L'Oise Agricole 22 juillet 2021 a 09h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé, Dorian Alinaghi

Une moisson tardive, mais de bons résultats au rendez-vous

Avec les beaux jours, la moisson 2021 est dorénavant sur les chapeaux de roues. Les premiers résultats sont plutôt bons, mais le doute persiste toujours.

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La pluie attendue en fin de semaine prochaine risque de ralentir la moisson.
La pluie attendue en fin de semaine prochaine risque de ralentir la moisson. - © v. marmuse

Enfin, le soleil fait son apparition ! Le coup d’envoi de la moisson 2021 a réellement commencé le week-end du 17 juin. Dans le département de l’Oise, les moissonneuses-batteuses sillonnent les champs pour récolter les fruits d’une année de travail. Cependant, les pluies récentes ont encore retardé les chantiers de récoltes. Cette année, la moisson n’étant pas précoce, elle va monter en puissance durant cette semaine ensoleillée. «Nous sommes au tout début de cette moisson. Nous avons récolté 70 % des orges d’hiver, il nous reste encore 30.000 tonnes à récupérer. On remarque sur cette culture que les rendements sont au-dessus de la moyenne générale. On constate peu de soucis qualitatifs, même si on constate des épiphénomènes. De plus, les PS sont plutôt corrects ainsi que les protéines dans les normes», souligne Hugues Desmet, responsable collecte chez ValFrance. Pour les blés, les résultats semblent plutôt bien, même si la coopérative a récolté seulement 1.500 tonnes, alors qu’il en reste 500.000 à collecter. «Les résultats seront sûrement plus probants la semaine prochaine, même si des pluies sont annoncées ce week-end», conclut-il.

Pour la coopérative Agora, le temps ensoleillé est le bienvenu. «Il nous a permis depuis vendredi dernier de bien lancer la moisson. À ce jour, nous sommes à plus de deux tiers des orges d’hiver récoltés avec des rendements satisfaisants vis-à-vis de que nous avions anticipé par rapport aux épisodes de gel du printemps. Nous sommes au début de la collecte des autres produits (blé, colza, pois) qui arrivent tous à maturité. En terme de qualité, le constat est moins pessimiste et moins alarmant que ce qu’on avait prévu. Un début de moisson plutôt positif. Nous espérons que la météo se maintienne pour continuer sur cette belle lancée !» souligne Honorine Ouin, chargée de communication d’Agora.

Du côté de l’Ucac, toutes les productions arrivent en même temps, ce qui rend difficile d’établir un constat. «On vient de terminer les escourgeons, on commence à recevoir en petites quantités les blés, les colzas et les pois», annonce Denis Grison, directeur général de la coopérative.

Pour lui, il est impossible, pour le moment, de donner l’état actuel de la récolte. «En résumé, pour les escourgeons, les rendements et la qualité semblent corrects. Concernant, les pois d’hiver, c’est assez mauvais. La plupart sont tachés ou décolorés. Cependant, pour les blés, on tend vers une bonne qualité et un bon rendement. Mais rien n’est sûr, nous sommes au tout début.»

Gwenaëlle Desrumaux.
Gwenaëlle Desrumaux. - © D.

«La moisson est plutôt correcte, mais je reste tout de même sceptique»

Gwenaëlle Desrumaux, agricultrice et éleveuse à Beaudéduit, dans l’Oise, a débuté la première moisson de sa carrière. Selon elle, il s’agit d’une expérience incroyable. «Je moissonne désormais à mon compte. C’est vraiment incroyable de récolter le travail de toute une année. Forcément, je suis hyper contente.» Cependant, 2021 a été marquée par des intempéries catastrophiques : sécheresse, gel, inondation… Ces trois dernières années, les escourgeons commençaient à être moissonnés à la fin du mois de juin. En 2021, la récolte a donc été retardée de dix à vingt jours en raison des pluies qui ont touché le département de l’Oise. «J’ai commencé à moissonner le 18 juillet. Normalement, au 14 juillet, on est censé être dans les blés…» Même si le tempérament de cette jeune agricultrice est de nature positive, elle reste tout de même sceptique sur l’avancée de sa moisson. «On a terminé de battre les escourgeons ; je pense que le rendement tourne autour de 80 quintaux à l’hectare. Cela reste une moisson correcte pour le moment. Par contre, les fortes précipitations ont énormément bousculé nos cultures donc on restera toujours perplexe jusqu’à la fin.» ajoute-t-elle.

Avec l’espoir qu’ils ne seront pas pénalisés, ses blés ont pour le moment une allure «convenable». «Je reste plutôt confiante sur les blés, je commencerai à les battre en milieu de la semaine prochaine.»

Des premiers résultats encourageants en escourgeon pour Antoine Boucton.
Des premiers résultats encourageants en escourgeon pour Antoine Boucton. - © DLC

«Des craintes sur la qualité en cas de nouvelles pluies»

Installé depuis 2016 à Laversines, Antoine Boucton a démarré sa moisson le 8 juillet par une petite trentaine d’hectares d’escourgeon, dont une partie en orge brassicole de variété KWS Faro. «Je suis plutôt satisfait des rendements qui vont de 80 à 100 q/ha selon les parcelles. Au vu de la météo de l’année, c’est plutôt un bon résultat, même si le PS est un peu bas. L’orge brassicole est dans les clous, avec un bon calibrage et un taux de protéines correct», annonce le jeune exploitant de 26 ans qui fait appel à l’entreprise AgriBray pour le battage. Il assure le transport du grain avec l’aide d’un salarié occasionnel. Le 19 juillet, il a moissonné une parcelle de colza érucique qui sort à 30 quintaux, «un résultat correct car la culture a subi des attaques d’altises et de charançons de la tige». Mais les grains sont petits et le PMG léger. Quant au colza alimentaire, il n’est pas tout à fait mûr pour l’instant et, malgré le gel tardif, «il s’est refait avec les hampes secondaires et j’aimerais bien atteindre un rendement de 30 à 35 q/ha», espère Antoine Boucton.

Il a un peu commencé les blés, des parcelles de Winner et de Chevignon qu’il a détourées. Deux bennes ont été livrées pour l’instant, avec des protéines un peu faibles (10,9 pour Chevignon et 11,4 pour Winner), ce qui est loin d’être significatif. «La seule variété qui m’interroge est Extase dont je trouve les épis un peu maigres suite au temps humide que nous avons subi fin juin-début juillet. Winner semble moins touché et mes parcelles de Chevignon, Complice et Garfield, que j’essaie pour la première fois, présentent plutôt bien pour le moment.» Au final, Antoine Boucton s’attend à une récolte de blé correcte, qui aurait pu être exceptionnelle sans le froid tardif du printemps. À moins que les pluies annoncées pour ce week-end ne viennent entamer un peu plus la qualité des blés. C’est la principale crainte du jeune agriculteur.

Didier Véret, exploitant à Saint-Vaast-lès-Mello, près de Montataire, se veut confiant sur sa récolte de blé.
Didier Véret, exploitant à Saint-Vaast-lès-Mello, près de Montataire, se veut confiant sur sa récolte de blé. - © DLC

«Pour l’instant, une moisson qui s’annonce pas mauvaise»

Didier Véret est exploitant agricole à Saint-Vaast-lès-Mello et il a pu commencer sa moisson le 9 juillet par son orge d’hiver brassicole. Sa parcelle de 8,5 ha, bien que sur un sol de cranette, a donné de bons résultats. «Avec un rendement de 80 q/ha, un PS de 64,5 un peu limite, mais un calibrage à 92 %, je suis assez satisfait vu l’année climatique particulière que nous avons. Malheureusement, je ne peux pas en dire autant de mes colzas qui n’ont pas levé à cause de la sécheresse de l’automne. C’est simple, sur les 20 ha que j’ai semés, je n’ai gardé qu’une parcelle de 3 ha et j’ai resemé le reste en pois d‘hiver», confie-t-il.

Après la récente période de pluie, l’exploitant a repris sa moisson le 17 juillet et l’oléagineux rescapé a donné 26 q/ha, «difficile de faire mieux vu les conditions et sur une parcelle de sable», concède Didier Véret. Finalement, les pois d’hiver, doublures du colza, auront donné 28 quintaux après une succession d’accidents : du gel en mars qui aura permis l’installation d’une bactériose, puis une période froide et sèche qui n’aura pas aidé. «Sans compter que j’ai subi des dégâts de sangliers. Mais, heureusement, les dernières pluies n’ont pas écrasé les plantes que j’ai pu récolter», détaille l’agriculteur.

Ce lundi 19 juillet, au programme de la journée qui s’annonce sous un soleil radieux : la fin de la récolte des pois d’hiver et le début de ceux de printemps. «J’aimerais battre ma parcelle de 10 ha avant les pluis annoncées pour cette fin de semaine. Je suis assez confiant car j’ai compté entre 10 et 12 gousses par tige, contre seulement 6 pour mes pois d’hiver. En toute logique, je devrais faire mieux». Didier Véret possède une moissonneuse-batteuse, une Massey Ferguson, et les chantiers de moisson se font avec l’aide de son père retraité et d’un saisonnier pour le transport et la préparation de la machine.

Blés prometteurs

Le gros morceau à venir reste la récolte des 80 ha de blé de Didier Véret. Pour l’instant, il reste confiant sur les rendements potentiels, les parcelles présentant bien. Mais un doute subsiste sur la qualité suite aux pluies récurrentes de juin et de début juillet. «On peut craindre pour les PS et le taux de protéines qui ne seront peut-être pas à la hauteur. Et puis, plus largement, les cours des céréales n’augmentent pas. Quant aux prix de la viande, n’en parlons pas. C’est un autre sujet, mais il y a là une véritable inquiétude pour les éleveurs», conclut Didier Véret qui a aussi un âtelier d’engraissement sur son exploitation.

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