au niveau des prix. C'est frustrant.» Face à cela, Bio en Hauts-de-France a prévu de miser beaucoup sur la communication dans les mois à venir : «Rappeler et expliquer ce qu'est l'agriculture bio. Depuis 2014, il n'y a pas eu de campagne pour communiquer sur ce qu'est le label et l'enjeu autour de l'agriculture biologique.»

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