L'Oise Agricole 30 juin 2022 a 09h00 | Par D.A.

L'agriculture des Hauts-de-France fait un bond dans le futur avec Pim@tec

Le lundi 27 juin, Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, Aymeric Bourleau, vice-président de la Communauté d’agglomération du Beauvaisis et Thierry Lhotte, vice-president & managing director de Massey Ferguson Europe & Middle East chez AGCO ont inauguré le premier centre international d’innovation et d’expertise en machinisme agricole sur le site du Cétim de Beauvais.

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Après une attente de deux longues années à cause de la crise sanitaire, le premier centre d’expertise et d’innovation en agromachinisme de portée internationale est opérationnel. Ce centre est unique en France.
Après une attente de deux longues années à cause de la crise sanitaire, le premier centre d’expertise et d’innovation en agromachinisme de portée internationale est opérationnel. Ce centre est unique en France. - © D.A.

Porté par le Cétim et la Région Hauts-de-France, avec le soutien de l’Agglomération du Beauvaisis, GIMA et d’AGCO Massey-Ferguson, ce centre est construit en cohérence avec la stratégie de développement du pôle territorial Beauvais Rev’Agro – lancé en 2018 par la Communauté d'agglomération du Beauvaisis avec AGCO, Isagri, Gima, Cétim, UniLaSalle – dont l’ambition est de réconcilier écologie et développement économique sur le territoire. Il est également partie intégrante du projet de la région, visant à mobiliser l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur de l’innovation. «Nous sommes déjà acteurs de ce centre. On assiste à la création du barycentre de machinisme agricole de demain en France. Il s’agit d’un maillon essentiel dans notre écosystème. Nous allons vers la construction de la technologie du futur pour une agriculture durable et performante. Dans ce contexte de crise et de compétition internationale acharnée, Pim@tec nous permet de s'acquérir d'un outil ultra compétitif et accessible à tous afin d'étoffer nos moyens d'ingénierie pour remporter de nouveaux projets de développement… Il s'inscrit pleinement dans les ambitions de croissance d'AGCO Massey Fergusson et du GIMA en tant qu'acteur économique au service de l'innovation et de la production industrielle» souligne Thierry Lhotte, vice-president & managing director de Massey Ferguson Europe & Middle East chez AGCO. D’une surface de 2500 m2, cette nouvelle plateforme du Cétim est implantée à proximité immédiate du campus UniLaSalle et au plus proche des centres d’ingénierie des industriels du secteur. Elle intègre de nombreux moyens performants, notamment des bancs d’essais de forte puissance ainsi que des moyens multiphysiques consacrés aux projets de développement et de R&D. «On peut citer un banc de puissance tracteur, un banc de mise au point dynamique des transmissions mécaniques, un banc de sollicitations de structures et de châssis et des moyens polyvalents de sollicitations multiphysiques.» détaille Daniel Richet, directeur général du Cétim.

Ces moyens sont aujourd’hui mis à la disposition de l’ensemble de la profession du machinisme agricole. Ils ont également la capacité d’adresser les besoins des constructeurs d’engins mobiles lourds comme ceux de travaux publics ou de défense. Aymeric Bourleau, vice-président de la Communauté d'agglomération du Beauvaisis explique que : «Ce centre entre dans notre stratégie de territoire d'industrie qui vise à accélérer la réindustrialisation et construire un territoire commun résilient. Les défis sont vastes, il s'agit d'envisager ensemble les meilleures manières de faire face aux mutations économiques, écologiques ou sociétales ».

Répondre aux défis technologiques associés à la transition écologique

Avec un financement de 20,5 M€ également répartis entre financements publics (Région Hauts-de-France et Feder), l'Agglo du Beauvaisis et privés (Cetim), cet investissement est précurseur des projets technologiques stratégiques, avec lesquels le Cetim entend renforcer la position des industries mécaniques dans les chaînes de valeur qui contribueront à relever les grands défis socio-économiques. Il s’agit de cibler les principaux enjeux de la transition socio-économique : développement de l’hydrogène décarboné, décarbonation de l’industrie, systèmes agricoles durables et équipements agricoles contribuant à la transition écologique, digitalisation et décarbonation des mobilités…

Electrification des engins mobiles

Poussée par des objectifs de performance énergétique et par les nouvelles réglementations sur les émissions de CO2, l’électrification des engins mobiles est un enjeu majeur. «Le stockage et la gestion de l’énergie électrique apparaissent comme les contraintes principales. La part des motorisations uniquement thermiques tend à diminuer au profit d’architectures utilisant d’autres sources d’énergie (électrique, hydraulique...). La diminution d’énergie consommée passe également par la diminution des masses embarquées. Enfin l’association des technologies électriques aux technologies hydrauliques est une alternative prometteuse dans certains cas.» explique le directeur du Cétim.

Vers un démonstrateur électrohydraulique

Le Cétim a lancé un projet collectif sur ce sujet qui explore trois axes. Le premier concerne la source de puissance et la gestion électrique et vise à établir des méthodes de choix et de conception de l’architecture électrique de la source de puissance au moteur électrique.

«Les groupes motopropulseurs électriques tournant à des vitesses bien plus élevées que les thermiques, le deuxième axe de ce projet a pour objectif de fournir une méthodologie de conception adaptée à la fois pour le développement des produits, des process, et aussi des moyens d’essais.» détaille Daniel Richet. «Enfin, le troisième axe de travail consiste à mener une démarche complète d’électrification sur un engin mobile à moteur thermique et à transmission hydrostatique, afin de se confronter aux réalités industrielles et de dégager une méthodologie de conception d’un système électrohydraulique à partir de différentes architectures, différents systèmes d’entraînement et différentes solutions de récupération d’énergie (électrique et hydraulique).» Un démonstrateur électrohydraulique est en cours de réalisation.

Au-delà de ce projet, les travaux collectifs du Cetim dédiés au machinisme agricole sont liés à la diminution du bruit et des vibrations des machines ; au suivi et à l’application des règlements, des normes et des recommandations en cours (ou à l’état de projet) en lien avec le syndicat professionnel Axema ; à l’amélioration de procédés de fabrication ; à la tenue en fatigue des équipements.

Deux exemples démontrent la performance. Le premier, l'hydraulique digitale. Cette technologie a été identifiée comme potentiellement prometteuse en termes de performance énergétique, de robustesse et de tolérance aux défauts des systèmes hydrauliques. Le principe est de faire varier de manière continue la pression ou le débit dans un circuit hydraulique à partir d'une série de valves actionnées en tout ou rien.

Le deuxième concerne la simulation numérique du paillage. Les machines de paillage sont équipées de turbines destinées à broyer les bottes de paille puis à projeter la paille sur l'aire de stabulation des animaux d'élevage. «Une première étude couplant essai et calculs numériques a été réalisée et a permis de développer un outil de prédiction de la répartition au sol du jet de paille. La suite des travaux consiste en l'intégration de cet outil dans un chaînage numérique prenant en compte l'amont et donc, principalement, la turbine. Ces travaux menés dans le cadre du laboratoire commun Ledith avec l'Institut Von Karman consistent en une campagne d'essais puis une série de calculs numériques en mécanique des fluides (CFD), concernant un mélange air + paille, en faisant varier les vitesses de rotation de la turbine ainsi que différents cas d'obstruction en entrée.» ajoute le directeur du Cétim.

Pour Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, ce centre est atout pour la région et la France. «Ici, on aura toujours un coup d’avance ! On est dans une décennie d’innovation. Il ne faut pas passer à côté de cela. On va mettre le paquet sur la recherche et l’innovation. Il faut donc croire en l’agriculture et en l’agromachinisme. C'est un projet économique, politique et social tant sur l'ambition industrielle, que sur la façon de marier l'écologie et l'économie environnementale avec une vraie dimension grand public. Tout ce que l'on va permettre de développer ici aura des conséquences pour l'économie et donc pour l'emploi».

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