L'Oise Agricole 22 avril 2021 a 09h00 | Par Lucie Debuire, Dominique Lapeyre-Cavé

Le «Ch’ti bœuf» toujours plébiscité par Lidl

Le 15 avril 2021, la filière Ch’ti bœuf s’est rassemblée chez Emmanuel Deboudt, à Ebblinghem (59), pour renouveler le contrat tripartite qui lie producteurs, transformateur et distributeur.

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Le contrat tripartite avec les producteurs de viande bovine des Hauts-de-France a été reconduit.
Le contrat tripartite avec les producteurs de viande bovine des Hauts-de-France a été reconduit. - © LD

Depuis deux ans, la viande bovine des Hauts-de-France est au cœur des contrats tripartites de Lidl France. Pour renouveler ses engagements, la filière Ch’ti bœuf s’est réunie sur l’exploitation d’Emmanuel Deboudt, à Ebblinghem (59), le 15 avril dernier. Celle-ci regroupe les éleveurs d’Elvea Hauts-de-France et Oise et la coopérative Cobévial, pour la partie production, Bigard, pour l’abattage et la découpe, et Lidl pour la distribution.

Vraie revalorisation

Ce type de contrat fixe les prix de la viande achetée aux producteurs pour l’année qui va s’écouler. «Cette année, le prix a été réévalué selon l’indice Ipampa pour couvrir les coûts de production, explique David Delrue, directeur secteur bovins à la Cobévial. Cette revalorisation est de 0,25 €/kg de viande pour arriver à 4,30 €/kg à partir de fin mai lorsque le contrat débutera.» Une prime Lidl qui permet aux éleveurs de retrouver un peu de trésorerie et de mieux valoriser leur travail.

C’est le cas d’Emmanuel Deboudt qui produit une trentaine de génisses charolaises pour Lidl depuis deux ans. «Je vends mes génisses à 4,05 €/kg au lieu de 3,70 €/kg, la prime Lidl n’est pas négligeable et cela m’a permis d’investir dans cet atelier et de valoriser mes prairies», avoue cet ancien éleveur laitier. À ce jour, 280 éleveurs de Hauts-de-France vendent des animaux Ch’ti bœuf.

Un cahier des charges particulier

Pour obtenir ce niveau de rémunération, il faut que les génisses rentrent dans les critères du cahier des charges de Lidl. «Le poids des carcasses doit être compris entre 340 et 420 kilos, explique Guillaume Pedriel, directeur d’Elvea Hauts-de-France. La bête doit être conformée R, de race pure charolaise et de moins de dix ans.» Un poids carcasse assez léger donc, mais cette norme est imposée afin que Lidl puisse vendre de plus petits morceaux et jouer ainsi sur le prix des barquettes de viande. «Je vends mes bêtes à 14 voire 16 mois d’engraissement, explique l’éleveur. C’est parfois difficile de gérer cette partie car ces animaux ont de vrais potentiels génétiques.» Parmi les autres critères, «il faut également que l’éleveur respecte les règles de bonnes pratiques d’élevage qui passent par l’identification des bovins, le bien-être animal ou encore l’environnement.»

La viande qui correspond à ces critères est ensuite estampillée Ch’ti bœuf et investit les étals des magasins Lidl de la région Hauts-de-France. L’animal entier est alors valorisé. Cela représente 600 bêtes/an pour l’Elvea Hauts-de-France et autant pour ceux de l’Oise. Pour la Cobévial, 1.400 bêtes sont valorisées chaque année, ce qui représente 4 % de ses volumes. Lidl écoule 48 bovins chaque semaine. Cela demande d’avoir un vrai planning d’approvisionnement au niveau de l’abattoir Bigard à Fegnies (59). «Parfois, j’ai besoin d’argent ou la bête est finie, je l’enverrai bien à l’abattoir, reconnaît Emmanuel Deboudt. Mais il faut que j’attende mon tour, si je veux avoir ma prime.»

Un équilibre pas toujours trouvé

Un nombre de bêtes qui ne cesse d’augmenter tant la demande est présente. «Le problème, c’est que l’équilibre carcasse de ces animaux n’est pas respecté, explique Michel Biero, directeur exécutif achats et marketing de Lidl France. J’ai trop de viande hachée, les clients ne peuvent pas avoir une entrecôte Ch’ti bœuf à chaque fois qu’ils viennent au magasin. Il faut que je trouve des débouchés pour le haché pour pouvoir augmenter les volumes de bêtes contractualisées.»

Dans les Hauts-de-France, dans les 150 supermarchés, 30 % de la viande bovine est labélisée Ch’ti bœuf, une part qui ne cesse d’augmenter.

 

Francis Camus devant les femelles qu’il achète en maigre et revend après six mois d’engraissement. Il en produit toute l’année.
Francis Camus devant les femelles qu’il achète en maigre et revend après six mois d’engraissement. Il en produit toute l’année. - © DLC

«Elvea 60 contribue à soutenir l’élevage bovin viande dans l’Oise»

Francis Camus, éleveur à Lagny, en est persuadé : «les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le contrat Lidl que nous venons de signer assure 25 centimes d’euros le kilo de plus départ ferme pour nos adhérents. C’est 4,30 €/kg pour les éleveurs. Nous nous approchons ainsi du fameux coût de production préconisé par la FNB». Celui qui a repris la présidence de l’association Elvea 60 au décès de Jean-Louis Meyniel en 2013 est conscient de la progression de l’association créée en 2008. «Dès le départ, le travail s’est fait, avec l’aide de la Chambre d’agriculture, vers la mise en place de filières locales. Et depuis, nous n’avons cessé de progresser.» Aujourd’hui, une vache charolaise, limousine ou blonde d’Aquitaine sur quatre vendue dans l’Oise, l’est par Elvea 60. L’association pèse maintenant sur le marché de la viande dans l’Oise.

«Notre valorisation en filières locales se fait avec toutes les enseignes de la grande distribution qui ont des rayons boucherie. Elles veulent répondre à la demande du consommateur et nous recherchons un meilleur prix de vente. C’est un partenariat gagnant-gagnant. Nous travaillons ainsi avec Lidl, Carrefour market mais aussi Auchan, Leclerc et Intermarché», détaille Francis Camus.

Sur les 200 bêtes qu’il produit, il vend à l’association une cinquantaine de femelles, de races charolaise, limousine ou blonde, qu’il engraisse pendant 6 mois environ et il a le plaisir de les retrouver dans les magasin des alentours, «avec parfois même ma photo à côté», sourit-il. Cela représente quand même une plus-value de 50 centimes par kg carcasse en moyenne. «C’est sûr que cela pourrait être encore mieux, mais on ne va pas rattraper en deux ans vingt années avec un prix de vente inférieur au coût de revient», concède-t-il.

Cette filière locale rassure le consommateur qui se soucie de plus en plus de la provenance des aliments qu’il met dans son assiette. «Mais le consommateur d’aujourd’hui connaît moins les différences pièces de viande, il veut du pratique à cuisiner, du steak haché ou de l’entrecôte. Nous, à Elvea, nous vendons des bêtes entières et c’est plus le souci de l’aval de la filière, abatteurs et grandes surfaces.»

Assurer l’approvisionnement régulier

Pour ce qui est de la filière Lidl fraîchement renouvelée, elle représente 80 % des femelles charolaises produites par les adhérents Elvea 60. «Ce n’est pas rien, un tel débouché ! Nous visons d’ailleurs 700 bêtes pour 2021, soit 28 toutes les deux semaines. La seule contrainte que nous devons respecter, c’est d’abord la race, charolaise, mais surtout une livraison régulière toute l’année», prévient le président.

C’est d’ailleurs un autre objectif de l’année : inciter des éleveurs à désaisonnaliser leur production pour assurer des livraisons régulières et l’approvisionnement de la filière. Pour ce faire, il faudra encore plus sensibiliser les adhérents, voir les accompagner techniquement ou peut-être les former afin qu’ils puissent répondre à ce marché. «Tout est là : nous devons nous adapter au marché qui s’offre à nous. En cela, je suis fier qu’Elvea 60, au sein de la région notamment, participe au soutien des éleveurs de l’Oise», conclut Francis Camus.

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