L'Oise Agricole 22 septembre 2021 a 17h00 | Par Vincent Fermon

15.000 personnes ont marché pour et dans la paix rurale

Le 18 septembre dernier, la ville d'Amiens accueillait l'une des manifestations régionales pour la défense de la ruralité emmenées par les chasseurs. Gens du cirque, pêcheurs, et même quelques agriculteurs ont fait le déplacement pour défendre leurs traditions, leurs métiers et leur art de vivre.

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Emmenée par la fédération régionale des chasseurs des Hauts-de-France
et son président Willy Schraen (au centre), la manifestation d'Amiens
s'est déroulée dans une ambiance bon enfant.
Emmenée par la fédération régionale des chasseurs des Hauts-de-France et son président Willy Schraen (au centre), la manifestation d'Amiens s'est déroulée dans une ambiance bon enfant. - © V.F.

Le nombre devait faire la force, mais c'est aussi grâce au fait que la manifestation s'est déroulée dans une ambiance bon enfant, sans débordements, qu'elle peut être qualifiée de succès. Près de 15.000 personnes, d'abord réunies sur l'esplanade de la Hotoie, puis le long d'un parcours de quatre kilomètres dans le centre-ville d'Amiens, ont défilé le samedi 18 septembre dernier pour la défense de la ruralité. Mise en place à l'initiative de la Fédération régionale des chasseurs (FRC) des Hauts-de-France, elle a été rejointe par les gens du cirque, des agriculteurs, des pêcheurs, venus des cinq départements qui font les Hauts-de-France, mais aussi de région parisienne, du nord de la Normandie, de Grand-Est et de Belgique.

«Non à l'écologie punitive»

Maire d'Amiens, Brigitte Fouré a été la première à saluer le rassemblement de milliers de personnes habillées en «orange» dans sa ville et leur souhaiter d'être entendues : «Vous êtes les bienvenus à Amiens, a-t-elle déclaré, chaudement applaudie. D'une famille de chasseurs, je sais votre exaspération et votre colère. Il ne faut pas opposer la ville et la ruralité. Nous avons besoin les uns des autres». L'écho à certaines pancartes est évident. Si certains sont venus réunis sous la bannière d'associations, d'autres avaient des revendications plus personnelles à faire passer, notamment à l'adresse de la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili : «Pompili, t'as rien compris, la chasse, c'est toute ma vie», «Laissez-nous vivre nos passions et nos traditions» ou, plus crûment,s «arrêtez d'emmerder les ruraux» (sic).

Pour Yves Butel, le président des chasseurs de la Somme, ce rassemblement était d'abord l'occasion de «dire non à l'écologie punitive. Nous ne voulons pas avoir à faire à des illuminés qui veulent nous dicter la façon dont il faut vivre à la campagne, qui veulent nous déplacer, nous empêcher de respirer. Le monde de la chasse ne veut pas de ces garde-chiourmes verdâtres», a-t-il lancé, faisant référence une nouvelle fois à la ministre de la Transition écologique et sa secrétaire d'État chargée de la biodiversité, Bérangère Abba.

Comme les chasseurs, les pêcheurs de la Somme, représentés par Pierre Havet, se sont joints en nombre : «Nous représentons bien plus qu'un loisir», a défendu le vice-président de la Fédération de la Somme pour la Pêche et la protection du milieu aquatique, citant par exemple le rôle de sentinelle des cours d'eau endossé par les pêcheurs ou les études scientifiques auxquelles ils participent. Comme les agriculteurs, les gens du cirque ont, quant à eux, dénoncé «une stigmatisation» avant d'assurer «ne pas vouloir se faire imposer des règles de conduite».

 

Défendre des valeurs

Quelques minutes avant le départ d'un (long) cortège, accueilli telle une rock star et les poings levés, le président de la FRC Hauts-de-France et président des chasseurs de France, Willy Schraen, a égrainé les sujets qui ont conduit à cette manifestation : proposition de loi sur le bien-être animal, dérive idéologique de certains politiques, montée du courant animaliste et vegan, remise en cause des chasses traditionnelles, menaces et insultes envers les chasseurs... La liste est longue, comme les salves d'applaudissements qui lui sont adressées.

Bien que présents, élus locaux, régionaux et parlementaires ont su rester discrets, évitant les prises de parole officielles pour éloigner le sentiment d'une récupération politique de la mobilisation. «Ceux qui sont là ne font pas de calculs savants pour le premier tour de la présidentielle, a souligné Willy Schraen. Nous sommes simplement là pour défendre des valeurs, des choix de vie et demander qu'on nous laisse vivre comme nous l'entendons. Nous demandons seulement le droit de respirer et qu'on nous foute la paix.»

Un message qui, s'il n'a pas été compris, pourrait à nouveau être repris lors d'un nouveau rassemblement, à Paris cette fois, le 5 mars prochain.

Les chasseurs saluent un regain des demandes de permis

Après une campagne de chasse 2020-2021 marquée par la crise sanitaire mais aussi par de nouvelles attaques sociétales, politiques et réglementaires, la Fédération nationale de la chasse (FNC) préfère retenir un regain d'intérêt notable pour la pratique de la chasse. «Le nombre de candidats qui souhaitent passer l'examen du permis de chasser connaît une augmentation de près de 10 % au niveau national comparé à 2019, soit avant la crise sanitaire», se réjouit la fédération présidée par Willy Schraen.

Au 1er juillet 2021, le nombre de demandes était de près de 30.000, contre 33.500 sur l'ensemble de l'année 2019. L'intérêt est particulièrement marqué dans certains départements comme la Dordogne, le Pas-de-Calais ou encore la région parisienne. Un afflux qui occasionne des listes d'attente et un report des examens «faute de moyens déployés par l'État», déplore la FNC.

En butte à l'hostilité des associations environnementalistes ou animalistes, la FNC a décidé de répliquer, ces derniers mois, par une stratégie de communication offensive et, notamment, en avril dernier, par une première campagne de publicité à la télévision mettant en scène de véritables chasseurs dans leur environnement naturel. La fédération a également entrepris de mettre en place une procédure de signalement «des violences faites aux chasseurs». Mis en place en septembre 2020, celui-ci a permis de recenser en moins d'un an (au 31 mai 2021) 224 actes de malveillance, dont 55 % pour «dégradations, destruction et vols de matériels», 41 % pour «menaces et injures» et 4 % pour des «tentatives de violence volontaire».

Parallèlement, les chasseurs entendent poursuivre leurs efforts en matière de sécurité. Favorable à l'obligation de suivre une formation décennale pour tous les chasseurs, désormais inscrite dans la loi, la FNC annonce que ses fédérations départementales ont commencé à dispenser ces formations malgré les difficultés liées à la crise sanitaire. L'objectif est de former 100.000 chasseurs par an.

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