Le porc miné par la crise sanitaire
L’Institut du porc (Ifip) a présenté récemment un point d’actualité sur le marché mondial du porc en 2020.

Avant le début de la crise sanitaire, le marché avait connu une année 2019 inédite. Alors que l’offre européenne était en baisse, la demande chinoise était très forte, la production nationale étant dévastée par la peste porcine africaine (PPA) depuis 2015. Les exportations européennes explosent (+ 21 % par rapport à 2018) et le prix moyen du porc atteint des niveaux records : près de 1,9 E/kg pour le porc classe SE en janvier 2020, soit une hausse de 32 % par rapport à la moyenne 2015-2019. Premiers effets de la crise, des perturbations temporaires dans les outils d’abattage qui ont notamment dû faire face à des absences de personnels. Les problèmes logistiques ont également conduit à des retards d’enlèvement, surtout en Allemagne. Ainsi, de janvier à mai 2020, le nombre de porcs abattus au sein de l’UE a baissé de 3,2 % par rapport à la même période de 2019.
Autre conséquence de la crise, la hausse de la consommation de porc à domicile, avec des pics en avril, en plein coeur du confinement : + 23,1 % en porc frais (par rapport à 2019), + 19,7 % en charcuterie (hors saucisses) et + 61,1 % en saucisses fraîches. Toutefois, cette hausse de la consommation à domicile n’a compensé que partiellement la baisse de la consommation totale qui a reculé de 3,9 % en avril, de 6,9 % en mai, avant de se redresser légèrement en juin (+ 3,2 %).
La période a également été marquée par une baisse des achats de viande de porc par les entreprises de transformation, ce qui s’est traduit par une baisse des échanges intra-communautaires (- 18 % en avril-mai).
Risque des surplus de viandes
En revanche, l’exportation de l’Union européenne vers les pays tiers est restée élevée malgré les difficultés logistiques, la pression sur le commerce maritime, et la hausse des coûts de transport. Sur le premier semestre, 2,5 millions de tonnes ont été exportées vers les marchés tiers (+ 19,3 % par rapport à 2019). Sur cette période, la Chine a fait jouer la concurrence entre ses principaux fournisseurs (UE, USA, Brésil), ce qui s’est traduit par un ralentissement sur les prix. Fin juin, ils étaient revenus quasiment au niveau de juin 2019. Les perspectives pour la deuxième partie de l’année sont compliquées par l’arrivée récente de la FPA en Allemagne. 1/3 des exportations allemandes risquent d’être affectées par les restrictions, soit 16 % de la production nationale et 3 % de la production de l’Union européenne. Le risque de retrouver des surplus de viandes allemandes sur le marché européen est donc important. Pour 2021, les perspectives pour la production européenne de porc sont ainsi conditionnées à plusieurs facteurs : l’évolution de la PPA en Allemagne, une reprise économique incertaine, une demande intérieure conditionnée par le maintien du pouvoir d’achat des ménages, et une demande extérieure dépendante de la Chine, cette dernière continuant à jouer de la concurrence entre UE et USA.
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