L'Oise Agricole 29 mars 2018 a 09h00 | Par Dorian Alinaghi

Un fidèle campagnon d’aventure

La mise en place d’une plateforme numérique d’échange de services vient d’être votée par les élus de la Picardie Verte. Lancé par les agriculteurs, le site internet devrait voir le jour cette année.

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Luc Smesseart, vice-président de la FNSEA, est à l’initiative de ce projet.
Luc Smesseart, vice-président de la FNSEA, est à l’initiative de ce projet. - © Dorian Alinaghi

Des aides aux devoirs pour les enfants, du covoiturage, du dépannage, du baby-sitting et bien d’autres services sont disponibles sur le «Campagnon». Contraction entre campagne et compagnon, cette plateforme d’échange est quasi-unique en France. A l’initiative des agriculteurs, la communauté de communes de la Picardie Verte (CCPV), avec le soutien de Luc Smessaert, agriculteur et vice-président de la FNSEA, a voté pour le lancement de Campagnon.

L’idée est venue d’un échange lors d’une table rondeentre agriculteurs et acteurs du monde rural en Sologne.

Ce dérivé de Blablacar propose, aussi bien aux particuliers qu’aux professionnels du secteur, d’offrir aux habitants leurs compétences contre rémunération. Le but n’est pas de se substituer aux autres professions, mais bien de rendre le quotidien plus facile. «À la campagne, on commence à avoir une vie urbaine. Sauf que l’entraide entre voisins et les services sont inexistants. Il s’agit de retrouver le même concept de vie des urbains à la campagne. Par exemple, je prends le cas de mes enfants : ils prennent le bus à 7 heures pour rentrer le soir à 19 heures. J’imagine bien qu’il y a des personnes de mon village qui partent au même endroit. 2 sur 3, c’est la proportion d’enfants en milieu rural qui doivent aller à l’école dans une autre commune que celle où ils vivent. En général, les habitants de Picardie verte doivent parcourir 60 % de distance en plus que leurs voisins urbains pour accéder à des services de proximité. Les territoires ruraux sont perçus comme présentant de nombreuses contraintes : un manque de services de proximité, une désertification médicale, un isolement croissant des acteurs, alors que les métiers de la filière alimentaire se situent principalement en zones périurbaines et rurales. Donc, ici, il s’agit de recréer une entraide entre nous.» souligne Luc Smessaert.

Pour les 35.000 habitants de la Picardie Verte, cette plateforme sera bien utile. Avant de la mettre en application, il faut sonder près des 13.000 foyers de la Picardie verte afin d’identifier leurs besoins et leurs attentes. Comme dit précédemment, il ne s’agit pas de substituer et d’empiéter sur les autres professions ou associations. «Si on s’installe à la campagne, c’est pour le bien-être, mais aussi le travail » affirme Luc Smessaert. «Dès lors, pour les échanges entre particuliers, une assurance et des chèques emploi permettront de régler les prestations.»

De nos jours, le dialogue est difficile avec les agriculteurs. Mais le but de Campagnon est de rapprocher la population afin de redynamiser le territoire et de recréer une solidarité. «Ce site permet de redonner des échanges afin de raconter le quotidien de tout un chacun. L’agriculture doit passer à un stade au-dessus de la communication. Par ce biais, tout le monde se rapproche et ainsi cela permet d’être transparent. L’enjeu est de renforcer l’offre de services pour faciliter le quotidien des populations rurales et semi-rurales, de recréer du bien-vivre à la campagne pour conserver les populations. Mais aussi, il faut lever les freins à l’attractivité des métiers de la filière, notamment auprès des jeunes générations, pour pérenniser les emplois de la filière alimentaire. Il faut recréer de l’activité économique et dynamiser les territoires afin de favoriser l’économie sociale et solidaire, de recréer du lien entre les acteurs, et de contribuer à diminuer le nombre d’emplois non pourvus dans la filière agroalimentaire.»

Comme pour tous sites proposant des services, l’inscription est bien évidemment gratuite. Il y aura un système de notation par des étoiles ainsi que différentes rubriques comme Alimentation, En votre absence, Mobilité… Qui plus est, ce sont des élus qui décideront si l’annonce est valable ou non. Le lancement de Campagnon coûtera au total 50.000 euros à la collectivité, l’État subventionnant l’application à hauteur de 30.000 euros.

Votre Campagnon devrait être opérationnel en juin ou septembre prochain. «Deux territoire sont pilotes, la Picardie verte et la Sologne. Si ce site internet porte ses fruits, il sera développé dans tous l’Hexagone. Et j’espère que cela rapprochera les populations» espère Luc Smessaert.


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