L'Oise Agricole 01 février 2023 a 17h00 | Par Dorian Alinaghi, Églantine Puel

Après la crise NNI, les planteurs se préparent pour la suite

Le mardi 31 janvier, la CGB Oise a organisé des réunions en abordant de nombreux sujets comme le bilan technique et chiffré de la campagne betteravière. Mais aussi et surtout un point sur l'interdiction des NNI, consécutive à l'arrêt de la Cour de Justice de l'Union européenne.

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Une dizaine de planteurs ont assisté à la réunion du matin à la Maison de l'agriculture de l'Oise à Beauvais.
Une dizaine de planteurs ont assisté à la réunion du matin à la Maison de l'agriculture de l'Oise à Beauvais. - © D.A.

Sur le plan national, le rendement tonnes à 16°/ha pour cette campagne 2022-2023 est bien en dessous de la moyenne sur cinq ans. De plus, au sein de la région, une certaine hétérogénéité se démarque. En effet, une évolution est notable par rapport à la campagne précédente. En 2021, la surface en betteraves était de 35.585 ha avec une moyenne de 82 tonnes ; en 2022, on descend jusqu'à la barre de 34.80 hectares avec un rendement de 67,50.

Usine Durées prévisions Prévision rendement à 16° au 10/09 Durée +/- réceptions Fin des réceptions Rendement à 16° fin de campagne
Chevrières (60) 106 jours 72 - 12 jours 16 décembre 66,6
Bucy (02) 129 jours 74 - 21 jours 23 décembre 68,7
Étrépagny (27)
117 jours 82,5 - 5 jours 15 janvier 74,7
Roye (80) 117 jours 78 - 5 jours 12 janvier 71,2
Sainte-Emilie (80) 103 jours 85 + 3 jours
3 janvier
80,5

 

«La climatologie et des conditions sèches extrêmes ont eu raison de la betterave dans l'Oise. En résumé, on a commencé à arracher les betteraves dans des conditions sèches et difficiles, sachant qu'elles étaient bien enracinées. Heureusement, on a eu quelques pluies, entre 5 et 30 millimètres vers la mi-septembre, qui auront finalement facilité les arrachages. Globalement, pour le département de l'Oise, les arrachages se sont bien passés. De plus, les sucreries ont donné pour consignes de limiter les arrachages à cause des températures particulièrement douces. En ce qui concerne l'approvisionnement des usines, on a commencé la campagne avec plein de camions mais pas de chauffeurs ! La pénurie de gasoil n'aura finalement pas été un problème, les usines ont bien anticipé», explique Henri Faes, directeur adjoint CGB Oise.

Lors de cette campagne, à la réception des betteraves en sucrerie, il y a eu également un peu plus de betteraves non marchandes (BNM) que d'habitude. Loin d'être un sujet de début de campagne, le taux de BNM, au lieu d'être à 0,10 %, était à 0 30 % dès le départ, en lien avec les conditions climatiques extrêmes de l'été. Ce taux a grimpé en fin de campagne à cause du gel/dégel de la mi-décembre. «Le bâchage préventif a prouvé son efficacité et évité des difficultés en termes de réception de betteraves ou de process de transformation. Il est à noter que la qualité du bâchage peut être améliorée.»

Des alternatives aux NNI ?

La Cour de Justice de l'Union européenne a rendu jeudi dernier une décision retentissante pour ce secteur agricole : elle estime qu'aucune dérogation n'est possible à l'interdiction européenne des semences traitées aux néonicotinoïdes. Il y a plusieurs axes de recherches (solutions à la parcelle, connaissance de la maladie et des virus, leviers agronomiques et aménagement parcellaire, prévision...) pour trouver des solutions dans le cadre du PNRI, mais aucune déployable chez les agriculteurs. «Le Teppeki et le Movento restent les solutions qui apportent le plus d'efficacité. Des variétés de betteraves tolérantes à la jaunisse devraient être disponibles en 2026», avance Alexis Hache, président de la CGB 60.

Une forte mobilisation de la CGB et des syndicats agricoles s'organisera le mercredi 8 février contre toutes les interdictions que subit l'agriculture, mais il faut aussi que les voix déterminées des agriculteurs/planteurs se fassent entendre à Bercy. Un webinaire est prévu à destination des adhérents de la FDSEA 60 et de la CGB Oise pour l'organisation le vendredi 3 février à 14 h 30 «Avec cette interdiction de dérogation, il y aura sûrement un effet boule de neige sur les autres. Entre les interdictions, la sécheresse, le gel, nous bataillons sur tous les fronts. Sans solution technique envisageable pour 2023, nous proposons au gouvernement une compensation des pertes liées à la jaunisse, sans franchise ni plafond. De plus, nous demandons l'accélération de l'homologation/dérogation des deux molécules potentiellement efficaces, le renforcement des moyens du PNRI, notamment sur le volet semences, et l'homogénéité d'application au sein de l'Europe et l'utilisation de la clause de sauvegarde pour les importations», déclare le président de la CGB Oise.

La tonne de sucre renégociée

Le Brésil est devenu le facteur inconnu. En fonction de ce que le pays fera de ses cannes à sucre, les prix pourraient grandement changer. «On peut le dire, le sucre est un marché porteur. En ce qui concerne le sucre raffiné, on atteint un prix de 500 EUR la tonne sur le marché mondial, du jamais-vu depuis longtemps», débute Timothé Masson, responsable du département économique de la CGB. «Si le Brésil décidait d'allouer sa production de canne à sucre essentiellement à l'éthanol, il y aurait moins de sucre brésilien que d'habitude et donc un déficit en sucre brut sur les marchés.» Le Brésil connaît un contexte politique très particulier ses derniers temps, surtout que le sucre brésilien arrive sur le marché généralement dans la période fin mars, avril et mai. Dès lors, s'il y a moins de sucre sur le marché, les cours risquent fortement d'augmenter. Si ce scénario s'avérait, la tonne de sucre brut pourrait donc se négocier à 700, voire 750 EUR sur le marché européen. De plus, la diminution des surfaces en betteraves sucrières en Europe va accentuer ce déficit. Les vendeurs de sucre auront donc un énorme pouvoir de négociation. C'est donc un point positif pour le prix des betteraves à venir.

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