Dans le cadre de l'action «les jeudis de l'Artisanat», le président de la Chambre de métiers et de l'artisanat Hauts-de-France, Laurent Rigaud, et les élus CMA des territoires, se donnent rendez-vous, le 18 mars pour aller à la rencontre des artisans du Beauvaisis et notamment de Thierry Meusnier, créateur des Ruhm Kodiak. «Professionnellement, je travaille le rhum depuis six ans. Personnellement, on va plutôt dire 25 ans», dit-il tout en expliquant, sourire aux lèvres, sa passion pour cette boisson alcoolisée.
Amateur de rhums arrangés, Thierry Meusnier en fabriquait depuis de nombreuses années, à titre personnel. «J'avais 200 à 250 litres de rhums arrangés en permanence. De quoi régaler mes amis ou les invités qui ne tarissaient pas d'éloges sur mes rhums (rire)» explique-t-il. Le créateur des rhums se disait alors «qu'il se lancerait professionnellement un jour. Quand j'aurais le temps ou à la retraite».
C'est en 2015 que Thierry Meusnier a été victime d'un burn-out. Ses amis et ses proches l'ont soutenu pour enfin «tourner la page». Cet ancien consultant a donc troqué sa souris et son ordinateur contre les sourires provoqués par le rhum.
Côté saveurs, les clients ont le choix et surtout avec des fruits provenant de producteurs locaux et fonction des saisons : abricots, carottes, clémentines, safran, réglisse, melon, prunes, pommes, poires, noix et même un rhum d'hiver composé d'oranges, pamplemousses, citrons, gingembre, cannelle, clous de girofle, et poivre 5 baies.
«Dans la fabrication de nos rhums, nous n'ajoutons aucun sucre !» martèle-t-il. «C'est simple, le sucre appelle le sucre. Cet additif ne sert à rien, il dénature les saveurs. De plus, les fruits de bonne qualité que l'on trouve chez les producteurs sont naturellement très sucrés», poursuit-il.
Autre particularité, aucun rhum n'est commercialisé avant six mois de macération. Cette lente macération à base de fruits frais offre un goût et des couleurs inégalables. Mais Thierry Meusnier ne s'arrête pas là ! Pour cette société qui ne connaît pas la crise, avec sa femme, Nathalie, ils proposent des gourmandises. «On ne jette rien, sauf les épluchures d'agrumes et certains pépins. Voulant valoriser nos fruits ayant servi à la macération, nous proposons des gourmandises de l'ours et des pâtes d'ours réalisées en partie avec des fruits frais auxquels nous ajoutons nos fruits macérés. On retrouve alors la saveur du rhum sans les effets de ce dernier. De plus, on propose également des sachets de noix séchées au rhum pour les salades ou l'apéritif.»

Rhum un jour, rhum toujours   
Depuis l'ouverture de l'entreprise en 2016, le chiffre d'affaires explose, pratiquement plus de 20 % chaque année. En 2016, il a débuté avec 12 cuves de 120 litres.Aujourd'hui, pour satisfaire la demande, il possède une quinzaine de cuves de 300 et 500 litres.
Cependant, tout a été freiné par l'arrivée de la Covid-19. «Nous sommes présents dans quasiment l'ensemble des marchés, des foires, des évènements de l'Oise. Nous avons même passé un accord avec Leclerc de Trie-Château et de Crèvecoeur-Le-Grand. Mais vu que depuis le premier confinement, la majorité des marchés sont limités et peu ouverts, la vente est difficile. De plus, on devait mener des travaux dans l'atelier. On a été obligés de les reporter. Avec la crise sanitaire, on pouvait imaginer que la vente d'alcool allait flamber... La bière oui, mais pour l'alcool fort, c'est la chute. Il n'y a plus de fêtes et la bière est généralement très appréciée par les personnes. Même si nous proposons un rhum allant de 30 à 40 degrés, ce qui donne un goût délicat et non de brûlé, les personnes sont assez réfractaires à l'idée de se servir un verre.» explique-t-il.
Même son de cloche venant de sa femme. «Cependant, les personnes sont toujours très friandes de notre production. De plus, étant présente lors de la vente, j'arrive à démystifier le rhum. On pense en règle générale que c'est une boisson forte et pour les hommes. Désormais, beaucoup de femmes dans le département sont ravies d'en acheter. Mais si les marchés referment pour une durée indéterminée, cela va être un coup dur, pour tout le monde.» ajoute Nathalie Meusnier.
En effet, pouvant stocker jusqu'à 440 litres, Thierry Meusnier a divisé par dix son stock pour tenir le coup. «Le principe est le même : permettre aux clients de découvrir le maximum de saveurs. Cependant, avec le manque de place pour le stockage, nous remplissons en fonction de la demande. S'il n'y avait pas eu cette crise sanitaire, j'aurais pu proposer 35 recettes prêtes», précise Thierry Meusnier.
Le second confinement aurait pu mettre à terre la jeune entreprise. Privé de marchés de Noël, Ruhm Kodiak se réinvente, en multipliant sa présence sur de petits marchés et en créant une boutique en ligne. Mais le couple ne veut pas s'arrêter là ! Si la crise sanitaire s'achève dans un futur proche, le but pour Thierry et Nathalie est de récupérer leur trésorerie en 2022. Bien évidemment, avec d'autres projets en tête. «Le but est de se procurer un local à proximité. D'une taille de 250 m2 et de 4 m de hauteur. Ainsi, nous pourrons bien nous développer et aussi embaucher, premièrement, ma nièce. On pourrait également créer au sein de l'entreprise un atelier solidaire pour permettre un retour à l'emploi pour les chômeurs du secteur et faire travailler des personnes en situation de handicap.» ajoute-t-il.
Devant Ruhm Kodiak, il n'ait que deux solutions possibles : déguster ou savourer. Et si les bouteilles sont vides, il est également possible de les recharger directement sur place. Toujours avec modération.