L'Oise Agricole 04 août 2022 a 09h00 | Par J. G.

Le marché du lait bio s’effondre

La décrue de la consommation des produits laitiers bio s’accélère sur les six premiers mois de l’année. Le prix payé aux producteurs, qui a chuté ces derniers mois, est en légère baisse sur un an. Dans les rayons, pourtant, les prix augmentent.

Abonnez-vous Reagir Imprimer
La baisse du prix payé et la forte hausse des charges n’incitent pas les éleveurs à produire. Sans compter que certains
transformateurs ont stoppé les conversions et mis en place des dispositifs de régulation.
La baisse du prix payé et la forte hausse des charges n’incitent pas les éleveurs à produire. Sans compter que certains transformateurs ont stoppé les conversions et mis en place des dispositifs de régulation. - © Pixabay

La conjoncture ne s’améliore pas sur le marché du lait bio, bien au contraire. En berne depuis un an et demi, la consommation connaît une «baisse spectaculaire» depuis le début de l’année 2022, observe l’Institut de l’élevage (Idele) dans sa publication Tendances du mois de juillet. Sur les deux premières périodes du second semestre, les ventes ont baissé de 18 % sur le beurre, 19 % pour la crème, 20 % pour les fromages, 12 % pour le lait liquide et 14 % pour l’ultra-frais en volume par rapport à 2021. Inquiets pour leur pouvoir d’achat, fragilisés par l’inflation, les consommateurs se détournent des produits haut de gamme. Un effondrement qui, conjugué avec la hausse de la collecte, entraîne une hausse des déclassements. «Heureusement, le coût du déclassement est limité grâce aux cours très élevé du conventionnel», soulignent les économistes.

Un prix dissuasif pour les producteurs

En avril et en mai, le prix du lait bio payé aux producteurs affichait un niveau inférieur à celui du lait conventionnel : pour la première fois depuis 2016, il a chuté sous la barre des 400 €/1 000 l, en raison du pic saisonnier de la collecte. Il est repassé au-dessus du prix conventionnel au mois de juin et devrait revenir à son niveau de 2021 en juillet.

Sur le terrain, la collecte de lait bio progresse moins vite que les prévisions du Cniel (interprofession) : la tendance tendrait vers une hausse annuelle de 4 %, au lieu des 8 % attendus. Et pour cause, la baisse du prix payé et la forte hausse des charges n’incitent pas les éleveurs à produire. Sans compter que certains transformateurs, parmi les plus importants, ont stoppé les conversions et mis en place des dispositifs de régulation.

Des prix en hausse dans les rayons

Alors que le prix du lait bio payé aux producteurs «diminue légèrement» sur an (- 1 %), les prix des produits laitiers, eux, sont en hausse. Ils progressent même à un rythme comparable à celui de certains produits conventionnels «dont le coût de la matière première agricole (MPA, ndlr) s’est pourtant envolé». C’est, par exemple, + 5 % sur les fromages bio, soit autant que le conventionnel. Même phénomène en lait conditionné : + 4 % en bio et + 5 % en conventionnel.

D’après les économistes de l’Idele, les transformateurs de lait bio n’auraient pourtant pas demandé de hausse portant sur le prix de la MPA lors des négociations commerciales, compte tenu de la situation sur les marchés. Et, «seule une petite partie» de ces hausses pourrait s’expliquer par la répercussion de l’inflation des matières premières industrielles après des renégociations de tarifs entre industriels et distributeurs. Une tentative des distributeurs pour sauver un peu de chiffre d’affaires sur ces rayons ?

Lidl s’engage sur une revalorisation du prix
du lait conventionnel à 430 €/1 000 l

Le prix du lait payé aux producteurs a été revalorisé à 430 €/1 000 l (prix de base 38/32, hors primes) dans le cadre du contrat tripartite qui lie le distributeur Lidl, la Laiterie Saint-Denis-de-l’Hôtel (LSDH) et l’OP APLBC (association des producteurs de lait bassin Centre), à l’occasion d’une rencontre entre les trois parties dans la Manche, le 29 juillet. Le prix du lait signé en mars dernier était auparavant de 405 €/1 000 l. La revalorisation concerne la totalité des volumes destinés à la marque de distributeur Lidl, soit 60 millions de litres. «En passant la brique de lait demi-écrémée à 80 ct€ en magasin (contre 76 ct€ auparavant, ndlr), nous arrivons à payer les producteurs 430 €/1 000 l. En revanche, je ne dégage aucune marge, si ce n’est les 10 % d’Egalim», explique Michel Biero, directeur Achats Lidl France, qui souhaiterait voir ses concurrents lui emboîter le pas. «C’est une étape, je pense qu’on va encore augmenter dans les mois qui viennent», ajoute-t-il. «Nous espérons que les autres enseignes vont suivre», abonde le président de l’APLBC Olivier Legrand. L'OP, qui est la principale livrant à LSDH, est en cours de renégociation avec d’autres distributeurs. Un autre client, la marque des consommateurs C’est qui le patron?!, a déjà acté le passage à 430 € et s’apprêterait à passer à 450 €, d’après le président de l'OP.

Réagissez à cet article

Attention, vous devez être connecté en tant que
membre du site pour saisir un commentaire.

Connectez-vous Créez un compte ou

Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Oise Agricole se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,